............................................Réforme des retraites: Vers une mobilisation «massive» chez les profs et les jeunes.
Ce mardi 7 mars, les enseignants, lycéens et étudiants pourraient être nombreux à descendre dans la rue pour protester contre le projet du gouvernement.
La semaine s’annonce particulièrement mouvementée pour les étudiants comme pour les enseignants....
Dès ce mardi 7 mars, certains seront rassemblés contre la réforme des retraites et ce pour plusieurs jours consécutifs. Du côté des enseignants, le Snuipp, premier syndicat du primaire, prévoit plus de 60% de grévistes dans les écoles. Selon l’antenne parisienne du Snuipp, les premières estimations font état d’«au moins 60% de grévistes et 120 écoles complètement fermées» dans la capitale.
Dans le second degré, il est plus difficile de donner des estimations, puisque les enseignants ne sont pas tenus de se déclarer grévistes à l’avance. Mais «cela devrait être bien suivi», assure Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes, premier syndicat du secondaire, qui fait état de «quelques échos de collèges fermés en raison d’un grand nombre de grévistes».
«Enseigner jusqu’à 67 ans n’est souhaitable ni pour les personnels, ni pour les élèves! Celles et ceux qui le pensent ne connaissent pas les réalités de nos professions. Travailler toujours plus longtemps, dans des conditions toujours plus mauvaises et avec un salaire toujours plus faible... Ce n’est pas acceptable», tempêtent les syndicats. Les enseignants sont d’autant plus remontés qu’à leur opposition contre la réforme des retraites s’ajoutent d’autres motifs de grogne.
«Le gouvernement multiplie les provocations à l’égard des personnels de l’éducation: revalorisations insuffisantes dans le cadre du “socle”, missions supplémentaires inacceptables dans le cadre du “pacte”, suppressions de postes qui auront dès la rentrée 2023 des conséquences scandaleuses», affirme le Snalc.
Pour les organisations syndicales, l’enjeu est d’importance. Parviendront-elles à remobiliser comme au début du mouvement? Après une première journée de protestation très suivie, avec 35,15% de grévistes le 19 janvier selon la Rue de Grenelle, la mobilisation des agents du ministère de l’Education nationale a en effet décliné: 23,52% le 31 janvier, 12,87% le 7 février et 6,95% le 16 février - sachant toutefois que les zones A et B étaient en vacances à cette dernière date.
«On pourrait retrouver un taux de grévistes proche voire supérieur au premier jour. Du moins, les signaux semblent aller en ce sens», indique Bruno Bobkiewicz, président du Syndicat national des personnels de direction (Snpden).
Louis Boyard lance le #BlocusChallenge:
Reste la question de la mobilisation des jeunes. Afin de cristalliser l’engagement des lycéens et étudiants, le député Insoumis Louis Boyard a lancé un défi atypique: le «#BlocusChallenge». L’élu de 22 ans a diffusé une vidéo sur ses réseaux sociaux dimanche 5 mars invitant son jeune auditoire à partager les «plus belles photos de blocus de lycées et d’universités». L’insoumis promet une récompense à la clé: «Parmi ces photos, on en tirera une au sort et l’équipe de bloqueurs sera invitée à l’Assemblée nationale avec nous», assure-t-il.
L’initiative de Louis Boyard est «complètement irresponsable», tonne Bruno Bobkiewicz, du Snpden. «On a affaire à un élu de la République qui propose des choses illégales et dangereuses! S’ils le souhaitent, les élèves ont le droit de se mobiliser et donc de ne pas aller en cours. Mais ils n’ont pas le droit de bloquer l’entrée dans les établissements à ceux qui veulent venir. J’espère que les jeunes seront plus intelligents que ça.»
Ce projet de mobilisation ne ravit pas toute la communauté étudiante. Le syndicat étudiant de droit UNI désapprouve le blocage des facultés. «Nous trouvons que la vidéo de Louis Boyard est scandaleuse. Les étudiants reviennent de vacances, préparent leurs partiels qui se tiennent dans un mois. C’est dommage qu’ils ne puissent pas étudier dans de bonnes conditions. Nous ne nous opposons pas aux manifestations, mais nous n’appelons pas à semer la pagaille dans l’enseignement supérieur», explique Rémy Perrad, délégué national de l’UNI.
«La France à l’arrêt»:
«Ensemble, le 7 mars, mettons la France à l’arrêt», annoncent plusieurs organisations et syndicats jeunes comme l’Unef, la Voix lycéenne, ou encore la Fage. Ces derniers ont écrit conjointement un communiqué de presse avec les syndicats professionnels. «Les organisations syndicales professionnelles et de jeunesse continuent leurs actions d’information et de conviction pour élargir encore le mouvement social. Le 7 mars doit être une véritable journée morte dans les entreprises, les administrations, les services, les commerces, les écoles, les lieux d’études, les transports…»
Mais pour les jeunes, les manifestations ne se limiteront pas uniquement à ce mardi. Le lendemain, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, un nouveau mouvement est prévu dans les facultés.
«Nous voulons nous exprimer au sujet des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur, ainsi que sur les inégalités de genre dans certaines filières», explique au Figaro Imane Ouelhadj, présidente du syndicat de gauche Unef.
Une grosse mobilisation jeudi:
La colère ne s’arrête pas là. Jeudi 9 mars, une grosse journée de mobilisation chez les jeunes se tiendra dans toute la France. L’objectif: «Dénoncer et mettre en lumière l’impact de la réforme sur les jeunes et imposer une véritable mise en protection sociale des jeunes», indique un communiqué de presse rédigé par l’Unef, l’Alternative, la Fage, la Voix lycéenne ou encore les branches jeunesse de différents partis politiques de gauche.
Ce même jour, le ministère de l’Enseignement supérieur organise une concertation avec les syndicats étudiants concernant la réforme des bourses. Ce 9 mars aussi, l’étape de formulation des vœux sur Parcoursup se clôturera. Un symbole important pour les jeunes, qui réclament régulièrement des améliorations sur ces sujets de précarité et d’orientation.
Les étudiants prévoient de bloquer les universités, pour «se réapproprier nos lieux d’études», précise Imane Ouelhadj de l’Unef. Par ailleurs, une manifestation devrait se tenir à Paris, mais l’itinéraire n’a pas encore été arrêté.
A partir de 15 heures, la place de la République devrait accueillir un «festival», permettant aux jeunes mobilisés de s’exprimer sur les combats qui les animent cette semaine. Vendredi 10 mars conclura ces actions par une dernière journée de rassemblement autour de la question du dérèglement climatique. «Le gouvernement aura l’avenir des jeunes dans ses mains cette semaine», conclut la présidente de l’Unef.
Source:Le Figaro.