Au-delà du système solaire,GJ 9827d est pour l’instant le plus petit corps sur lequel on a trouvé la fameuse molécule indispensable à la vie.
Source:Le Parisien.Il fut un temps où les planètes que l’on découvrait autour d’autres étoiles étaient systématiquement des géantes.Elles avaient même souvent de quoi donner des complexes à notre Jupiter,la plus grande des voisines de la Terre...Les progrès aidant,on s’est mis à dénicher des planètes plus petites nous donnant à voir —du moins à imaginer— des mondes plus proches du nôtre,ailleurs dans la galaxie.
Jeudi,les agences spatiales européenne et américaine ESA et Nasa ont annoncé la découverte de vapeur d’eau autour de GJ 9827d,une planète dont le diamètre n’est que deux fois supérieur à celui de la Terre...Ce qui en fait pour l’instant la plus petite exoplanète où l’on a trouvé de l’eau.
Le « vieil » Hubble a encore de la ressource
«Il n’y a pas eu de détection claire de molécules,qu’il s’agisse d’eau ou autres, sur des planètes plus petites que celles-ci» souligne Pierre-Alexis Roy,chercheur à l’université de Montréal (Canada) et auteur principal des travaux...En cause, un handicap de taille: Quand les planètes sont des poids plumes,il est difficile de savoir si les signaux que l’on perçoit proviennent d’elles ou de leurs étoiles...«Même avec James Webb (le télescope spatial le plus performant) ce n’est pas clair....On n’arrive pas à faire la distinction. »
L’étoile GJ 9827 était une cible de choix car appartenant à une catégorie,les naines oranges,envoyant des signaux peu ambigus...Entre 2017 et 2020, l’équipe va donc observer la planète à onze reprises au moment opportun,c’est-à-dire quand elle passe devant l’étoile (on appelle cela un transit), de sorte à pouvoir distinguer les éléments détectés chez l’une et chez l’autre...C’est même le «vieil» Hubble, télescope spatial lancé il y a 33 ans, qui est mis à contribution.
...«Quand on répète les observations avec Hubble,on est capable de rivaliser avec James Webb, assure Pierre-Alexis Roy...Sa longévité nous permet de pousser ses limites.»
Que d’eau,que d’eau !
L’autre nouveauté qui reste pour sa part à confirmer ce n’est pas seulement que cette atmosphère contient de l’eau mais que la molécule en serait le principal composant...« Jusqu’à aujourd’hui,à chaque fois qu’on a détecté une atmosphère sur une exoplanète,elle était dominée par de l’hydrogène ou de l’hélium insiste Pierre-Alexis Roy...Même si, parmi les planètes découvertes ces dernières années,il est probable que l’on trouve des atmosphères dominées par l’eau,le méthane ou l’ammoniac,on n’a jamais réussi à trouver avec certitude une atmosphère dominée par l’eau.»
...«Ce serait la première fois que nous montrerions directement via une détection atmosphérique que ces planètes aux atmosphères riches en eau peuvent vraiment exister autour d’autres étoiles»,assure Bethany Downer,directrice des communications scientifiques à l’ESA...Dans un communiqué,Björn Benneke astrophysicien à l’université de Montréal et coauteur de l’article revendique «une étape importante» pour déterminer «la diversité des atmosphères sur les planètes rocheuses».
Un sauna pour extrêmophiles?
Alors,monde aquatique GJ 9827d ou pas?..Les chercheurs croient fortement en cette possibilité.Car le système est âgé de six milliards d’années et la planète est sans doute trop peu massive pour avoir retenu tout ce temps autour d’elle de l’hélium et de l’hydrogène,les éléments les plus légers de l’Univers...Lesquels ont dû subir de plein fouet les radiations de l’étoile,proche et autour de laquelle elle fait le tour en seulement six jours...Si proche qu’il fait très chaud,plus de 400°C sur GJ 9827d.
Située à la distance raisonnable de 97 années-lumière,la planète découverte en 2017 serait donc un parfait sauna pour extrêmophiles,ces organismes qui affectionnent les milieux extrêmes...Mais comme le suggère Pierre-Alexis Roy,il est bien trop tôt pour spéculer sur l’existence là-bas d’éventuels êtres vivants.
https://www.leparisien.fr/sciences/de-l ... ZFTG64.php