
Le groupe UDR a fait adopter trois textes sur quatre en commission, notamment l’interdiction du mariage pour les étrangers en situation irrégulière, grâce à des abstentions dans le camp présidentiel et des absences à gauche.
«Trois victoires majeures pour notre groupe UDR en commission !» s’est réjoui Eric Ciotti lundi 6 juin au soir dans un message sur X dûment relayé auprès de la presse. Le petit groupe allié du RN a en effet fait adopter trois de ses quatre propositions de loi (PPL) examinées par la commission des lois, avant sa niche parlementaire en séance le 26 juin. Et notamment le texte interdisant tout mariage à une personne sans papiers, qui posait un éminent dilemme aux macronistes, coincés entre deux mauvaises solutions pour eux. D’un côté, s’associer à l’extrême droite pour voter cette PPL, vouée à une censure du Conseil constitutionnel en raison du «respect de la liberté du mariage». De l’autre, rejeter un texte initialement présenté par un sénateur centriste et soutenu par Gérald Darmanin et Emmanuel Macron, et prêter le flanc aux procès en inaction face à l’immigration illégale.
Finalement, la PPL a été adoptée avec les voix de LR mais sans celles du camp présidentiel, un seul de ses élus l’ayant approuvée, selon nos informations : Sébastien Huyghe, ex-LR et apparenté au groupe EPR. Les autres ont voté «contre», à l’exception d’«une ou deux abstentions», précisent plusieurs participants. Un cadre macroniste ajoute : «Les uns s’y sont opposés sur le principe, d’autres sur la constitutionnalité et d’autres encore, les deux.»
PPL spéciale Marine Le Pen
Malgré l’opposition conjointe d’une gauche pas suffisamment mobilisée, cela n’a pas empêché l’UDR de décrocher ce premier succès. Annonciateur d’une adoption définitive en séance dans dix jours ? Pour l’éviter, «il faudrait que tout le monde soit très mobilisé ; ce n’était pas le cas [hier], ni dans le bloc central ni au NFP», fait remarquer notre cadre. Un député macroniste juge «probable» mais «pas certaine» une adoption dans l’hémicycle, comptant sur une meilleure mobilisation à l’avenir.
S’il se gargarise de ses «trois victoires majeures», Ciotti ne s’attarde en revanche pas sur son gros échec de la soirée : le rejet de la PPL spéciale Marine Le Pen visant à interdire l’exécution immédiate de peines d’inéligibilité, un texte imaginé en réaction à la condamnation de la leader du RN dans l’affaire des assistants fictifs d’eurodéputés du parti d’extrême droite. Après un imbroglio sur le nombre de votants, l’article unique a été supprimé à 23 voix contre 21, malgré le soutien de l’alliance RN-UDR et de députés LR, rapporte l’AFP. Là encore, rendez-vous dans l’hémicycle pour un verdict définitif, le 26 juin.
https://www.liberation.fr/politique/la- ... KNNJ4K3BM/