dinosaure a écrit : Mais non , mais non :
Tu ne parles toujours pas de la prise de Constantinople par les Turcs:
Et maintenant voyons comment sera détruite cette ville précieuse...
La première fresque que l'Histoire nous offre de cet enfer dantesque est d'une violence saisissante. Là, à droite, se trouve une église toute couverte de roses : c'est celle de Théodosie, dont on célèbre aujourd'hui la fête. Lentement une procession sort du parvis : des femmes, des enfants, des vieillards, que précèdent des prêtres à longue barbe blanche portant haut les images pacifiantes du Christ et de sa douce mère la Théotokos. Soudain, sur la gauche, fait irruption une masse désordonnée de monstres hurlants, la face suante et striée de crasse, à moitié nus et tachés du sang qu'ils ont versé.
La suite, on la devine. En un instant, le premier groupe se disloque éperdu, mais le second le rattrape. Quelques minutes plus tard, des milliers de cadavres gisent éventrés, tailladés, décapités, rougissant les dalles de nombreuses rigoles.
Et partout il en sera ainsi. Ivres de carnage, jusqu'à la fin de la matinée les Turcs massacreront. Rien ne les arrêtera, rien ne les attendrira. Toute chair sera bonne à transpercer, toute vie bonne à trancher.
Les malheureux chrétiens courent dans les rues, criant, pleurant, suppliant, jusqu'à ce qu'une lance, un cimeterre ou un couteau les étende sur le pavé dans une mare de sang. A l'intérieur des maisons, les femmes sont tirées par les cheveux et précipitées des fenêtres, les vieillards sont fracassés par la tête, et les enfants lardés de coups de pique sous les lits mêmes où ils se sont réfugiés.
Et puis, après le massacre, c'est le viol. Jeunes filles, jeunes gens sont entraînés vers des noces honteuses. Il faut lire la chronique de Critobule, ce chrétien passé plus tard au service du sultan.
« Aucune tragédie, écrit-il, ne pourra jamais égaler celle-ci en horreur. Spectacle navrant et terrible ! On massacrait des malheureux qui, sortis des maisons couraient par les rues, attirés par les cris, et tombaient sous le glaive avant d'avoir saisi la réalité. On les massacrait dans les maisons où parfois ils se défendaient, et dans les églises où ils se réfugiaient. Les soldats turcs enragés... ne faisaient aucun quartier.
« Quand ils eurent massacré et qu'il n'y eut plus aucune résistance, ils ne pensèrent plus qu'à piller, et s'éparpillèrent, volant, dérobant, pillant, tuant, violant, faisant captifs hommes, femmes, enfants, vieillards, jeunes gens, moines, prêtres, hommes de tout âge, de toute condition... il y en eut (des vierges) qui furent surprises dans leur sommeil, agité de mauvais songes, par ces brigands aux mains sanglantes, aux traits respirant la fureur la plus abjecte. Cette cohue de toutes les nations, ces brute effrénées, se ruaient dans leurs maisons; les arrachaient, les traînaient, les déchiraient, les forçaient, les déshonoraient, les violentaient dans les carrefours, leur faisant les plus affreux outrages. »
Les sens assouvis, les Turcs se livrent au pillage. Magasins, maisons, palais, églises, tout sera dévasté. Toujours, selon Critobule
« Les temples furent déshonorés, saccagés et pillés... Les objets sacrés, jetés à terre avec mépris, les saintes icônes et les vases sacrés profanés. On arrachait les ornements sacerdotaux, on les brûlait, on les brisait en morceaux, ou simplement on les jetait à la rue. On violait brutalement les châsses des saints pour en arracher les reliques et les jeter au vent. Les calices, les coupes du saint sacrifice étaient réservées pour leurs orgies ou brisées, ou fondues ou vendues. Les vêtements des prêtres, brodés d'or, de perles et de gemmes, étaient cédés au plus offrant ou jetés au feu pour en retirer l'or fondu. »