Pour l’instant, les deux camps sont au coude à coude dans un premier sondage réalisé le 16 mars dernier par le SonntagsBlick. Mais l'initiative serait acceptée par 52% des personnes interrogées.
Le texte demande à la Confédération et aux cantons d'encourager les conventions collectives de travail (CCT). Pour les secteurs où cela n'est pas possible, un salaire minimum de 22 francs de l'heure devrait être introduit. Ce qui correspond à 4000 francs par mois pour 42 heures hebdomadaires.
Chacun doit pouvoir vivre de son travail
Mais pour les initiants, chacun doit pouvoir vivre en Suisse de son travail à plein temps. Il n'est pas acceptable qu'un employé à 100% doive être soutenu par l'Etat pour joindre les deux bouts, estiment-ils. Or, quelque 330'000 personnes travaillant à plein temps reçoivent moins de 4000 francs par mois, selon les statistiques.
Mais ce montant déclenche des salves de critiques de la part des opposants. Non seulement, il ne tient pas compte des disparités régionales, mais il s'agit en outre du plus haut salaire minimum du monde et qu'il est à 2x plus élevé que celui que souhaite fixer Berne, clament-ils. Il menacerait donc les emplois, en particulier dans les petites entreprises, voire certaines branches comme le commerce de détail, le tourisme, l'agriculture ou la restauration.
Comparable sur le plan international
Mais pour les partisans, cette somme est adaptée au niveau des prix, des loyers et des primes maladies en Suisse. En outre, en tenant compte du coût de la vie, elle est dans la moyenne de ce qui se pratique dans d’autre pays puisqu’elle correspond à 61% du salaire médian helvétique. En comparaison, le SMIC équivaut à 64% du revenu médian français.
D’autre part, un salaire minimum de 4000 francs permettrait de rétablir l’égalité salariale pour les femmes. Mieux encore: il permettra d’améliorer le niveau des retraites, avec de meilleures rentes. Et, si les revenus augmentent, cela permettra aussi de financer la retraite.
Un texte nuisible pour les moins qualifiés et les jeunes
Tout autre son de cloche évidemment du côté des opposants qui estiment que ce texte est nuisible aux personnes que les initiants veulent protéger. Pour eux, le salaire minimum remet en cause des mécanismes de partenariat social qui ont fait leurs preuves depuis des décennies et qui représentent l'un des secrets de la prospérité de la Suisse, selon eux.
Faux, rétorquent les initiants. Ce partenariat social ne concerne que 50% des travailleurs. L'autre moitié n'est protégée par aucune convention et se trouve à la merci des employeurs. Le salaire minimum serait donc la meilleure réponse au dumping salarial.
Autre critiques des opposants, certains jeunes risqueraient de renoncer à faire un apprentissage, s'ils peuvent gagner 4000 francs par mois d'emblée. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée s'accentuera ainsi davantage. Ils seraient aussi les premiers à souffrir, avec les travailleurs moins qualifiés, puisqu’ils devraient s'imposer face à des travailleurs plus âgés et plus expérimentés.
Licenciements et délocalisations?
La droite et les milieux économiques brandissent aussi la menace de licenciement. A l'image de l'entreprise Reitzel à Aigle (VD) qui a estimé qu'en cas de oui, certaines productions devraient être arrêtées entrainant ainsi le licenciement de collaborateurs. En outre, un salaire de base à 4000 francs entraînerait une refonte de la grille salariale vers le haut puisque les employés à 4000 francs aujourd'hui devraient forcément être augmentés, a estimé l'entreprise dans un article du Matin qui a fait grand bruit.
La droite brandit également la menace de la délocalisation. Les travaux, qui aujourd'hui encore sont effectués par des personnes, seront déplacés à l'étranger ou réalisés par des machines en cas de oui, prévient-elle. A l'instar des caisses automatiques dans certains commerces de détail, note-t-elle.
Faux encore une fois, clament les partisans de l'initiative. Les risques de délocalisation dans des secteurs tournés vers le marché interne comme le commerce de détail, la coiffure, le nettoyage et l'horticulture est quasi nulle, assurent-ils.
On le voit: la bataille est féroce et va durer jusqu'au dernier moment. Qui va gagner? Réponse le 18 mai.