Une association avait prévu d'inviter ce dimanche des personnalités contestées pour leurs prêches extrémistes.
....Des militants et élus du RN et de Reconquête! en appelaient au préfet pour faire interdire l'événement.
Grenoble ne sera pas le refuge de l'association D'Clic et de sa controversée conférence musulmane. Chassés de plusieurs villes ces dernières semaines, les organisateurs d'un événement sur l'islam ne pourront pas s'installer ce dimanche 29 janvier dans la ville de l'Isère.
Le ministère de l'Intérieur indique ce samedi au Figaro que la manifestation «va être interdite», sans commenter davantage l'affaire.
Le député RN de l'Isère Alexis Jolly avait annoncé mercredi avoir écrit au ministère et au préfet du département au sujet de la manifestation : «Ces prédicateurs prônent les violences à l'égard des femmes, la polygamie, ou encore la supériorité de l'islam sur la République», déclarait-il. Le président du parti Reconquête! Eric Zemmour évoquait des prêches particulièrement violents et posait la question :
«Voulons-nous vraiment qu'un imam puisse faire l'apologie du djihad au lendemain d'attaques islamiques en Europe ? ». Dans son sillage, de nombreux militants locaux avaient demandé une action pour empêcher que soit tenue la conférence.
Au début du mois de janvier, l'association avait tenté de la tenir sur la commune de Cabannes, dans les Bouches-du-Rhône. Le parti Reconquête! avait lancé plusieurs actions pour obtenir l'annulation de la journée.. Après plusieurs péripéties, l'organisation de l'événement avait renoncé après le refus d'un loueur de salle. «Je ne veux de problèmes avec personne. Trop de fous m'ont appelé!» avait expliqué ce dernier.
L'équipe avait de son côté affirmé que l'affluence était la raison principale de l'annulation : «face aux milliers de personnes attendues pour une capacité de salle de 600 personnes », il devenait « impossible de gérer la sécurité dans ces conditions», l'association donnant rendez-vous «très vite dans un endroit encore plus grand!».
Pour un invité, délaisser la prière est «plus grave» que tuer cent personnes:
La polémique avait donc repris depuis le début de la semaine, là encore principalement en raison des invités. Ce dimanche, le premier invité prévu était l'imam «Ismaïl», de Marseille. Fort d'une certaine influence avec son propre «institut des bleuets», et suivi par plus de 120.000 personnes sur Facebook, ce dernier s'est fait connaître ces derniers mois par une polémique : il avait affirmé dans un prêche filmé que délaisser la prière islamique était plus grave que commettre un meurtre.
Dans une vidéo, celle qu'Eric Zemmour a reprise, il déclare en effet que «quand tu ne t'es pas levé ce matin à la prière, dis-toi que ce péché-là, les sahabas se sont posés la question : est-ce que c'est le plus grand péché qui ne fait pas sortir de l'islam, plus grave que d'avoir tué une centaine de personnes, que d'avoir consommé de l'alcool que d'avoir déclenché je ne sais combien de guerres?».
Il ajoutait : «Allah nous dit, même lorsque vous êtes en guerre, et que le sabre passe au-dessus de vos têtes, vous accomplissez la prière de cette manière-là». Il avait confirmé sa position dans un tweet, depuis effacé.
L'autre invité était Nader Abou Anas, également très influent sur les réseaux, avec 706.000 abonnés sur Youtube. Il s'est fait connaître pour avoir lancé que «les hommes ont autorité sur les femmes. La femme vertueuse obéit à son mari,ne sort de chez elle que par la permission de son mari» et elle doit savoir que «les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari».
Des propos exhumés et médiatisés par le militant Damien Rieu, membre du parti Reconquête!.
Sur le site de l'association organisatrice de la conférence, aucune référence directe à l'Islam : D'Clic dit œuvrer pour le «bien commun» et dit «agir dans tout le territoire français mais aussi ailleurs, afin d'apporter notre dynamisme, notre détermination». Mais entre les missions sociales et humanistes mises en avant, des objectifs tels que le «suivi des convertis», ou encore la «création d'un abattoir ovin».
Enfin, le choix de la ville de Grenoble n'est pas dû au hasard : la ville a connu plusieurs polémiques concernant la place de l'islam dans la vie publique, notamment en mai 2022 lorsque le maire Éric Piolle (EELV) avait décidé d'autoriser le «burkini» dans les piscines municipales. Une position combattue par l'État, qui avait en retour cassé l'autorisation par décision préfectorale.
Ce samedi, le gouvernement a choisi d'interdire la conférence. Ses organisateurs n'ont pour le moment pas réagi.