
L'employé TBM conduisait le bus de la ligne 23 lorsqu'il a été agressé. • © Jean-Christophe Colombo
"C'est un coup de poignard, même à mon ennemi je ne ferai pas ça." Ces mots, Jean-Christophe Colombo ne les a pas prononcés après son agression, mais en découvrant la sortie médiatique de Pierrick Poirier. Interviewé dans Le Figaro après que le conducteur de bus a été violemment pris à partie par un passager, le directeur général de Kéolis Bordeaux a reproché au conducteur d'être sorti de son poste de conduite. "Je vis ça plus mal que l’agression elle-même", assène la victime.
Il était 11 h 30, mercredi 7 mai 2025 à Villenave-d'Ornon quand les faits se sont déroulés. Tout est allé très vite. Des mots. Des insultes, deux coups de poing, un coup de tête. "En 28 ans, j’en ai vu des clients, affirme le conducteur de bus. Des insultes, j’en ai déjà reçues, mais là je ne sais pas ce qui m’a fait réagir. À part être un être humain, avec toutes les conséquences que ça peut avoir."
Quand Jean-Christophe Colombo reprend connaissance, il est au sol, une épaule en vrac. "J'ai deux ligaments qui ont lâché. Il a fallu recoller les morceaux, souffle l'homme en incapacité de travailler. Et psychologiquement c’est difficile à vivre." Le chauffeur a été opéré récemment. Il évoque une absence de quatre à cinq mois pour pouvoir conduire à nouveau.

La responsabilité du conducteur mis en cause par TBM
Après son agression, Jean-Christophe Colombo reçoit une vague de soutien. De la part de sa supérieure hiérarchique directe, et surtout des collègues conducteurs qui se mobilisent le 22 mai pour dénoncer la montée de la violence dans les transports.
Le directeur général de Kéolis, Pierrick Poirier, souligne toutefois la responsabilité de son employé. "Même si cette agression est inacceptable, le chauffeur a mis sa main sur l’épaule du client et quitté son poste de conduite pour aller au contact", expliquait-il à nos confrères du Figaro, moins d'une semaine après l'agression. Contactée, la société Kéolis a refusé de répondre à nos questions.
"On attend un soutien indéfectible, et je ne l’ai pas eu, déplore le conducteur. Est-ce que c’est le moment d’aller dans les journaux pour dénoncer son employé ? Je me pose la question. Je vois les collègues stupéfaits, choqués, en colère."
On n’est pas à Chicago. Les agressions ne se produisent pas plusieurs fois par jour, mais il y en a suffisamment. Elles sont régulières et de plus en plus graves.
Jean-Christophe Colombo
Conducteur de bus TBM
Le 28 mai, la société Keolis Bordeaux métropole mobilités envoie une lettre recommandée à Jean-Christophe Colombo. Une convocation à entretien préalable. "Nous sommes amenés à envisager à votre égard une sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'au licenciement."

Ça peut engendrer des sanctions, déplore-t-il. Jusqu’à un avertissement, une mise à pied. Un entretien, c’est déjà une sanction." Selon le conducteur, sa supérieure hiérarchique direct a officiellement refusé d’assister à cet entretien. "Je l’en remercie, elle a de l’humanité", salue-t-il.
Délégué syndical, Jean-Christophe Colombo a géré bon nombre d'agressions en tant qu'aidant, jamais en tant que victime. "Vous avez une fraction de seconde pour réfléchir. Le rôle d’un conducteur, ce n’est pas que de conduire. Si quelqu’un se fait agresser dans mon bus, il faut y aller."
Il entend bien se rendre à sa convocation hiérarchique le 17 juin prochain."
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