
Ce travail de 90 pages met pour la première fois des chiffres précis sur un phénomène souvent décrit mais rarement quantifié : en moins de dix ans la population afghane installée dans l’Hexagone est passée de 1 600 personnes recensées par l’Insee en 2007 à plus de 100 000 résidents en 2024, dont 3 000 nouveaux demandeurs d’asile enregistrés sur les cinq premiers mois de 2025 .
Un afflux inédit, visible dès 2015
Avant 2014, la France ne recevait qu’une poignée de dossiers – 472 premières demandes d’asile afghanes en 2014. Le tournant intervient lors de la « crise migratoire » : au niveau européen, la demande d’asile afghane bondit de 42 000 dossiers en 2014 à 195 000 en 2015, profitant de la suspension temporaire des règles de Dublin par l’Allemagne et de la fermeture rapide des pays nordiques . Quand la Suède et le Danemark abaissent leur taux de protection – 40 % en 2024 pour Stockholm contre plus de 70 % en France – le flux se « déporte » vers l’Hexagone, multipliant les mouvements secondaires de déboutés qui redéposent un dossier à Paris .
Un profil sociologique très particulier
L’étude confirme la domination masculine du flux : 85 % des demandes d’asile déposées entre 2015 et 2024 émanent d’hommes, et les femmes ne comptent que pour 18 % des titulaires d’un titre de séjour . Le capital scolaire est faible : 40 % déclarent n’avoir jamais été scolarisés, 19 % n’ont pas dépassé le primaire et, 18 mois après la fin du contrat d’intégration républicaine (CIR), 57 % restent sans emploi . Illustratif : 30 % des bénéficiaires du programme AGIR, censé accélérer l’accès à l’emploi et au logement, sont afghans .
Au-delà des indicateurs socio-économiques, Leschi pointe un décalage culturel massif. Un sondage Pew de 2013 révèle que 99 % des Afghans interrogés soutiennent l’instauration de la charia et 85 % approuvent la lapidation pour adultère . Ces normes se traduisent par des tensions sur la place des femmes et la laïcité. Les statistiques criminelles allemandes montrent une surreprésentation afghane dans les mises en cause pour délits sexuels ; les Afghans y représentent 0,5 % de la population mais 2,3 % des mis en cause, avec un pic pour les abus sur mineurs . L’auteur regrette l’absence de données équivalentes en France.
Le système d’asile français sous pression
Avec près de 120 000 places d’hébergement dédiées aux demandeurs d’asile – dont un cinquième dans des départements ruraux – le dispositif national d’accueil est constamment saturé . La forte attractivité du taux de protection hexagonal alimente la dynamique : en 2023 encore, 16 550 premières demandes afghanes ont été enregistrées, plaçant cette nationalité en tête devant les Guinéens et les Turcs .
La stratégie de répartition de l’OFII a dissipé l’idée d’un phénomène cantonné aux métropoles : des villes moyennes comme Vannes, Aurillac ou Colmar accueillent désormais des réfugiés afghans, souvent installés de façon durable dans les territoires où ils ont obtenu leur statut . Pour la Bretagne, cela signifie l’arrivée d’un public jeune, peu francophone et à l’employabilité limitée ; un défi pour les dispositifs linguistiques et les secteurs en tension (BTP, restauration, agro-alimentaire).
Leschi démontre que 41 % à 55 % des Afghans ayant déposé une première demande en France entre 2018 et 2023 avaient déjà tenté leur chance ailleurs dans l’UE, part retombée à 24 % en 2024 . Tant que les écarts de reconnaissance persisteront – de 11 % à 92 % selon les États membres en 2024 – les « pays offrants » comme la France resteront la destination naturelle d’un flux mobile .
Didier Leschi ne se contente pas de faire un état des lieux. Il pose une question fondamentale : la France peut-elle continuer d’accueillir une immigration aussi massive, aussi déséquilibrée, sans mettre en péril sa cohésion sociale et sa sécurité ?
Le rapport plaide pour :
. Une révision du droit d’asile afghan au regard de la situation réelle en Afghanistan.
. Un renforcement des contrôles aux frontières et des procédures de réadmission.
. Une coopération européenne accrue pour mettre fin au « tourisme d’asile ».
Si les regards médiatiques se tournent souvent vers les traversées en Méditerranée, le rapport de l’Observatoire montre que le cœur du problème est ailleurs, plus discret mais tout aussi massif. L’immigration afghane, loin d’être marginale, est désormais un phénomène structurel, qui pose problème."
Sources : https://www.breizh-info.com/2025/06/06/ ... -fondapol/
+ https://www.fondapol.org/etude/limmigra ... en-france/