Ces copiés collés de libération sont pénibles.Corvo a écrit : ↑10 avril 2025 07:50 Pour l’historien Robert Hirsch, le récent voyage de Nétanyahou à Budapest montre la volonté du Premier ministre israélien de modifier le centre de gravité de l’histoire juive contemporaine. Il rappelle le lien du monde juif avec l’antifascisme, qui l’a longtemps structuré politiquement.
Ces temps sont décidément troublés… et troubles. La réception de Nétanyahou à Budapest en est un signe. L’extrême droite hongroise reçoit le dirigeant israélien, dont on sait la responsabilité dans le massacre en cours à Gaza. Cette visite intervient quelques jours après l’invitation à Jérusalem de Jordan Bardella et de Marion Maréchal, venus parler de… l’antisémitisme en France !
Qu’elle soit au pouvoir comme en Hongrie ou à ses portes comme en France, l’extrême droite cherche à prendre ses distances avec ce qu’elle fut au XXe siècle. Par la «dédiabolisation» mariniste en France. Par le travestissement de l’histoire en Hongrie, où Viktor Orbán réhabilite bruyamment le régent Horthy, au pouvoir pendant l’essentiel de la Seconde Guerre mondiale, notamment lors de la déportation de 437 000 Juifs hongrois au printemps 1944. Viktor Orbán tente de faire de Miklós Horthy un «bouclier», tel que les partisans de Pétain l’ont longtemps tenté pour le régime de Vichy, prétention contredite par les travaux des historiens.
Dans le même temps, le dirigeant de la Hongrie mène une politique discriminatoire, particulièrement envers les Tsiganes, déjà ciblés par Hitler. Depuis le début des années Orbán, ils sont victimes d’agressions, parfois mortelles. Le dirigeant hongrois justifie sa politique par des mots qui sentent le IIIe Reich, revendiquant une «race hongroise non mixte» (le Parisien du 25 juillet 2022). L’antisémitisme n’est pas absent de ses préoccupations, visant notamment le milliardaire d’origine magyare George Soros, accusé de favoriser l’immigration.
Cette fable antisémite, qui veut que les Juifs prêtent la main à un mythique «grand remplacement» est au cœur de la rhétorique d’extrême droite dans le monde. Elle était présente dans la revendication de l’attentat contre une synagogue de Pittsburgh, qui fit onze morts en 2018. Elle réapparaît il y a quelques semaines dans le discours du député du Rassemblement national Julien Odoul, considérant sur X (ex-Tweeter) le 12 mars dernier que le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a «soutenu toutes les politiques d’immigration massive».
Le Rassemblement national retombe en effet souvent sur ses fondamentaux, comme l’a démontré l’enquête sur ses candidats et candidates aux élections législatives de 2024. Comme le montrent les rapports de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), confirmant que l’électorat du RN est celui dans lequel les préjugés antisémites sont les plus répandus. Pourtant, le gouvernement israélien, qui se dit soucieux de lutte contre l’antisémitisme, accueille ses représentants.
L’extrême droite israélienne, l’histoire et la mémoire juive
Cette visite de Jordan Bardella et de Marion Maréchal trouve sa cohérence dans l’évolution de la droite et de l’extrême droite israélienne de ces dernières années.
Devant le Congrès sioniste mondial, en 2015, Nétanyahou affirme péremptoirement, en brodant à sa manière sur un épisode de 1941 : «Hitler ne voulait pas à l’époque exterminer les Juifs, il voulait expulser les Juifs. Et Haj Amin al-Husseini est allé voir Hitler en disant : “Si vous les expulsez, ils viendront tous ici.” “Que dois-je faire d’eux ?” demanda-t-il. Il a répondu : “Brûlez-les.”» (le Monde du 21 octobre 2015).
Cette déclaration déclencha un tollé en Israël. On sait que le grand mufti de Jérusalem, alors responsable du mouvement national palestinien, fut un collaborateur zélé du nazisme. Mais qu’il soit décrit comme l’inspirateur de Hitler, grotesque et sinistre manipulation, ne peut abuser personne. Cela ne peut que dédouaner le nazisme.
Quelques années plus tard, en 2018, le Premier ministre israélien récidive. Il accepte une déclaration commune avec le gouvernement polonais très à droite, expliquant que de «nombreux Polonais» avaient aidé les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce que conteste le mémorial Yad Vashem de Jérusalem, qui s’exprime ainsi : «L’aide des Polonais aux Juifs pendant la Shoah a été relativement rare et les attaques contre les Juifs et même leur meurtre étaient des phénomènes courants.» (l’Express, 8 juillet 2018). Le Monde du 6 juillet 2018 en tirait la conclusion suivante : «Le Premier ministre israélien a accordé la priorité au présent, aux intérêts immédiats d’Israël.» C’est surtout l’intérêt de l’extrême droite. Exit donc l’histoire et la mémoire de la Shoah au profit des relations de Nétanyahou avec des gouvernements qui lui ressemblent.
Il cherche à tourner les Juifs contre le monde arabo-musulman plutôt que contre le fascisme européen et ses héritiers. Et ce au mépris de l’histoire.
L’antifascisme, au cœur de l’histoire contemporaine des Juifs
En recevant les héritiers du fascisme du XXe siècle, en s’acoquinant avec l’un des régimes les plus réactionnaires d’Europe, Nétanyahou tente de modifier le centre de gravité de l’histoire juive contemporaine. Cette mauvaise action se heurte à de fortes résistances : en France, ce ne sont pas seulement des mouvements progressistes comme le Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (Raar) ou Golem qui ont contesté la visite honteuse. Mais aussi le Crif. Aux Etats-Unis, Anti-Defamation League (la principale organisation de lutte contre l’antisémitisme) a boycotté l’événement de Jérusalem.
Il y a, en effet, un enjeu essentiel à ce que soit maintenu le lien du monde juif avec l’antifascisme, qui l’a longtemps structuré politiquement. La condamnation de la politique menée par Nétanyahou est à cet égard une urgence. Mais il convient également que la gauche tout entière se réapproprie la lutte contre l’antisémitisme et bannisse de ses rangs les dérives trop nombreuses de ces dernières années. Afin que la mémoire de la Shoah continue de protéger contre toutes les oppressions.
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Oui Orban ou le RN sont de droite. Non ils ne sont pas antisémites, même si Orban déteste Soros ou que l'on trouve encore des antisémites dans les rangs du RN.
Les liens entre l'antifascisme ( catalogué essentiellement à gauche) et les juifs s'expliquaient aisément après la guerre. Aujourd'hui le soutien gauchiste au Hamas pousse les juifs vers une droite qui a pris soin de se dédiaboliser. Rien de surprenant la dedans.