L'Union européenne au secours de la Tunisie

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Once
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L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par Once »

"La Commission européenne propose au président Kaïs Saïed une aide à hauteur de 900 millions d’euros. Le pays, surendetté, est au bord de l’effondrement et a vu sa note abaissée par l’agence de notation Fitch.

La carotte : une aide européenne qui pourrait atteindre 900 millions d’euros. Puis le bâton : des réformes structurelles conditionnées par le Fonds monétaire international (FMI) pour l’octroi d’un prêt à la Tunisie. C’est ce que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est venue proposer à Tunis dimanche 11 juin, avec l’objectif d’arracher le pays au chaos qui le guette. Car pour l’instant, malgré une dette qui l’étrangle, une inflation à deux chiffres et des pénuries récurrentes de denrées, la Tunisie n’a toujours pas signé d’accord avec le FMI.

Le président Kaïs Saïed refuse de se soumettre aux «diktats étrangers», préférant flatter le sentiment national tunisien. Mais la dette grossit, les alternatives se tarissent et l’étau se resserre. Vendredi 9 juin, l’agence de notation Fitch a baissé d’un cran la note de la Tunisie, de CCC+ à CCC-. «Pas une surprise, selon l’économiste tunisien Aram Belhadj, chercheur à l’université de Carthage, qui voit dans les retards pris dans les négociations avec le FMI le principal facteur de cette sanction. Le budget de l’Etat de cette année était construit sur l’hypothèse de la signature de l’accord avec le FMI. Nous sommes en juin, et rien n’a été fait.»

Méfiance partout, accord nulle part

Le gouvernement tunisien était pourtant parvenu à décrocher un accord technique en octobre – qui pose les bases d’un accord final dont l’horizon, malgré l’urgence de la situation, est toujours lointain. Kaïs Saïed rejette les conditions posées par le FMI, qui prône notamment la restructuration d’une centaine d’entreprises publiques ainsi que la levée des subventions étatiques sur les produits de base.

De son côté, le FMI ne veut pas assouplir ses critères de prêt, après deux mauvaises expériences sur les dix dernières années avec Tunis : «En 2013 et en 2016, les programmes d’aide du FMI ont été interrompus après que la Tunisie n’a pas respecté ses engagements en augmentant la masse salariale de ses fonctionnaires», se souvient Aram Belhadj. Pour le chercheur, redresser l’économie du pays sans aide extérieure à court terme nécessiterait trop de facteurs : «Une reprise importante du secteur du tourisme, une reprise importante des exportations, un engagement de la diaspora tunisienne, et des réformes car l’économie tunisienne souffre de problèmes structurels… Tout ceci prend du temps.»

Les droits de l’homme éludés

Or le temps presse. Pour boucler son budget 2023, Tunis doit encore trouver un peu plus de 7 milliards d’euros, dont presque 5 milliards de ressources extérieures. La dégradation de la note de Fitch va rendre plus difficile l’accès de la Tunisie à des fonds extérieurs, et donc encore retarder la signature d’un accord avec le FMI. Dans cette optique, la proposition d’Ursula von der Leyen pourrait permettre à Kaïs Saïed de sortir son pays du cercle vicieux dans lequel il est enfermé. La présidente de la Commission européenne espère concrétiser ce «partenariat renforcé» avec la Tunisie en juin, lors du prochain sommet européen, dans le cadre d’un accord bilatéral.

Ce faisant, Bruxelles reste muet face à la dérive autoritaire de Kaïs Saïed, qui a limité les pouvoirs du Parlement depuis juillet 2021, fait arrêter des opposants, et multiplié les lois liberticides. Les droits de l’homme passent après une autre priorité : satisfaire les exigences de l’Italie, qui s’inquiète d’une nouvelle vague d’arrivée de migrants en provenance de Tunisie en cas d’effondrement du pays. Le programme proposé par l’Union européenne comprend d’ailleurs un important volet consacré à la lutte contre l’immigration clandestine, avec 100 millions d’euros alloués au contrôle des frontières tunisiennes. Venue aux côtés d’Ursula von der Leyen et de son homologue néerlandais, Mark Rutte, Giorgia Meloni, la Première ministre italienne d’extrême droite s’est déclarée «satisfaite» de la démarche européenne."

Source : https://www.liberation.fr/international ... YC7OWIKUI/

Voir aussi : L’Europe propose plus d'un milliard d’euros à la Tunisie pour continuer la lutte contre l’immigration : https://www.latribune.fr/economie/union ... 65502.html
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Victor
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Re: L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par Victor »

Quand ya plus d'argent, on fait appel au FMI et celui-ci pose ses conditions. Normal.
Si la Tunisie n'a pas tenu ses engagements par deux fois récemment dans le passé vis à vis du FMI, on comprend les réticences de celui-ci à de nouveau aider ce pays.
Reste l'UE.
En politique, ce qu'il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre c'est ce qui se passe sous nos yeux.
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oups
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Re: L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par oups »

Ça me fait penser au racket , pour éviter d’être ennuyé après faut juste payer avant :-/ Et en plus toujours comme le racket si on est ennuyé tout de même et bah personne ne vous rembourse :cry:
Mais bon Ben Ali était un tyran paraît-il, c’est fou dans cette foutue région comme les zindigenes regrettent leurs ex tyrans domestiques :gene3:
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Mickey
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Re: L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par Mickey »

Je propose d'accueillir l'intégralité du peuple tunisien en France, ainsi ce pays devrait normalement retrouver une opération comptable positive. :-/
Once
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Re: L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par Once »

En essayant de freiner l'effondrement économique de la Tunisie, l'UE pense bien entendu à l'immigration de masse des jeunes qui pourrait s'en suivre.

Elle procède de la même manière avec la Turquie. Soit, pour résumer : voici de l'argent en échange de quoi "gardez-les chez vous."

L'UE à l'idéologie clairement immigrationniste sait aussi que les opinions européennes ne supporteraient pas de nouvelles immigrations de masse.

Elle se contente par contre de l'immigration irrégulière et clandestine au compte-goutte et au jour le jour telle qu'elle est pratiquée en ce moment (et qui pose quand même déjà de sérieux problèmes, ne serait-ce que sur le plan moral avec ce qui est devenu un véritable trafic d'êtres humains aux mains de passeurs voraces)

Bref, complètement dépassée par un phénomène qu'elle ne maîtrise plus, prise entre des injonctions contradictoires, elle gère le problème à la petite semaine.

Il y aurait peut-être une autre solution pour investir autrement :

- changement de paradigme dans les mentalités européennes pour bien faire comprendre que l'UE n'a pas tant besoin de "migrants" que de coopérants et d'expatriés sous contrats ayant des missions précises et limitées dans le temps sans accompagnement familial qui leur soient nécessairement liées (ceci pour tenter de limiter les regroupements familiaux)

- établir une liste de tous les métiers en tension en Europe (et pas que les métiers manuels mais aussi médecins, aides soignants etc)

- mise en rapport avec les grands employeurs étatiques et privés pour négocier des responsabilités de prises en charge décentes (grilles de salaires, possibilités de logements etc)

- recherche par l'UE de candidats qualifiés à la source, c'est à dire au Maghreb et en Afrique sub-saharienne mais aussi en Amérique du Sud et en Asie pour une immigration plus diversifiée géographiquement.

- l'UE prendrait en charge les transports allers et retours de ces nouveaux coopérants et expatriés qui ne débarqueraient plus comme ils le font actuellement au péril de leur vie exploités comme ils le sont par des passeurs voraces : mais qui arriveraient en Europe décemment en train, en bateau ou en avion. Et qui en repartiraient de la même façon, tous frais payés. (Comme le sont actuellement les OQTF d'ailleurs).

Pour connaître un peu les rouages de l'économie IRL, de ses différents acteurs souvent très "bas de plafond" et ne cherchant que la satisfaction de leurs intérêts immédiats, je sais bien qu'un tel système peut paraître utopique.

Je sais bien aussi que cela n'empêchera pas la poursuite de l'immigration clandestine.

Mais il me semble que l'UE en sortirait un peu plus grandie sur le plan moral et qu'une partie de son pognon serait quand même mieux utilisée qu'à tenter de boucher des trous comme elle le fait actuellement.

Autre chose importante aussi : un tel changement de paradigme redorerait grandement l'image des "migrants" aux yeux des européens et ménagerait le besoin de dignité et de respectabilité de ces nouveaux coopérants en mission en Europe.
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Fonck1
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Re: L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par Fonck1 »

le président refuse, qu'il reste dans sa merde et continue d'affamer sa population, qu'est ce qu'on en a à faire sérieux?
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Re: L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par Once »

Fonck1 a écrit : 14 juin 2023 09:41 le président refuse, qu'il reste dans sa merde et continue d'affamer sa population, qu'est ce qu'on en a à faire sérieux?
Des milliers d'immigrants en plus.

https://www.google.com/search?client=fi ... wljLd2hmCU
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Re: L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par Fonck1 »

Once a écrit : 14 juin 2023 09:47
Fonck1 a écrit : 14 juin 2023 09:41 le président refuse, qu'il reste dans sa merde et continue d'affamer sa population, qu'est ce qu'on en a à faire sérieux?
Des milliers d'immigrants en plus.

https://www.google.com/search?client=fi ... wljLd2hmCU
c'est sûr.
mais bon, il est en réélection il me semble, ces populos qui affament leurs peuples sont prêt à tout pour rester au pouvoir.
les tunisiens devraient réfléchir un peu.
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Re: L'Union européenne au secours de la Tunisie

Message par Once »

Dernières nouvelles : Le président tunisien, Kaïs Saïed, s’oppose au nouveau pacte migratoire de l’Union européenne

« La Tunisie refuse d’être un pays de transit ou un lieu d’établissement », a déclaré le chef de l’Etat, alors que Bruxelles veut pouvoir y renvoyer des migrants d’autres nationalités.

« La Tunisie n’est garante que de ses propres frontières », a déclaré, mercredi 14 juin, le président Kaïs Saïed à l’issue d’un entretien téléphonique avec Charles Michel, le président du Conseil européen. Cette déclaration intervient à la suite de la visite effectuée le dimanche précédent à Tunis par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accompagnée de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, et du premier ministre néerlandais, Mark Rutte.

Lors de cette visite, la deuxième dans le pays pour la dirigeante italienne en moins de cinq jours, la question d’un accord entre l’Union européenne (UE) et la Tunisie sur le contrôle des flux migratoires vers l’Europe a été posée. La Commission a annoncé le déblocage de 105 millions d’euros pour lutter contre les passeurs, investir dans l’équipement des gardes-côtes ou faciliter les procédures de rapatriement.

Si Tunis collabore officiellement avec Rome depuis 2011 pour permettre le rapatriement de migrants irréguliers tunisiens, le nouveau pacte de l’UE est susceptible de lui imposer la réadmission de migrants y ayant seulement transité. La possibilité de renvoyer des demandeurs d’asile vers un « pays tiers sûr » est prévue dans l’accord obtenu le 8 juin, sous la pression de l’Italie, entre les ministres de l’intérieur des 27 Etats membres de l’UE, dans le cadre du « pacte sur la migration et l’asile ».

Les « diktats » du FMI

Ursula von der Leyen avait annoncé dimanche qu’un protocole d’entente entre la Tunisie et l’UE devrait être signé avant la fin du mois pour être discuté lors du prochain Conseil européen, prévu les 29 et 30 juin, sans que le contenu des négociations n’ait été communiqué. « La Tunisie refuse d’être un pays de transit ou un lieu d’établissement », a rétorqué Kaïs Saïed mercredi, estimant que « le phénomène de la migration ne peut être abordé qu’en éliminant les causes et non en se limitant au traitement des conséquences ».

Parmi les annonces faites par la présidente de la Commission, 900 millions d’euros d’assistance financière devraient être débloqués à condition que la Tunisie parvienne à trouver un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un prêt de 1,9 milliard de dollars (1,75 milliard d’euros). L’exécution de cet accord acté depuis octobre 2022 a été reportée à la suite du refus de Kaïs Saïed de se plier aux « diktats » imposés par l’institution financière.

« Les accords de Bretton Woods ne sont pas une fatalité et les diktats [du FMI] ne sont pas acceptables, car s’ils étaient appliqués comme ils l’ont été en 1984, ils menaceraient la paix sociale », a-t-il réitéré lors de son entretien avec Charles Michel (selon le communiqué publié par la présidence tunisienne), en référence aux révoltes du pain qui ont éclaté en janvier 1984 à la suite d’un accord avec le FMI pour augmenter le prix du pain et des produits céréaliers.

La mort plutôt que « l’aumône »

En visite dans le bassin minier de Gafsa (centre-ouest) la veille, le président tunisien a estimé qu’il était préférable de « mourir plutôt que de demander l’aumône aux étrangers », tentant de convaincre des manifestants de mettre fin à leur mouvement de protestation et de permettre la reprise de la production de phosphate, un secteur qui a fortement été ralenti depuis 2011 alors qu’il représentait près de 10 % des exportations. « Il n’y a aucune sourate qui porte le nom du Fonds monétaire », a-t-il asséné devant des dizaines de demandeurs d’emploi regroupés autour de lui.

En plus de la production de phosphate et pour éviter la suppression des subventions sur les produits de base et les hydrocarbures, Kaïs Saïed a proposé début juin de « prendre l’excédent d’argent des riches pour le donner aux pauvres », reprenant une citation attribuée à l’un des premiers califes de l’islam, Omar Ibn Al-Khattab. « Au lieu de lever les subventions au nom de la rationalisation, il serait possible d’introduire des taxes supplémentaires à ceux qui en bénéficient sans qu’ils en aient besoin », avait-il ajouté.

Lourdement endettée à hauteur de 80 % de son PIB et en proie à une inflation galopante (10 % en moyenne depuis le début de l’année et plus de 30 % pour certains produits alimentaires), la Tunisie peine à trouver les financements nécessaires pour combler son déficit budgétaire en l’absence d’un accord avec le FMI. La dégradation, vendredi, par l’agence de notation américaine Fitch Ratings de la note de la Tunisie, passée de CCC + à CCC – (risque élevé de défaut), n’a fait que conforter les craintes sur la santé financière du pays et, potentiellement, sur ses équilibres sociaux."

https://www.lemonde.fr/afrique/article/ ... _3212.html
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