Emeutiers du Capitole, leaders d'extrême droite, fondateur d'un site illégal… Qui a bénéficié de la grâce présidentielle

[Corvo]

La grâce de la honte.

Le nouveau président américain a signé lundi soir un décret graciant les quelque 1 270 personnes déjà reconnues coupables de leur participation à l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

"La plus grande grâce accordée en une seule journée dans l'histoire moderne", selon la Maison Blanche. Il aura suffi à Donald Trump d'un trait de stylo pour gracier quelque 1 270 personnes reconnues coupables de leur participation à l'assaut du Capitole en 2021, par le biais d'un décret présidentiel signé lundi 20 janvier. Lors de son premier mandat, Donald Trump n’avait utilisé cette prérogative présidentielle qu'au bénéfice de 143 personnes, d’après les chiffres du Pew Research Center(Nouvelle fenêtre).

Cette grâce bénéficie à l'ensemble des personnes condamnées pour participation à l'assaut du Capitole, à l'exception de 14 membres des mouvements d'extrême droite Oath Keepers et Proud Boys, dont la peine est commuée en période de prison déjà purgée. Parmi ces derniers figure Stewart Rhodes, le fondateur de la milice Oath Keepers, initialement condamné à 18 ans de prison.

Ces annonces de Donald Trump constituent le point d’orgue d’une entreprise du républicain pour réécrire l’histoire des événements du 6 janvier 2021 qui avaient vu ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, tenter d'empêcher la certification de la victoire de Joe Biden. Au-delà de leur dimension symbolique, elles permettent à des individus lourdement condamnés de recouvrer leur liberté. Franceinfo vous en dit davantage sur leurs profils.

Enrique Tarrio, ancien chef des Proud Boys
Parmi les bénéficiaires d'une grâce intégrale, on trouve Enrique Tarrio, l'ancien leader des Proud Boys. Le quadragénaire avait été condamné à 22 ans de prison pour conspiration séditieuse, soit la plus longue peine prononcée contre une personne accusée de l'émeute du 6 janvier 2021. Si Enrique Tarrio ne se trouvait pas à Washington ce jour-là, le juge avait malgré tout estimé qu'il "était le dirigeant ultime du complot", quelque 200 membres des Proud Boys ayant pris d'assaut le Capitole, siège du Congrès américain. L'ancien leader du groupe néofasciste avait été reconnu coupable d'avoir comploté pour s'opposer violemment au transfert du pouvoir après les élections de 2020.

Après avoir été incarcéré pendant un peu plus d'un an, Enrique Tarrio est désormais en liberté et ses droits civiques sont rétablis, comme l'explique CNN(Nouvelle fenêtre). En bénéficiant de la grâce de Donald Trump, il peut de nouveau voter ou acheter une arme. "Cela symbolise un tournant pour notre nation", a réagi son avocat, Nayib Hassan, dans un communiqué. "Il est ravi d'avoir été libéré", a-t-il ajouté devant le palais de justice fédéral du centre-ville de Miami, mardi, rapporte CBS News(Nouvelle fenêtre).

Jacob Chansley, symbole de l'assaut du capitole
Un autre nom bien connu figure sur la liste des graciés : Jacob Chansley, 36 ans. "Chaman" autoproclamé et adepte des théories du complot de la nébuleuse QAnon, il avait participé à l'assaut du Capitole. Aussi connu sous le nom de Jake Angeli, il s'était introduit dans l'hémicycle du Sénat, s'était assis sur la chaise réservée au vice-président Mike Pence et avait laissé une note sur laquelle on pouvait lire : "Ce n'est qu'une question de temps, la justice arrive !"

L'homme originaire de Phoenix, dans l'Arizona, avait été arrêté quelques jours après les faits et avait plaidé coupable en septembre 2021 d'entrave à une procédure officielle. Il avait été condamné à 41 mois de prison et avait recouvré sa liberté au printemps 2023. Il a annoncé sur son compte X mardi avoir obtenu la grâce de Donald Trump. "MAINTENANT JE VAIS ACHETER DES PUTAIN D'ARMES !!! J'AIME CE PAYS !!", a-t-il ajouté, après avoir remercié le 47e président des Etats-Unis.

Pam Hemphill, émeutière repentie
Plus surprenant, une condamnée dans l'affaire de l'assaut du Capitole, Pam Hemphill, a refusé la grâce de Donald Trump. La septuagénaire considère que ce "serait une insulte pour la police du Capitole et l'Etat de droit". "J'ai plaidé coupable parce que j'étais coupable et nous savons bien qu'ils sont tous coupables", dit-elle. Elle a confié à la BBC(Nouvelle fenêtre) se sentir "très inquiète" des conséquences du décret de Donald Trump. "Ce sont des gens très dangereux", a-t-elle estimé, évoquant notamment les membres des Oath Keepers et des Proud Boys.

Ross Ulbricht, créateur d'un site illégal de vente de drogues
Donald Trump a annoncé mardi sur son réseau, Truth Social, avoir gracié le créateur du site illégal Silk Road, qui a servi de plateforme en ligne pour la vente de millions de dollars de drogues à travers le monde. Ross Ulbricht avait été condamné en 2015 à la perpétuité pour trafic de stupéfiants et opérations commerciales illégales. Son site, créé en janvier 2011, a servi à vendre de nombreux biens illégaux sur le darkweb, dont 200 millions de dollars de drogues (environ 190 000 euros), avant d'être fermé par la police fédérale américaine en octobre 2013.

Donald Trump avait promis de le libérer lors d'un discours en mai devant la convention du Parti libertarien, un mouvement marginal qui prône les libertés individuelles et un rôle minimal du gouvernement. Le cas du Californien Ross Ulbricht était devenu célèbre dans les cercles libertariens, qui dénonçaient sa condamnation comme une atteinte aux principes du libre marché. En promettant de le gracier, le républicain s'était assuré du soutien des membres du Parti libertarien.

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