Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

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Once
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Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

Message par Once »

Alors qu'aucune majorité absolue n'a émergé des élections législatives, les partis français sont forcés d'envisager de larges alliances qui bousculent les habitudes françaises, mais sont pourtant courantes ailleurs en Europe

Les partis allemands "contraints" de travailler ensemble


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Le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD) repond aux questions du gouvernement au Bundestag, le 3 juillet 2024 à Berlin. (MICHAEL KAPPELER / DPA / AFP)

La France dispose d'un bon exemple de démocratie de concertation juste de l'autre côté du Rhin. En Allemagne, la culture de la discussion et du compromis sont un terreau fertile pour les coalitions gouvernementales. Traditionnellement, le parti qui arrive en tête des élections législatives cherche ainsi des alliés pour disposer d'une majorité confortable. Il n'a de toute façon pas beaucoup le choix, car le complexe mode de scrutin allemand n'a débouché qu'une fois sur une majorité absolue pour un parti. "L'usage de la proportionnelle engendre une diversité des partis représentés [au Parlement] et les contraint de facto à collaborer", résume Jeanette Süss, chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Ces coalitions rassemblent "des partis du centre droit au centre-gauche", excluant d'office les formations plus radicales, souligne la chercheuse. Depuis 2021, le parti social-démocrate SPD, l'Alliance 90/Les Verts et le parti libéral-démocrate (FDP) dirigent le pays à trois, autour du chancelier Olaf Scholz, chef du SPD. Une coalition dite "en feu tricolore", à cause des couleurs représentant chaque formation.

Avant de travailler ensemble, les partis signent un contrat de coalition, qui dessine les grandes orientations politiques qui seront prises à moyen et long termes. Le contrat actuel prévoit par exemple la sortie du charbon pour la production d'électricité d'ici à 2030 ou encore la légalisation de la consommation de cannabis. Bien que long de 177 pages, le document n'anticipait pas le budget 2025, pourtant le nerf de la guerre. Après d'intenses tractations qui ont duré plusieurs mois, les chefs de parti ont finalement réussi, le 5 juillet, à trouver un accord, sauvant ainsi une coalition qui se serait difficilement remise d'un échec sur le budget.

En Suède, un accord de coalition lie aussi, depuis 2022, les conservateurs, les chrétiens-démocrates et les libéraux, avec le soutien au Parlement des Démocrates de Suède (SD), le parti d'extrême droite. Nommé "accord de Tidö", le contrat reprend largement les idées de ce parti, qui pèse de tout son poids sur la vie politique suédoise sans occuper aucun ministère. Le texte prévoit ainsi de réduire le nombre de réfugiés accueillis chaque année de 6 400 à 900, de durcir le regroupement familial et de restreindre l’accès à la citoyenneté suédoise.

(...)

En Belgique, parfois plus d'un an sans gouvernement


Plus acrobatique encore que le quadripartisme suédois, la coalition belge. Notre voisin a vu naître, en 2020, une alliance de sept partis, menée par l'ancien Premier ministre Alexander De Croo et surnommée la "coalition Vivaldi". Le système institutionnel complexe du royaume, entre mille-feuilles administratif et proportionnelle intégrale au Parlement, le rend sensible aux vents de l'instabilité, lui conférant une réputation de pays ingouvernable. Au point d'avoir connu de longues périodes sans gouvernement : 16 mois, par exemple, à l'issue des législatives de 2019. Une lenteur assumée par la Belgique, qui, en attendant, confie au gouvernement sortant le soin d'assurer les affaires courantes. Le roi Philippe, lui, endosse en période de latence le rôle d'arbitre et peut nommer un "démineur" pour empêcher l'explosion.

Pour éviter les blocages, l'Italie, qui connaît aussi une grande instabilité parlementaire, a mis en place des garde-fous. Lors de l'échec de formation d'une coalition ou en période de crise économique, le président de la République peut nommer un "gouvernement technique". La Botte en a connu quatre depuis la Seconde Guerre mondiale. "Ces gouvernements sont composés de techniciens, d'experts sectoriels qu'on appelle pour occuper une mission provisoire lorsque l'on constate que les coalitions ne sont pas faisables", explique Jean-Pierre Darnis, professeur de civilisation italienne à l'université Côte d'Azur.

Des coalitions "qui changent la vie politique"


De l'autre côté de la Méditerranée, l'Espagne a découvert plus récemment le gouvernement par coalition. Le traditionnel bipartisme du pays a été ébranlé par l'émergence de nouvelles formations politiques, notamment issues de la société civile, qui ont rebattu les cartes. En 2019, le Parti socialiste espagnol (PSOE) s'est allié avec l'émergente formation de gauche radicale Podemos pour gouverner, une première depuis la fin de la dictature franquiste.

"Les coalitions ont complètement changé la vie politique espagnole. Il y a présent beaucoup de concessions, parfois mal perçues par les électeurs", explique Maria Elisa Alonso, politologue à l'Université de Lorraine et spécialiste de l'Espagne. Pour obtenir le soutien des partis régionalistes catalans, et ne pas avoir à céder le pouvoir à la droite, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a accepté de faire adopter une loi d'amnistie pour les organisateurs du référendum de 2017 sur l'indépendance de la Catalogne, poursuivis par la justice. Un sujet extrêmement sensible dans la péninsule ibérique.

En France, confusion entre "compromis" et "compromission"

Face au risque d'instabilité qui découle de l'absence de majorité absolue en France, la tête de liste des macronistes aux dernières européennes, Valérie Hayer, a appelé, dans les colonnes de Ouest-France, à "s'inspirer de ce qu'on fait au Parlement européen". Le bon fonctionnement de l'institution repose en effet sur une culture du compromis, qui "transcende les partis", abonde Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et spécialiste des questions européennes.

Encore faut-il que les partis français soient disposés à s'asseoir autour d'une table. Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure ou encore Laurent Wauquiez ont rapidement balayé l'idée de dépasser leurs familles politiques, dès dimanche soir. Une situation qui n'étonne que peu Thierry Chopin, politologue et conseiller spécial de l'Institut Jacques-Delors.

"L'acceptation du compromis n'est pas caractéristique de notre culture politique."

"Face à l'absence de majorité stable et la parlementarisation de la vie politique, notre classe politique n'est pas préparée", déplore le politologue. "Le compromis, facteur essentiel d'une coalition, apparaît en France comme une forme de compromission."

Thierry Chopin, conseiller spécial de l’Institut Jacques-Delors

https://www.francetvinfo.fr/elections/l ... 55554.html
vivarais
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Re: Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

Message par vivarais »

Nos voisins n'ayant pas de second tour ,il ne prétendent pas que des partis sont infréquentables et ni ne refusent aucunes alliances
en france même au sein du coalition c'est celà
Cependant, les socialistes et les communistes ne souhaitent pas revenir sur cette réforme prise par Gabriel Attal au nom de la laïcité à l'école. Cette fracture démontre l'incapacité de la gauche à travailler ensemble, car personne ne souhaite faire de compromis.
Si déjà de politiques qui s'unissent pour gagner une élections sont divisés entre eux
comment voulez vous qu'ils entendent avec ceux dont ils ont été des adversaires électoralement
c'est comme cela en france on essaie de faire une émulsion de l'huile et de l'eau même au sein d'un même parti comme on le voit actuellement chez LFI
çà fait poiler nos chers voisins car on veut faire comme eux sans être comme eux une fédération de régions autonomes
exemple en italie
Il y a cinq régions autonomes en Italie1:
Sicile
Sardaigne
Vallée d’Aoste
Trentin-Haut-Adige/Südtirol
Frioul-Vénétie Julienne
en belgique
4 regions autonomes dont bruxelles
en allemagne 16 landers
si l'on veut gouverner comme eux il faudrait déja faire des gouvernance autonomes de régions
papibilou
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Re: Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

Message par papibilou »

Ils y parviennent tous et nous ne pourrions y parvenir ? Quelle mauvaise volonté !!
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Victor
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Re: Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

Message par Victor »

papibilou a écrit : 15 juillet 2024 20:21 Ils y parviennent tous et nous ne pourrions y parvenir ? Quelle mauvaise volonté !!
Parce que notre mode de scrutin n'est pas conçu pour cela.
En politique, ce qu'il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre c'est ce qui se passe sous nos yeux.
Alexis de Tocqueville
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Re: Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

Message par papibilou »

Victor a écrit : 15 juillet 2024 20:33
papibilou a écrit : 15 juillet 2024 20:21 Ils y parviennent tous et nous ne pourrions y parvenir ? Quelle mauvaise volonté !!
Parce que notre mode de scrutin n'est pas conçu pour cela.
Je ne crois pas un instant que notre mode de scrutin soit en cause. C'est plutôt que les hommes politiques ne veulent pas apparaître comme des girouettes en acceptant tel jour ce qu'ils ne voulaient pas la veille. Ou si vous voulez il ne veulent pas que l'on mette de l'eau dans le vin.
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Mesoke
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Re: Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

Message par Mesoke »

D'un autre côté le vin en France c'est sacré, logique de ne pas vouloir mettre de l'eau dedans :content79
Once
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Re: Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

Message par Once »

papibilou a écrit : 15 juillet 2024 22:10
Victor a écrit : 15 juillet 2024 20:33
Parce que notre mode de scrutin n'est pas conçu pour cela.
Je ne crois pas un instant que notre mode de scrutin soit en cause. C'est plutôt que les hommes politiques ne veulent pas apparaître comme des girouettes en acceptant tel jour ce qu'ils ne voulaient pas la veille. Ou si vous voulez il ne veulent pas que l'on mette de l'eau dans le vin.
A mon avis, le problème en France c'est que l'on a ceux qui gouvernent et qui vont au casse-pipe face à des oppositions qui, elles, se contentent de critiquer sans se mouiller.

Quand on voit le CV de Mélenchon, par exemple, c'est très révélateur : avec une carrière politique d'une bonne quarantaine d'années au compteur, cet homme politique n'a exercé une vraie fonction de responsabilité (si l'on peut dire !) que deux ans sous le gouvernement Jospin. Il a alors été ministre délégué à l'Enseignement professionnel auprès du ministre de l'Éducation nationale Jack Lang.

Voilà : c'est tout. Et le reste à brailler sur les plateaux médiatiques (où il demeure toujours un excellent "client") ou sur les estrades des tribunes politiques.

Mais il n'a jamais mis les mains dans le cambouis donc il fait toujours figure de l'homme politique "propre" sans qu'on n'ait jamais pu voir ce qu'il aurait pu donner au pouvoir.

Voici pourtant la preuve que ce tribun n'assume pas ses propos forts de café :

1) "Vendredi, quelques heures avant de rencontrer le chef de l'Etat, le député des Bouches-du-Rhône l'a qualifié de "plus grand xénophobe qu'on ait", lors d'une manifestation."

Lors d'une rencontre mise en scène entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, vendredi 7 septembre, à Marseille, le leader de La France insoumise s'est montré bien plus cordial que lors de son discours de l'après-midi. Ainsi, un peu plus tôt, le député des Bouches-du-Rhône avait qualifié le chef de l'Etat de "plus grand xénophobe qu'on ait", lors d'une manifestation à l'occasion de la rencontre entre Emmanuel Macron et Angela Merkel dans la cité phocéenne.

Mais le soir, lors d'un bain de foule du président, Jean-Luc Mélenchon s'est montré plus mesuré. Quand des journalistes lui ont rappelé ses propos de l'après-midi, le député de La France insoumise a répondu avec le sourire : "Peut-être une légère exagération marseillaise".


https://www.francetvinfo.fr/politique/m ... 31109.html

2) Voici la fameuse vidéo de cet entretien cordial qui révèle l'hypocrisie de ce personnage n'assumant pas en direct son propos injurieux à l'égard de Macron quand il l'a en face à face (curseur = 1:15)

vivarais
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Re: Allemagne, Italie, Belgique, Suède... Comment nos voisins européens parviennent à gouverner avec des coalitions

Message par vivarais »

papibilou a écrit : 15 juillet 2024 20:21 Ils y parviennent tous et nous ne pourrions y parvenir ? Quelle mauvaise volonté !!
ils y parviennent car ils ne se mettent d'accord que sur des affaires fédérales
pour les affaires courantes chaque gouvernance régionale les traite selon son courant politique majoritaire
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