Permettez moi de me faire accusateur public du Diable que certains présentent comme victime de procès politique.
papibilou a écrit : ↑23 juin 2023 21:10
Lors de la rafle du Vel d'hiv les juifs arrêtés étaient étrangers.
De la mi-juin à la mi-juillet 1942 des négociations furent menées par les Chefs SS en France avec les autorités françaises. Elles portaient sur l’arrestation des Juifs par les forces de police françaises.
Il fut décidé d’un commun accord que, l’État Français souhaitant mettre en en seconde ligne les Juifs de nationalité française, les cibles des rafles menées par la police française seraient les Juifs étrangers et qu’ils seraient arrêtés aussi bien en zone non occupée qu’en zone occupée (22 000 en z.o., 10 000 en z.n.o).
La rafle du Vel d’Hiv à Paris les 16 et 17 juillet ayant donné des résultats insuffisants (9 000 adultes), les autorités françaises ont proposé la déportation des 4 000 enfants pourtant presque tous français arrêtés en même temps que leurs parents. Quant à la livraison des 10 000 Juifs de la zone non occupée, elle a été minutieusement préparée et a concerné les Juifs entrés en France après le 1er janvier 1936. Chaque région préfectorale de la zone non occupée a produit les listes permettant à la direction de la police nationale de déterminer le quota de Juifs à arrêter dans chacune de ces régions pour être assuré qu’il y aurait effectivement 10 000 Juifs à livrer aux Allemands en provenance de ce territoire où Vichy était souverain et où il n’y avait pas d’Allemands. La police a tenu compte des Juifs déjà internés dans les camps pour Juifs étrangers (3 500 sont livrés à Drancy du 7 au 15 août), des Juifs sous contrôle policier dans les Groupement de Travailleurs étrangers (1 200 sont livrés le 25 août). Il fallait que la grande rafle dans les 40 départements de la zone non occupée rapportât au minimum 5 300 Juifs. Au total 5 745 Juifs ont été livrés dont 513 enfants au cours de cette gigantesque opération policière encore mal connue du grand public.
La meilleure défense des Juifs français aurait été de refuser de coopérer à celle des Juifs étrangers à l’été 1942. Le gouvernement Pétain-Laval disposait alors d’atouts importants pour oser dire non aux exigences allemandes : une flotte puissante pouvant quitter Toulon ; la défense de l’Empire français contre les britanniques et les gaullistes ; une économie tournant à plein pour l’effort de guerre allemand ; des forces de police assurant l’ordre ainsi que la sécurité de l’occupant. Le maréchal Pétain, chef de l’État, a approuvé en Conseil des Ministres les mesures décidées par son gouvernement et a ainsi engagé la France dans une complicité criminelle avec l’occupant.
La population française de la zone libre a exprimé sa réprobation à l’égard des arrestations de Juifs étrangers qui déshonoraient la France. Les guides spirituels de la population, prélats catholiques et dirigeants de l’Église Réformée, opposants au régime ou même pétainistes, ont protesté avec vigueur, alors que les convois de 1 000 Juifs quittaient la France au rythme de trois par semaine.
Cette opposition à l’arrestation et à la livraison massive des Juifs a imposé au gouvernement de Vichy le ralentissement de sa coopération policière massive avec la Gestapo et a sauvé probablement les vies de dizaines de milliers de Juifs menacés par le programme prévu par la Gestapo d’un train quotidien de mille Juifs entre le 15 septembre et le 31 octobre. Le 11 novembre 1942 jour de l’invasion de la zone libre par les Allemands, le quota de 40 000 Juifs à déporter en un premier temps a été atteint par le service des Affaires juives de la Gestapo.
Le Colloque de Vichy du 26 août 2022 était nécessaire aussi bien pour nous qui oeuvrons pour que la vérité historique soit établie, diffusée et transmise que pour la Ville de Vichy et son Maire, M. Fréderic Aguilera qui nous ont accordé leur soutien. Je leur en suis profondément reconnaissant et suis heureux qu’une pléiade d’historiens prenne enfin la route de Vichy.
Serge Klarsfeld.
https://www.ville-vichy.fr/actualites/c ... les-ete-42
papibilou a écrit : ↑23 juin 2023 21:10
(...)
Les lois anti juives étaient dures
mais je ne crois pas qu'elles permettaient de s'approprier leurs biens.
https://www.lepoint.fr/culture/la-verit ... 0289_3.php
On passe alors à une phase plus agressive en créant en mars 1941 le CGQJ, le Commissariat général aux questions juives. Ce CGQJ a deux missions à remplir, l'une juridique, l'autre économique : il faut penser les prochaines lois antijuives (ce sera le second statut des juifs, de juin 1941) et déposséder les juifs. Le 2 juin 1941 est mis en place le recensement obligatoire pour les juifs, qui doivent aller se déclarer en mairie. Il leur est remis un formulaire de quatre pages : trois sont consacrées à leurs biens. Les déclarations remontent vers les préfectures, qui les mettent en fiches avant de les transmettre au ministère de l'Intérieur. Une grande partie de l'administration française participe donc à l'aryanisation, et ce seront ces fiches, conçues d'abord pour des raisons économiques, qui, dans un second temps, serviront aux rafles de la police française. Mais le CGQJ se méfie du juif, par définition "fourbe" : tous ne se sont pas manifestés, il y a du camouflage. Près de 1 500 inspecteurs sont diligentés pour mener des enquêtes...
Candidatures spontanées. Dans un second temps, des annonces à candidature paraissent dans les journaux ou sont affichées sur les murs. La sélection se fait selon deux critères : il faut attester des "sentiments nationaux", être dans la ligne idéologique, ou bien offrir un profil professionnel adéquat. Le candidat retenu se présente chez le juif, qui lui remet son titre de propriété. Il peut s'agir d'une entreprise, d'un bien immobilier, mais aussi d'actions. Qu'advient-il du bien ? S'il est peu important, il est liquidé, dispersé ; s'il est de nature plus conséquente, il est mis en vente publique, devant notaire, après expertise.
Tal Bruttmann estime que le CGQJ a traité 60 000 dossiers, qui furent retrouvés à la Libération, puis déposés aux Archives nationales. Certains administrateurs provisoires, qui font l'interface entre les juifs et les non-juifs français, vont faire carrière en gérant parfois dix biens simultanément. Comme ils sont payés mensuellement, ils ont intérêt à retarder la vente, dont le produit est versé, pour 90 %, sur un compte bloqué de la Caisse des dépôts et consignations (le compte des juifs), les 10 % restants allant au CGQJ. Ils gèrent parfois honnêtement, d'autres rançonnent les juifs spoliés, quelques-uns les protègent : "Il y a de tout", résume Bruttmann. A la Libération, ces administrateurs ne seront pas inquiétés, car ils ont agi dans un cadre juridique. Des lois de restitution seront votées, l'argent bloqué rendu, obligeant les mêmes administrations à défaire ce qu'elles avaient fait, mais la restitution sera un acte volontaire que devra demander le spolié. Pour les 10 % de biens non revendiqués en 1945, pour cause de décès, les biens resteront entre les mains des acquéreurs dits de bonne foi.
"De toutes les politiques antisémites, conclut Bruttmann , la spoliation est la seule qui a fait appel à toute la société française": administrations diverses, notaires, architectes, commissaires-priseurs, experts-comptables et 20 000 citoyens ordinaires devenus, après candidature spontanée, administrateurs provisoires.
* "La spoliation des juifs, une politique d'Etat". Mémorial de la Shoah, jusqu'au 29 septembre.
Colonisation: tête de pont de la barbarie dans une civilisation d'où, à n'importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation. Aimé Césaire "Discours sur le colonialisme"