L'UE est gangrenée par les espions, russes en particulier.Imaginez une dame de 75 ans, lunettes sur le nez, tailleur sobre, une présence discrète au Parlement européen depuis 2004. Tatjana Ždanoka, c’est elle. Pendant des années, elle a incarné la défense de la minorité russophone en Lettonie. Mais sous ses airs de militante paisible se cachait, selon une enquête explosive, une véritable taupe du Kremlin.
Une série de révélations menées par le média d’investigation The Insider, en collaboration avec le suédois Expressenet un média estonien, a fait trembler les institutions européennes : Ždanoka aurait agi comme agente du FSB, les services secrets russes, depuis au moins 2005.
Une carrière sous double identité
Tatjana Ždanoka est née à Riga, en pleine époque soviétique. Militante du Parti communiste jusqu’à l’indépendance lettone, elle obtient sa citoyenneté lettone en 1996 et entame sa carrière européenne en 2004. Elle devient la première eurodéputée russophone, réélue sans discontinuer jusqu’en 2024.
Mais derrière ce parcours officiel, une autre réalité se dessinait. Depuis 2005, elle aurait collaboré activement avec deux officiers du FSB, Dmitry Gladey (jusqu’en 2013), puis Sergei Beltyukov, alias "Sergey Krasin".
Les preuves sont accablantes : des emails détaillés, des rapports sur ses activités parlementaires, des demandes de financement russe et l’organisation d’événements pro-Kremlin sont aujourd’hui rendus publics.
Des preuves par e-mail… et des rendez-vous à Moscou
Les documents obtenus montrent une correspondance régulière entre Ždanoka et ses agents traitants. En 2007, elle adresse à Gladey un rapport détaillant une audition publique organisée sur le traitement des manifestants prorusses en Estonie. Le ton est froid, bureaucratique, mais l’objectif limpide : influencer l’agenda européen au profit du Kremlin.
Elle aurait aussi demandé des fonds russes pour soutenir ses activités politiques — une ingérence directe et assumée.
Autre élément troublant : des rencontres physiques à Moscou ou à Bruxelles, loin du tumulte médiatique, et la mention récurrente de missions accomplies ou à venir. On est à deux doigts du roman d’espionnage, sauf que tout est documenté.
Activités troubles et amitiés dangereuses
Ždanoka n’en est pas à son premier flirt avec l’autoritarisme. En 2014, elle se rend en Crimée pour “observer” le référendum illégal organisé par la Russie après l’annexion du territoire. En 2016, elle est aperçue en visite officielle en Syrie, où elle rencontre le dictateur Bachar al-Assad, malgré le refus du Parlement européen de financer le déplacement.
Ces actes, à l’époque dénoncés mais relativisés, prennent aujourd’hui une toute autre dimension à la lumière des accusations d’espionnage.
Une réaction en chaîne à Bruxelles
La révélation de ses activités d’agent a déclenché une tempête politique. Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, a saisi immédiatement le Comité consultatif sur le code de conduite. Une enquête interne est en cours, et l’affaire a été inscrite à l’agenda de la Conférence des présidents de groupes politiques.
En parallèle, les services de sécurité lettons ont également ouvert une enquête pénale. Ždanoka, qui avait déjà été interdite de se présenter aux élections en 2002 en raison de son passé communiste, dénonce une nouvelle “chasse aux sorcières”.
Des figures européennes inquiètes
La députée suédoise Alice Bah Kuhnke, membre des Verts, a qualifié ces révélations de “terribles mais peu surprenantes”, dénonçant les méthodes bien connues du régime de Vladimir Poutine. De son côté, Rebecca Harms, ancienne députée verte, regrette de n’avoir pas réussi à convaincre plus tôt ses collègues de la dangerosité de Ždanoka.
Le Kremlin contre-attaque
Sans surprise, la Russie a sorti les grands mots. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a dénoncé une “nouvelle forme de maccarthysme”, comparant l’affaire aux purges anti-communistes des années 1950 aux États-Unis.
“Combien de gens ont été arrêtés alors, ont été jetés en prison pour avoir été accusés de relations avec le KGB ? C’est la même chose.” – Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin
Une rhétorique bien rodée pour décrédibiliser les enquêtes européennes et inverser les rôles.
Une Europe vulnérable
L’affaire Ždanoka arrive dans un contexte déjà tendu, deux ans après le Qatargate, ce scandale de corruption impliquant des eurodéputés achetés par le Qatar et le Maroc. Elle jette une lumière crue sur les failles structurelles de l’Union européenne en matière de sécurité institutionnelle.
La question est simple : comment une élue soupçonnée d’espionnage actif a-t-elle pu siéger librement pendant 20 ans ? Où étaient les garde-fous ? Quid du contrôle éthique et du contre-espionnage dans les institutions européennes ?
Espionne ou militante sincère ?
Tatjana Ždanoka nie toute accusation. Mais sa ligne de défense reste floue : elle prétend ne pas connaître “Sergey Krasin”, pseudonyme de son agent traitant, mais n’a pas répondu aux questions sur ses relations passées avec Beltyukov. Peut-on croire qu’il ne s’agissait que de convictions prorusses sincères ? Ou est-ce une manipulation bien huilée orchestrée depuis Moscou ?
Une affaire qui fera date
Quelles que soient les conclusions de l’enquête, cette affaire va faire école. Elle deviendra un cas d’école dans la formation des agents européens de renseignement. Et un test de crédibilité pour les institutions européennes, à l’heure où la guerre d’influence est partout, même dans les urnes.
Conclusion : et maintenant ?
L’affaire Ždanoka ne fait que commencer. Mais elle soulève déjà une question brûlante : combien d’autres agents dormants siègent encore au Parlement européen, habillés de démocratie mais œuvrant pour d’autres intérêts ?
Et vous, croyez-vous que l’Union européenne est prête à affronter cette guerre invisible qui se joue au cœur même de ses institutions ?
Tatjana Zdanoka : l’espionne qui siégeait à Strasbourg
- LeGrandNoir
- Posteur TOP VIP
- Messages : 2991
- Enregistré le : 02 octobre 2016 00:09
Tatjana Zdanoka : l’espionne qui siégeait à Strasbourg
Tatjana Zdanoka : l’espionne qui siégeait à Strasbourg
“Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes." Jacques-Bénigne Bossuet.
-
- Posteur DIVIN
- Messages : 16999
- Enregistré le : 25 août 2020 20:42
Re: Tatjana Zdanoka : l’espionne qui siégeait à Strasbourg
Youpi, on en a trouvé une sur les 1492.
- gare au gorille
- Rang beau gosse d'Interaldys
- Messages : 26391
- Enregistré le : 30 octobre 2016 18:53
Re: Tatjana Zdanoka : l’espionne qui siégeait à Strasbourg
S'il n'y avait que les espions russes au parlement Européen !!
https://www.cnews.fr/monde/2022-12-11/v ... oupcons-de
* il pleut doucement sur la ville *
* Et le poète soul engueulait l' Univers *
(Rimbaud)
* Et le poète soul engueulait l' Univers *
(Rimbaud)
- Corvo
- Rang beau gosse d'Interaldys
- Messages : 28235
- Enregistré le : 31 décembre 2018 07:01
Re: Tatjana Zdanoka : l’espionne qui siégeait à Strasbourg
Courrier International avait sortie cette affaire le 31 décembre 2024.
Lettonie. La députée européenne Tatjana Zdanoka soupçonnée d’être un “agent des services secrets russes”
Selon une enquête menée par le site indépendant russe “The Insider”, la députée européenne lettone Tatjana Zdanoka aurait travaillé pendant des années pour le FSB, le service de renseignement russe. Des accusations repoussées par l’intéressée, malgré les échanges de courriels que le média apporte pour preuve.
Lecture 2 min. Publié le 31 janvier 2024 à 18h14, mis à jour le 31 janvier 2024 à 19h22
https://www.courrierinternational.com/a ... ets-russes
Lettonie. La députée européenne Tatjana Zdanoka soupçonnée d’être un “agent des services secrets russes”
Selon une enquête menée par le site indépendant russe “The Insider”, la députée européenne lettone Tatjana Zdanoka aurait travaillé pendant des années pour le FSB, le service de renseignement russe. Des accusations repoussées par l’intéressée, malgré les échanges de courriels que le média apporte pour preuve.
Lecture 2 min. Publié le 31 janvier 2024 à 18h14, mis à jour le 31 janvier 2024 à 19h22
https://www.courrierinternational.com/a ... ets-russes