Nessie n'a jamais existé, c'est un canular, mais la croyance populaire est tenace apparemment...
Canulars et mystification
Selon Neil Clark, paléontologue et conservateur du musée Hunterian de l'université de Glasgow, la croyance populaire au sujet de l'existence du monstre serait seulement l'effet d'« un magnifique exemple de marketing » 4. En effet, plusieurs rumeurs courent que l'invention du monstre serait due à un certain Bertram Mills, directeur de cirque de son état. En 1933, lors d'une tournée en Écosse, il faisait baigner longuement ses éléphants dans l'eau des lochs. Les gens d'alors qui n'avaient jamais vu un éléphant étaient particulièrement impressionnés par ces animaux dont « seuls la trompe, le haut de leur tête et de leur dos étaient visibles (…) L'impression était alors celle d'un animal avec un long cou et deux bosses, et peut être davantage s'il y avait plus d'un animal. »
Amusé par cette méprise, Mills offrit jusqu'à 20 000 livres — ce qui correspond à 1 million de livres d'aujourd'hui — à quiconque capturerait le monstre pour sa ménagerie. Il était conscient de l'énorme publicité que cela allait engendrer, sans beaucoup de risques financiers pour lui puisqu'il pensait qu'il n'y avait pas de monstre, mais seulement une confusion avec ses pachydermes.
La première photo officielle du monstre date du 12 novembre 1933. Elle fut prise par Hugh Gray. Floue et de mauvaise qualité, elle abusa son petit monde pendant des années. Pourtant, on peut voir sans difficulté qu'elle représente un labrador jouant dans l'eau, un bâton dans la gueule5,6.
La photo la plus célèbre du monstre du Loch Ness, réalisée en 1934, montre la tête et le cou de l'animal émergeant du lac, la gueule ouverte. Son auteur, Robert Kenneth Wilson, est mort en 1969 sans jamais avoir renié sa photo. Mais en 1994, un nonagénaire anglais affirmait à un journaliste que Kenneth Wilson n'avait été qu'un prête-nom et que les deux auteurs réels du cliché avaient utilisé une maquette de 80 cm.
Il y a plusieurs années, un des riverains du Loch Ness est mort, et a laissé en testament, une lettre expliquant qu'il avait sculpté un monstre en bois, et qu'il s'amusait à le sortir pour gonfler la légende. On a retrouvé, effectivement, dans son hangar, le modèle du monstre du Loch Ness. Mais beaucoup de gens expliquent que c'est un canular pour continuer à faire vivre la légende et attirer le tourisme7.
Méprises
Plusieurs photographies ont été publiées pour prouver l'existence de Nessie. Si l'on exclut les mystifications avérées, des phénomènes liés aux conditions de prise de vue peuvent expliquer bon nombre d'images controversées : lumière rasante, reflets sur l'eau, obscurité...
Dans un certain nombre de cas, l'objet photographié a pu être identifié. Dans d'autres cas, les observateurs estiment que l'image s'explique clairement sans qu'on ait à évoquer l'hypothèse d'un monstre. On peut ainsi voir :
un esturgeon ;
un ou plusieurs phoques ;
un groupe d'oiseaux s'envolant ou amerrissant ;
un nageur ;
un soliton (vague se propageant sur de longues distances comme un mascaret ou un raz-de-marée) ;
un tronc d'arbre de forme bizarre, pouvant figurer un long cou et une tête. Il existe un phénomène naturel appelé sèche dans le Loch Ness, naissant de la superposition de couches d'eau chaude et froide, et qui crée un courant à la surface. Ce courant peut entraîner des débris avec lui, même contre le sens du vent. On peut ainsi voir des souches sembler naviguer contre le vent, ce qui peut enflammer les imaginations ;
des phénomènes sismiques souterrains créant des remous à la surface (le Loch Ness est le long d'une faille géologique) ;
les vagues provoquées par l'étrave d'un navire lui-même hors de vue, peuvent être prises pour le dos d'un animal, sur des photographies de mauvaise qualité. En 2004, un reportage présenté sur différentes chaînes de télévision européennes montrait que lorsqu'une baleinière à moteur accomplit un large virage, et que la vague principale de l'étrave reflète une ligne de crête assez douce, cela ressemble au cou et/ou au corps d'un paléo-reptile ;
un éléphant de cirque se baignant dans ces eaux (voir article en dessous) :
« Enfin, il faut prendre en compte le "conditionnement" des témoins à voir un monstre dans le Loch Ness. Cela a fait l'objet d'une étude menée par une université écossaise : présents au bord du Loch Ness, et ayant remarqué au loin un madrier flottant dans l'eau, des touristes ont tendance à voir un animal. D'autres personnes mises en présence du même madrier dans les mêmes conditions, mais cette fois autour d'un lac voisin, sont moins enclines à décrire le monstre, et décrivent un bâton, une épave, ou encore un périscope. Selon des internationaux, le monstre serait beaucoup trop grand pour se nourrir à sa faim. Il n'y aurait jamais assez de poisson pour un animal d'une telle proportion. »
