ANALYSE•Mardi, un adolescent de 14 ans a tué de sang-froid une surveillante de son collège en Haute-Marne. Un crime qui fait écho à plusieurs affaires survenues ces dernières semaines. Assiste-t-on à une augmentation de la délinquance des plus jeunes ?
Quel regard porter sur une telle affaire ? Selon un sondage paru au lendemain du drame sur BFM*, 87 % des personnes interrogées estiment que ce drame traduit une « montée réelle de la violence des mineurs ». Ce crime fait effectivement écho à plusieurs affaires survenues ces dernières semaines. Le meurtre d’une lycéenne à Nantes par un de ses camarades, fin avril. La mise en examen, la semaine dernière, d’un jeune de 16 ans pour l’assassinat à Dax, le soir de la victoire du PSG, d’un ado de 17 ans. « Un fait ne fait pas forcément une tendance. Lorsqu’il y a un accident d’avion, cela ne signifie pas que la sécurité aérienne dans son ensemble est défaillante », prévient d’emblée Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS et auteur de La nation inachevée : la jeunesse face à l’école et la police**.
Une légère augmentation des mineurs impliqués dans des homicides, mais…
Alors, que disent les chiffres ? Les données compilées par le SSMSI – le service statistique du ministère de l’Intérieur – font état d’une baisse globale de la délinquance des mineurs. Entre 2017 et 2024 dans cette catégorie d’âges, les mis en cause pour des violences volontaires ou de vols avec arme ont diminué de 6 % ; ceux soupçonnés dans les affaires de vols violents ont presque diminué de moitié. La principale augmentation concerne les violences sexuelles, + 104 % sur la période. « Cela ne signifie pas que les atteintes à caractère sexuel ont augmenté d’autant, car ce sont des affaires qui sont de mieux en mieux identifiées, et donc de plus signalées », précise le sociologue.

Mais ces statistiques sont à relativiser car dans le même temps, le nombre total d’homicides a également augmenté. Ainsi, la part des mineurs mis en cause dans des homicides est restée relativement stable pendant toute cette période, entre 7 et 10 %. Quant aux chiffres du ministère de la Justice compilés par France Info, ils indiquent que les mineurs représentent en moyenne 6 % des condamnations pour meurtre, un chiffre également stable depuis dix ans.