Guerre entre Israël et le Hamas : l'armée israélienne a-t-elle utilisé du phosphore blanc sur Gaza ?
"Si l'usage du phosphore blanc est autorisé pour des objectifs militaires, il est "interdit en toutes circonstances" contre des populations civiles.
Après l'attaque sanglante du Hamas contre Israël, la contre-offensive. Depuis le début de sa riposte, l'armée israélienne a annoncé sur X (anciennement Twitter) avoir largué environ 6 000 bombes "sur des cibles du Hamas" situées dans la bande de Gaza.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes accusent les forces israéliennes d'avoir employé du phosphore blanc, produit chimique incendiaire, lors de bombardements sur le port de Gaza survenus mercredi 11 octobre.
Le phosphore blanc est contenu dans des sous-munitions, elles-mêmes disposées dans un contenant appelé munition-cargo. Lorsque ce contenant explose, le phosphore s'enflamme au contact de l'oxygène.
Ces armes à sous-munitions, dont une convention internationale interdit l'usage contre des civils, ont-elles été réellement utilisées ces derniers jours sur Gaza ? Franceinfo a analysé une dizaine d'images et interrogé plusieurs experts en explosifs, et est arrivé à la conclusion que ces allégations étaient vérifiées.
[url] Si l'usage du phosphore blanc est autorisé pour des objectifs militaires, il est "interdit en toutes circonstances" contre des populations civiles.
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Mohammed Abed, photographe de l'AFP basé à Gaza, a capturé de très près les bombardements du 11 octobre sur le port de la capitale palestinienne.
Ses photos "montrent assez clairement que les munitions employées sont incendiaires, car les extrémités des fumées blanches sont incandescentes, observe Gilles Denglos. La fumée blanche aussi dense est très certainement liée à la combustion de phosphore."
Un constat également partagé par un autre expert agréé par la justice, contacté par franceinfo. "C'est effectivement du phosphore blanc, qui brûle au contact de l'oxygène de l'air", constate le militaire*, spécialisé dans la dépollution pyrotechnique. Sur les photos de l'AFP, l'arme à sous-munitions semble avoir été détournée de son usage initial, à savoir créer un rideau de fumée proche du sol, ou encore éclairer le champ de bataille. "Il y a eu le même type de détournement dans le conflit russo-ukrainien", illustre l'expert.
"Il n'y a aucune raison tactique et militaire pouvant justifier de l'usage de cette munition dans un environnement urbain. On pourrait suggérer que cette arme est juste utilisée à des fins de destruction et de terreur", estime Chris Cobb-Smith, expert en balistique et directeur du Chiron Resources, une société britannique de conseil en sécurité à destination des médias. Après avoir pris connaissance des contenus vérifiés par franceinfo, ce spécialiste confirme avoir reconnu du phosphore blanc.
Un usage interdit sur les civils
Les bombes au phosphore blanc ne sont pas totalement interdites par les traités internationaux. Considérées comme des armes incendiaires, ces armes sont régulées par le protocole III de la Convention sur certaines armes classiques de décembre 1983. Si leur usage est autorisé pour des objectifs militaires, celui-ci est "interdit en toutes circonstances" contre des populations civiles, et même contre des cibles militaires proches de civils. En 2009, Israël avait d'ailleurs admis s'en être servi lors d'une offensive visant le Hamas dans la bande de Gaza, mais pas à l'intérieur de zones d'habitation."
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