Ce jeudi, commencent les négociations tarifaires annuelles entre les distributeurs et les industriels de l’agroalimentaire. L’inflation moyenne en rayon (12 % en octobre sur un an) pourrait atteindre 20%. Les négociations tarifaires annuelles qui démarrent s’annoncent plus tendues que jamais.
Source:Le Figaro.
Le pic d’inflation est encore loin d’être atteint....
En octobre, le prix moyen des produits alimentaires était de 12 % supérieur à celui du même mois l’an passé. L’inflation risque encore d’augmenter dans les prochains mois. Distributeurs et industriels craignent qu’à ce chiffre se rajoute une nouvelle hausse de près de 10 %, qui porterait fin 2023 la hausse des prix à 20 % depuis le début de l’inflation, au printemps 2022. Ce jeudi, commencent les négociations tarifaires annuelles entre les distributeurs et les industriels de l’agroalimentaire. Ils ont jusqu’au premier mars pour se mettre d’accord.
L’issue probable de ces discussions, qui s’annoncent plus tendues que jamais, n’a rien de réjouissant pour les clients des grandes surfaces. Elles risquent de se traduire par de nouvelles hausses de prix. « En 2022, les négociations ont essentiellement visé à répercuter dans les prix la hausse du cours des matières premières, explique Dominique Schelcher, le président de Système U. Nous nous apprêtons désormais à affronter une seconde vague d’inflation, résultant de la hausse des prix de l’énergie.»
Les industriels avaient jusqu’au 1er décembre pour envoyer leurs grilles tarifaires et conditions générales de ventes aux centrales d’achats des grandes enseignes. «Les demandes de hausses varient entre 10% et 25%, s’alarme Jacques Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).
Si l’on cumule ces demandes à la hausse des coûts que subissent les distributeurs, nous aboutissons à une hausse des prix pour 2023 plus importante que celle subie en 2022. Il nous faudrait 5% à 10% d’augmentation des prix rien que pour compenser le triplement de la facture énergétique des enseignes.»
En 2022, industriels et distributeurs s’étaient partagés le fardeau de l’envolée des prix des matières premières. Cette fois, tous sont violemment touchés par la flambée des tarifs de l’énergie. «On ne peut plus se repasser le mistigri », constate Jacques Creyssel. Les négociations s’annoncent particulièrement tendues, car les marges de manœuvre des uns et des autres se sont réduites comme peau de chagrin ces derniers mois.
Certains fournisseurs de gâteaux secs ne nous livrent plus. Les fruits et légumes surgelés sont pénuriques et il est compliqué de s’approvisionner en produits laitiers
Les grands industriels, regroupés au sein de l’Ilec, demandent des hausses de tarifs de 12 % à 14%, bien au-delà des 8% déjà demandés depuis mars, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. «Mais nos besoins sont bien supérieurs », souligne Richard Panquiault, le délégué général de l’Ilec. Après dix ans de déflation qui a grignoté leur rentabilité, puis plus d’un an de hausse des coûts qu’ils n’ont répercuté qu’à hauteur de 40% dans leurs prix, les industriels n’ont plus beaucoup de marges à grignoter.
Les distributeurs ne sont pas en meilleure posture. Un magasin réalise en moyenne 2% de résultat net. Lorsque la facture énergétique est multipliée par deux, ce qui n’est pas le pire cas de figure, ce résultat fond encore de moitié. À cela s’ajoute encore la hausse des salaires, qui peut représenter une dépense de 100.000 euros supplémentaires pour un seul magasin.
Dans ce contexte, industriels comme distributeurs tentent par tous les moyens de réduire leurs coûts. Ces adaptations se font au détriment du choix des consommateurs. Les industriels rationalisent leur production en limitant le nombre de références. Ils privilégient les plus vendues, arrêtent celles qui ne sont plus rentables. Les distributeurs réduisent leur assortiment pour limiter leurs coûts logistiques. «Il y aura sûrement de la casse lors de ces négociations, estime un observateur. Il y a fort à parier que les distributeurs privilégient un fournisseur au détriment d’un autre, afin de lui offrir davantage de volumes en échange d’un rabais sur le prix.»
A contrario, la capacité des distributeurs à négocier est limitée quand les produits viennent à manquer. Hausse des coûts de production et pénurie de matière première poussent à la hausse le taux de rupture en rayon. Il atteint actuellement 5,6%, contre 4 % l’année dernière. Pour les distributeurs, cela représente 4,5 milliards d’euros de manque à gagner sur une année pleine.
«Certains fournisseurs de gâteaux secs ne nous livrent plus. Les fruits et légumes surgelés sont pénuriques et il est compliqué de s’approvisionner en produits laitiers, constate Dominique Schelcher. Nous adaptons notre stratégie de négociations selon la disponibilité des produits. Nous jouons la concurrence quand les produits sont disponibles. Nous nous montrons plus conciliants lorsqu’ils ne le sont pas.»
Les distributeurs craignent un effet dévastateur de cette nouvelle vague d’inflation sur leurs ventes. Leurs consommateurs délaissent déjà les produits frais, devenus trop chers. Selon la FCD, les achats de bœuf sont en baisse de 12%, ceux de poisson de 20% et ceux de fruits et légumes de 8%. Le nombre de produits achetés diminue.
«Il faut que l’État nous aide et plafonne le prix de l’énergie, plaide Jacques Creyssel. Si l’on se dirige vers une inflation à 15%, cela aura des répercussions sociales considérables, la baisse de la consommation va être très forte. C’est d’autant plus vrai que les aides que l’État a accordées aux ménages diminueront l’année prochaine.»
https://www.lefigaro.fr/societes/nouvel ... s-20221130
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C'est le tout en même temps et couac il en coûte ! 
