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Epinglé par «Mediapart», Cyril Hanouna en une de «Paris Match» pour sa «romance» avec la fille de Brigitte Macron
L’hebdomadaire révèle ce mercredi 19 mars la relation entre l’animateur de «TPMP» et la belle-fille du président de la République,
dans un numéro publié opportunément au lendemain d’une enquête de Mediapart sur la violence entourant Hanouna et son émission.
La couverture a tous les atours du contre-feu. Voilà plusieurs semaines que bruissait l’improbable rumeur d’une «romance» entre Cyril Hanouna et l’avocate Tiphaine Auzière, la fille de Brigitte Macron, recrutée comme chroniqueuse dans Touche pas à mon poste cette saison. Et voilà Paris Match qui officialise mercredi 19 mars, avec force formulations sirupeuses, l’«histoire d’amour naissante» entre la «femme de raison» de 41 ans et le «provocateur» de neuf ans son aîné, la «frêle blonde» et le «petit gars de la ville jusqu’au bout de ses tatouages», la «macroniste de choc» et le «poil à gratter du président de la République».
Sur la couverture de l’hebdomadaire détenu par Bernard Arnault, en kiosques ce jeudi, voilà donc une paparazzade du couple engloutissant des pizzas dans un restaurant du VIIIe arrondissement de Paris, le 13 mars. Le papier, qui ne contient aucune autre information que la révélation de leur relation, a été écrit par un certain Martin Faure, dont c’est le premier (et donc le seul) article pour Paris Match.
Certainement un pseudonyme, comme cela peut se faire pour ce genre de paparazzade, nous indique un bon connaisseur de l’hebdomadaire. Contactée, la direction de Paris Match n’a, elle, pas répondu aux sollicitations de Libération.
Une paparazzade avec Bardella bloquée
S’agit-il seulement d’une vraie ou fausse planque ? La combine est bien connue : parfois, dans la presse people, la photo volée n’est en réalité qu’une mise en scène, pas toujours subtile, résultat d’une entente entre les paparazzés et le paparazzi. Un ancien «planqueur» de Paris Match relève auprès de Libération plusieurs incohérences dans cette couverture, de quoi brouiller un peu les pistes : «Ce n’est pas une bonne photo par rapport à l’information, puisqu‘il n’y a aucun geste qui vient confirmer qu’il s’agit d’une idylle. Si on regarde la photo, Hanouna est simplement en train de dîner avec une de ses collaboratrices. Quand on est en planque, on n’attend qu’une chose, c’est le geste, le “main dans la main”, la caresse sur la joue. Dans cette histoire, c’est un peu à l’envers, c’est le texte qui vient donner une information qui n’est pas présente sur la photo. Dans le Paris Match de la grande époque, on ne se serait certainement pas contenté de cette photo-là.» Pour lui alors, sans une preuve présente sur la photo, «l’information de l’idylle ne peut qu’avoir été confirmée au journal par les intéressés».
La couverture de Paris Match apparaît surtout opportune au lendemain de la publication d’une enquête de Mediapart racontant les méthodes simili-mafieuses de Cyril Hanouna en coulisses de Touche pas à mon poste. Méthodes qui s’appliquaient justement au contrôle de son image dans la presse, du fait, notamment, de sa proximité avec Mimi Marchand. Mediapart raconte ainsi comment l’animateur a réussi, par l’entremise de la «papesse de la presse people» à bloquer la publication de photos d’un paparazzi le montrant entretenant une autre «idylle» : une soirée en compagnie du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, l’été dernier dans la maison de vacances d’Hanouna à Saint-Tropez.
Dans le reste de ses révélations, Mediapart revient sur plusieurs épisodes de violences physiques ou verbales autour de Touche pas à mon poste. Notamment le passage à tabac, en loges, de Sofiane Mejot, ancien manager de l’humoriste Malik Bentalha, alors que ce dernier est en plateau. «Un véritable guet-apens prémédité dans les locaux de la Canal Factory», le lieu de tournage de l’émission, comme le rapporte un témoin. Les faits se seraient déroulés le 2 octobre 2019. Frappé à coups de poing et de casque, Mejot en serait sorti grièvement blessé au dos. En cause, notamment, un proche d’Hanouna, Jean-Rachid Kallouche, producteur de musique qui entretenait un différend avec le manager à propos de la carrière de Bentalha. «Tout est faux, je ne suis pas violent, a répondu l’intéressé à Mediapart. Il n’y a jamais eu d’agression. C’est une affaire classée.»
«Je te mets en sang»
Le site d’investigation révèle aussi les menaces en coulisses de Cyril Hanouna contre son chroniqueur Matthieu Delormeau, en retrait de Touche pas à mon poste plusieurs mois. Mediapart a ainsi mis la main sur un enregistrement de propos tenus en plateau (mais hors antenne) le 13 février 2023. Après lui avoir reproché de ne pas rire à ses blagues, Hanouna le menace : «T’aurais pas été mon ami, sur la tête de ma mère, on est dans la rue, je te mets en sang, déclare l’animateur. On est dans la rue tous les deux comme ça, je te mets en sang. Je te le dis…» Des propos contestés par l’avocat de Cyril Hanouna, maître Stéphane Hasbanian, qui rappelle «qu’à la coupure publicité, il y a plus de cent personnes autour de lui sur le plateau» et que l’animateur n’aurait «aucun problème» avec Matthieu Delormeau.
Enfin, dans une autre enquête, Mediapart revient sur les émoluments perçus par les chroniqueurs… et certains invités de TPMP. H2O, la boîte de production de l’émission, aurait ainsi payé 3 000 euros pour que l’ancienne candidate de Loft Story Loana apparaisse dans l’émission du 5 février 2024 pour évoquer le viol dont elle a été victime. La séquence, durant laquelle la star de télé-réalité subit les moqueries de chroniqueurs de TPMP à cause de ses difficultés d’élocution, avait valu à la chaîne C8 une mise en demeure de l’Arcom pour non-respect de son «obligation de retenue dans la diffusion d’images susceptibles d’humilier les personnes» et «obligation de maîtrise de l’antenne».
Parmi les autres invités rémunérés, on trouve Alexandre Benalla, 3 000 euros pour deux émissions comme «consultant sécurité», ou Christine Kelly, pourtant salariée par le groupe Canal +, venue évoquer les menaces de mort dont elle était la cible en janvier 2024 contre un chèque de 1 088 euros.
Reste, finalement, la stratégie de Paris Match dans cette histoire. Racheté par Bernard Arnault en octobre 2024, le magazine renoue, grâce à cette couverture, avec son ADN de «coups» people, qu’il avait un peu perdu durant ses années dans le giron de Vincent Bolloré.
Plusieurs anciens journalistes du magazine pointent aussi qu’il s’agit surtout d’une tentative, pour Match, de faire remonter des ventes toujours moroses, plombées par les années Bolloré : la diffusion payée individuelle de l’hebdomadaire tournait autour des 295 000 exemplaires en moyenne en 2024, 100 000 de moins qu’en 2019, selon les données de l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias. Enfin, la couverture de jeudi pourrait bien aussi traduire un certain lâchage de Bernard Arnault envers l’Elysée : «
Il est de notoriété publique qu’Arnault est mécontent de la politique fiscale du gouvernement, analyse un observateur avisé. Pour les Macron, c’est le signal qu’ils ne bénéficient plus de protection. Ça peut ouvrir la voie à d’autres mauvaises surprises.»
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