
Condamnation de Marine Le Pen : quand un cadre du RN réclamait la démission d’un député inéligible.
En août 2019, après la condamnation du LREM Mustapha Laabid, l’élu européen Gilles Pennelle demandait son départ de l’Assemblée nationale, estimant «trop facile de faire appel».
Fut un temps où le parti cofondé par Jean-Marie Le Pen et d’anciens SS vantait sa pureté judiciaire et n’avait pas de mots assez durs pour ceux qui, ayant franchi la ligne, étaient rattrapés par la patrouille. Nouvel exemple avec l’eurodéputé Gilles Pennelle. Proche de Philippe Olivier, éminence grise et beau-frère de Marine Le Pen, Pennelle a été l’artisan du fumeux «plan Matignon» préparé par le RN et destiné à le porter au pouvoir en cas d’élections législatives anticipées. Avec un succès qu’on jugera poliment de modéré.
C’est ce même Pennelle qui en août 2019 ciblait le député LREM d’Ille-et-Vilaine Mustapha Laabid, condamné en première instance pour abus de confiance à six mois de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et surtout trois ans d’inéligibilité. Elu lui aussi de Bretagne, notre lepéniste s’insurgeait et réclamait le départ de l’élu de l’Assemblée. C’est donc là qu’on rigole car les demandes de Pennelle résonnent drôlement aujourd’hui. «C’est trop facile de faire appel ! lançait cet ancien membre de la direction du RN à France 3. L’inéligibilité, c’est une peine grave ! Son parti devrait demander à Laabid de démissionner.» Et le même d’estimer que «si Emmanuel Macron et ses amis incarnaient vraiment une nouvelle façon de faire de la politique, ils devraient demander la démission de ce député pour sortir par le haut de cette affaire».
«Prétendue moralisation»
Mais soyons honnête : Pennelle n’a pas été le seul à prôner la fermeté contre Laabid. Le conseiller régional RN de Bretagne Emeric Salmon réclamait aussi «le retrait définitif de Laabid de la vie politique et l’organisation d’une élection législative anticipée». Le lepéniste moquait aussi un jugement «loin de la prétendue moralisation de la vie publique […] annoncée par les macronistes». Ce n’est pas au parti qui se vantait d’avoir la «tête haute» et les «mains propres» qu’on verrait de pareilles choses.
Oui, une semaine après la condamnation en première instance de Le Pen, du RN et d’une flopée d’autres huiles d’extrême droite pour détournement de fonds publics, le souvenir de ces déclarations de matamores est savoureux. On sent des boums et des bangs agiter leurs cœurs blessés, la sévérité comme un boomerang leur revient des jours passés.
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