Bon débarras. Souhaitons aux Iraniens que le suivant ne soit pas pire que lui.
« Le boucher de Téhéran » : qui était le président iranien Ebrahim Raïssi, mort dans un accident d’hélicoptère ?
Les médias iraniens, puis son gouvernement, ont annoncé ce lundi la mort d’Ebrahim Raïssi, porté disparu depuis l’accident de son hélicoptère présidentiel ce dimanche. Élu en 2021, ce religieux chiite et ancien procureur qui a fait carrière dans le système judiciaire iranien est soupçonné d’avoir fait assassiner des milliers d’opposants.
On le surnomme « le bourreau » ou « le boucher de Téhéran », ce qui en dit long sur son passé sanguinaire. Près de trois ans après avoir été élu président de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Ebrahim Raïssi vient d’avoir un accident d’hélicoptère dans la province de l’Azerbaïdjan oriental. Ce lundi matin, les médias iraniens ont annoncé sa mort, avant que l’information ne soit confirmée par des responsables d’État iraniens à Reuters et par le vice-président Mohsen Mansouri, dans un entretien à l’agence de presse iranienne Mehr News.
Invariablement coiffé d’un austère turban noir et d’un long manteau de religieux, cet ancien juge ultraconservateur, très proche du guide suprême de la Révolution Ali Khamenei, a été élu le 18 juin 2021, dès le premier tour d’un scrutin marqué par une abstention record et l’absence de concurrents de poids. Il a succédé au modéré Hassan Rohani, qui l’avait battu à la présidentielle de 2017 mais ne pouvait pas se représenter après deux mandats consécutifs.
Celui qui avait fait campagne sur la défense des classes défavorisées, la lutte contre la corruption ou encore la promotion du « made in Iran » en réponse à la crise économique a surtout dû faire face fin 2022 à un mouvement de contestation d’ampleur qui a secoué le pays suite au décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict imposé par la République islamique. Une fronde alors violemment réprimée par le gouvernement. Il est sorti renforcé des récentes législatives de mars et de la mi-mai remportées par les conservateurs et ultraconservateurs, saluant « un nouvel échec historique infligé aux ennemis de l’Iran après les émeutes ».
Exécutions massives en 1988
Né en novembre 1960 dans une famille de religieux modestes de Machhad, grande ville sainte chiite au nord-est du pays, Raïssi a suivi, à partir de 15 ans, un cursus religieux à Qom. Il a notamment eu pour enseignant l’ayatollah Ali Khamenei, actuel guide suprême, ce qui explique l’ascension du jeune homme sans grand charisme. Dès ses 20 ans, il a gravi un à un les échelons du système judiciaire iranien jusqu’à devenir procureur général de Téhéran puis procureur général du pays
En tant que juge, il est notamment soupçonné d’avoir activement contribué à l’exécution massive de tous les prisonniers politiques du régime en 1988, ce qu’il a toujours nié. Son concurrent Hassan Rohani soulignait que son bilan n’était constitué « de rien d’autre que d’exécutions et de peines de prison ». Raïssi figure également sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés pour « complicité de graves violations des droits humains ».
Marié à une professeure d’université et père de deux filles diplômées du supérieur, Raïssi s’est présenté ces derniers mois comme un adversaire farouche d’Israël, l’ennemi juré de la République islamique.
Il a apporté son soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas après son attaque terroriste du 7 octobre sur l’État hébreu. Et salué « le succès » de l’attaque inédite du 13 avril, lorsque Téhéran a envoyé sur Israël 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l’aide des États-Unis et de pays alliés.
Une opération qui « a fait vaciller la gloire du régime sioniste », s’est alors félicité Raïssi.
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