Par ici les Poètes

Musique, cinéma, télévision, radios, internet, poèmes, essais, books.... ...
Répondre
Avatar du membre
elaine
Petit Posteur
Petit Posteur
Messages : 9
Enregistré le : 19 août 2017 16:20
Localisation : Chez moi

Par ici les Poètes

Message par elaine »

À Jeanne

Ces lieux sont purs ; tu les complètes.
Ce bois, loin des sentiers battus,
Semble avoir fait des violettes,
Jeanne, avec toutes tes vertus.

L'aurore ressemble à ton âge ;
Jeanne, il existe sous les cieux
On ne sait quel doux voisinage
Des bons coeurs avec les beaux lieux.

Tout ce vallon est une fête
Qui t'offre son humble bonheur ;
C'est un nimbe autour de ta tête ;
C'est un éden en ton honneur.

Tout ce qui t'approche désire
Se faire regarder par toi,
Sachant que ta chanson, ton rire,
Et ton front, sont de bonne foi.

Ô Jeanne, ta douceur est telle
Qu'en errant dans ces bois bénis,
Elle fait dresser devant elle
Les petites têtes des nids.

Poète : Victor Hugo (1802-1885)
Recueil : Les chansons des rues et des bois (1865).

Modifié en dernier par elaine le 19 mars 2024 15:42, modifié 1 fois.
Avatar du membre
Cépajuste
Posteur VIP
Posteur VIP
Messages : 1272
Enregistré le : 18 août 2023 15:56

Re: Par ici les Poètes

Message par Cépajuste »

Bêtise de la guerre

Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile,
Berceuse du chaos où le néant oscille,
Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons,
Toute pleine du bruit furieux des clairons,
Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie,
Hideuse, entraîne l’homme en cette ivrognerie,
Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit,
Où flotte une clarté plus noire que la nuit,
Folle immense, de vent et de foudres armée,
A quoi sers-tu, géante, à quoi sers-tu, fumée,
Si tes écroulements reconstruisent le mal,
Si pour le bestial tu chasses l’animal,
Si tu ne sais, dans l’ombre où ton hasard se vautre,
Défaire un empereur que pour en faire un autre ?

Victor Hugo
L'année terrible, 1872
comptesupprimé3
Petit Posteur
Petit Posteur
Messages : 5
Enregistré le : 28 avril 2025 18:36

Re: Par ici les Poètes

Message par comptesupprimé3 »

Dans les sables.


Je voulais pour toi
Cueillir dans ce désert
une belle rose des sables

Et j’ai nourri la foi
Qui déplace les pierres
Et prononce l’ineffable

Dans l’âtre le feu s’est endormi
Désespéré de notre abandon
Le silence hurlait sa solitude

Lorsqu’à l’horizon l’aube surgit
Nous ne savions plus la direction
Nous errions sans certitude
Avatar du membre
Cépajuste
Posteur VIP
Posteur VIP
Messages : 1272
Enregistré le : 18 août 2023 15:56

Re: Par ici les Poètes

Message par Cépajuste »

Que la Vie en Vaut la Peine

C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
Il y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Aragon
Once
Posteur Titanesque
Posteur Titanesque
Messages : 6799
Enregistré le : 02 novembre 2020 08:46

Re: Par ici les Poètes

Message par Once »

Cépajuste a écrit : 13 mai 2025 11:26 Que la Vie en Vaut la Peine

C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
Il y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Aragon
Très beau poème. (Bon, il parle pour lui, hein !)

Donc voici un autre point de vue :


Bannières de mai
Arthur Rimbaud

Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange.
L’azur et l’onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je succomberai sur la mousse.

Qu’on patiente et qu’on s’ennuie
C’est trop simple. Fi de mes peines.
je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortunes
Que par toi beaucoup, ô Nature,
– Ah moins seul et moins nul ! – je meure.
Au lieu que les Bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.

Je veux bien que les saisons m’usent.
A toi, Nature, je me rends ;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne ;
C’est rire aux parents, qu’au soleil,
Mais moi je ne veux rire à rien ;
Et libre soit cette infortune.

Arthur Rimbaud, Derniers vers
Répondre

Retourner vers « CULTURE , MÉDIAS, LITTÉRATURE »