PARIS
Le contrôleur des prisons s'inquiète des cours de promenade "abandonnées aux détenus"
·
PARIS - Le contrôleur général des lieux de privation de liberté appelle à "la reconquête des cours de promenade", qui sont "abandonnées aux détenus" au point de devenir "lieux de tous les dangers", dans ses premières recommandations consacrées aux prisons, rendues publiques mardi.
AFP/Archives/Jean-Philippe Ksiazek
Maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône le 30 janvier 2009
Le contrôleur Jean-Marie Delarue et ses services se sont rendus à la maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône (Rhône) du 23 au 25 septembre 2008. Leur rapport a été "communiqué pour observations" à la ministre de la Justice Rachida Dati et à sa collègue de la Santé Roselyne Bachelot.
Ces recommandations, publiées au Journal Officiel mardi, devaient être présentées dans la matinée à la presse par le contrôleur.
Rappelant que cet établissement de 600 places avait été le théâtre, le 31 août, d'une "violente rixe", le contrôleur souligne dans ses recommandations que "les cours de promenade sont les lieux de tous les dangers", "un espace dépourvu de règles" et "le réceptacle de toutes les tensions et toutes les frustrations" de détenus "massivement privés d'activités".
"Le personnel ne s'y introduit jamais avec eux et surveille ces cours depuis des postes avoisinants ou par vidéo-surveillance" et les cours "sont, en quelque sorte, abandonnées aux détenus", écrit M. Delarue.
AFP/Archives/Jean-Philippe Ksiazek
Maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône le 30 janvier 2009
"En cas de rixe ou d'agression, il faut attendre que les détenus aient réintégré le bâtiment pour reprendre le contrôle de la situation", ajoute-t-il en demandant "la reconquête des cours de promenade" qui doivent redevenir un lieu "de détente, de sociabilité ou de possibilité de rester seul".
Le 28 septembre, un détenu de la prison de Varces (Isère) a été tué par un tireur extérieur alors qu'il se trouvait dans la cour de promenade.
Les recommandations parlent aussi d'une prise en charge sociale "défaillante" pour "la plupart des détenus", due au "découragement des personnels d'insertion et de probation" qui sont "surchargés de tâches bureaucratiques et de cas à traiter".
De même, le contrôleur demande également aux directeurs d'établissement de "passer du temps en détention" afin d'avoir "une connaissance précise et renouvelée des personnes incarcérées". Il s'inquiète de la possibilité "insuffisamment développée" pour les détenus de faire des recours "contre des décisions" les visant.
AFP/Archives/Jean-Philippe Ksiazek
Maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône le 30 janvier 2009
Le contrôleur estime que la mise en oeuvre d'un "parcours individualisé" des détenus pour exécuter leur peine aboutit à "une pure et simple ségrégation" entre "les détenus susceptibles d'évolution" et "ceux qui seront laissés pour compte" dans "une coursive réputée difficile".
Le contrôleur des prisons, nommé le 11 juin en Conseil des ministres pour exercer un contrôle sur 5.800 lieux d'enfermement (prisons, locaux de garde à vue, dépôts...), avait effectué sa première visite le 8 juillet dans le local de rétention administrative (LRA) de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) dont il avait dénoncé l'hébergement "attentatoire à la dignité humaine".
Le monde est peuplé d'imbéciles qui se battent pour des demeurés, afin de conserver une société absurde..