D'abord le communiqué du 7 Octobre de France Insoumise; il dit quoi, au juste ? Le voici dans toute son intégralité :
Communiqué du Groupe parlementaire LFI-NUPES
L’offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Nous déplorons les morts israéliens et palestiniens. Nos pensées vont à toutes les victimes. L’escalade actuelle risque d’entraîner un cycle de violences infernales. La France, l’Union européenne et la communauté internationale doivent agir sans délai pour empêcher cet engrenage.
Dans l’immédiat, il faut obtenir un cessez-le-feu et la protection des populations.
Toutes les parties doivent revenir à la table des négociations.
Pour qu’une paix juste et durable voie le jour, les résolutions de l’ONU, à commencer par la fin de la colonisation, doivent être activement mises en œuvre.
Nous devons tous et toutes œuvrer dans ce sens."
https://lafranceinsoumise.fr/2023/10/07 ... ommunique/
Y a-t-il "une apologie du terrorisme" dans ce communiqué ? Personnellement, je vois mal. Non, ce qui est reproché à LFI dans cette affaire, c'est de ne pas avoir dénoncé une action terroriste d'un groupe terroriste.
Le 7 octobre, le Hamas, en s'en prenant à des civils innocents (hommes, femmes, enfants, bébés) a commis une action éminemment terroriste et cela aurait dû être dénoncé comme tel, ce que LFI n'a pas fait en commettant une erreur à mon avis.
De là, à dénoncer "une apologie du terrorisme" dans ce communiqué méritant une convocation à la police, personnellement, je trouve que cela est un peu gros.
Ceci dit, l'appellation de "terrorisme" est éminemment politique et il faut s'entendre sur le sens des mots, sur les rapports de forces entre acteurs et qui désigne l'autre comme "terroriste".
D'abord la définition classique :
"Ensemble d'actes de violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation ou un individu pour créer un climat d'insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l'égard d'une communauté, d'un pays, d'un système."
https://www.larousse.fr/dictionnaires/f ... isme/77478
O.K.
Mais quand un jeune communiste français (Pierre-Georges dit "Colonel Fabien") assassine l'aspirant allemand Alfons Moser le 21 Août 1941 à la station de métro parisien Barbès-Rochechouart en pleine période d'occupation allemande, cet acte est considéré comme le premier acte de la résistance française alors que les forces d'occupation allemandes le dénonceront comme un acte "terroriste"(qui sera d'ailleurs suivi d'une terrible répression )
Or, ce jeune français ne s'en est pas pris à un (ou des) civil(s) innocents mais à un représentant des forces d'occupation : on peut donc considérer son acte comme un acte de résistance légitime en période d'occupation.
"
Maurice Shumann déclare le 28 août 1941 à Radio Londres : « Les coups de feu tirés par le jeune français sont la suite logique, fatale, inéluctable de l'attentat permanent contre la nation française par l'ennemi et ses complices […] l'attentat appelle l'attentat. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_ ... arb%C3%A8s
Appliquons à présent le même raisonnement à la Cisjordanie occupée illégalement par Israël depuis 1967 : un jeune Palestinien assassine au couteau un soldat israélien = acte de résistance ? Ou acte "terroriste" ? Acte de résistance du point de vue palestinien. Acte terroriste du point de vue israélien.
Par contre, si le Palestinien de Cisjordanie s'en prend à des civils innocents, là, oui les chose doivent être claires pour tout le monde : il s'agit de terrorisme au sens propre du terme.
-----
Passons à une autre échelle d'analyse de la question. Oui, car quid du terrorisme d'état ?
Quand, comme on le voit tous les jours, la Russie bombarde de manière délibérée des sites civils en Ukraine pour terroriser la population, pour la pousser à fuir et à l'exil, on peut légitimement parler de "terrorisme d'état".
De la même manière, quand on voit Israël procéder à une destruction systématique de Gaza en bombardant des sites civils sous prétexte d'y combattre les "terroristes du Hamas", O.K : jusqu'à un certain point on peut parler de "dommages collatéraux" mais la limite est dépassée quand on voit qu'Israël organise une famine délibérée de la population pour la pousser à l'exil : et là, on passe à une sorte de "terrorisme d'état" et à un crime contre l'humanité.
Donc, même si les états sont dotés du "pouvoir de violence légitime", à mon avis, il y a des limites quand même dans certains cas : notamment quand un état "fort" utilise cette violence à l'encontre d'un "plus faible" le combattant pour une juste cause.
C'est pourquoi, à mon avis, la notion de "terrorisme" peut aussi s'appliquer à des états dans certains cas d'oppression, d'occupation illégitimes s'appliquant à des populations sans défense et victimes de cette oppression et de tas d'injustices.
"Le terrorisme d'État consiste en l'exercice de la terreur par un État sur sa propre population comme méthode de gouvernement."
Le terrorisme d'État pose donc un problème d'ordre éthique puisqu'il met en cause non seulement la relation entre l'État et la société civile, mais aussi la nature des rapports que l'État entretient avec la violence.
"Un État terroriste est une entité politique territorialement distincte qui utilise la force et à la violence contre d'autres États ou leurs citoyens avec l'intention d'intimider ou de contraindre à accepter sans réserve son idéologie, et de réaliser ainsi une position dominante dans le monde ou de séjour permanent au pouvoir dans leur propre pays. "
https://fr.wikipedia.org/wiki/Terrorisme_d%27%C3%89tat