https://france3-regions.franceinfo.fr/b ... 76487.htmlLa cour administrative d'appel de Nantes a reconnu la responsabilité des algues vertes dans la mort de Jean-René Auffray, ce joggeur décédé en 2016 dans une vasière polluée aux algues vertes à Hillion dans les Côtes-d'Armor. C'est une première. L'État devra indemniser ses proches.
"C’était inespéré, c’est incroyable, lâchent Rosy et Yann, respectivement la femme et le fils de Jean-René Auffray, c’est une grosse surprise. Forcément, on avait de l’espoir, mais entre espérer et gagner, il y a un monde. C’est le combat d’une vie... c’est une belle victoire". Et une première.
La cour administrative d’appel de Nantes a reconnu l’État responsable à 60 % de la mort de leur père et mari, Jean-René Auffray. Son corps sans vie avait été retrouvé par sa femme et ses filles, envasé dans les algues vertes, le 8 septembre 2016, sur la plage d’Hillion, à 300 mètres du lieu où 36 sangliers et deux chiens ont également trouvé la mort en 2011 et 2016. L’homme âgé de 50 ans était parti courir.
Ce 24 juin, la Cour d'appel de Nantes reconnaît donc officiellement qu’un homme est mort à cause de l’inhalation de gaz sulfuré causé par les algues vertes.
En raison des carences de l’État dans la mise en œuvre de la réglementation européenne et nationale destinée à protéger les eaux de toute pollution d’origine agricole. La pollution par les nitrates présents dans les engrais et dans les déjections animales issues de l’élevage constitue en effet la cause principale de la prolifération des algues vertes en Bretagne, ces nitrates comportant des nutriments dont les algues se nourrissent.
Cour administrative d'appel de Nantes
Communiqué
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En novembre 2022, le tribunal administratif de Rennes avait rejeté les demandes d'indemnisation de la famille du joggeur : "M. Auffray est décédé d'une insuffisance respiratoire brutale qui aurait pu être due à une exposition aux algues vertes ou à un arrêt cardiaque", avait-il déclaré.
Ses proches avaient alors fait appel du jugement, "en demandant uniquement la condamnation de l'Etat à les indemniser", l'audience avait eu lieu le 5 juin 2025 à Nantes.
Cette fois, les proches de Jean-René Auffray ont donc obtenu gain de cause. Les algues vertes sont reconnues responsables de la mort de l'homme de 50 ans parti courir sur une plage d'Hillion.
Pour la première fois, une juridiction française retient le lien entre le décès d'une personne et la faute de l'Etat dans ces affaires d'algues vertes
François Lafforgue
L'avocat de la famille
Le préjudice subi par les proches du défunt sera partiellement indemnisé, la cour estimant que l'homme de 50 ans avait pris un risque en allant courir dans cet estuaire. L'Etat devra verser à l'épouse du joggeur la somme de 277.343 euros, assortie d'intérêts, aux trois enfants de la victime 15.000 euros chacun et 9.000 euros à son frère. "C'est une victoire collective de ceux qui ont combattu avec nous", a poursuivi Rosy Auffray, citant des associations ou encore les journalistes d'investigation Morgan Large et Inès Léraud. "On espère que ça va faire bouger un peu les lignes maintenant" dans la lutte contre les algues vertes, a-t-elle ajouté.
Le préfet des Côtes d’Armor dit avoir pris acte de la décision de justice, mais n’a pas souhaité faire de commentaire
A LIRE. Algues vertes : la justice condamne l'inaction de l'État, sommé de renforcer son action contre les pollutions aux nitrates
En plein débat sur la Loi Duplomb qui risque d’affaiblir encore un peu plus le contrôle de l’industrie de l’élevage, cette décision de justice vient rappeler à nos élus (...) que c’est bien le modèle productiviste agricole qui s’oppose au développement de la Bretagne et à la santé de ses habitants et non l’inverse.
Arnaud Clugery
porte-parole d’Eau et rivières de Bretagne
Depuis 1971, des tonnes d'algues vertes s'échouent chaque année sur les plages bretonnes.
Selon un rapport de la Cour des comptes de 2021, cette prolifération d'algues vertes est "à plus de 90% d'origine agricole". Et alors que la France a multiplié les programmes d'action régionaux depuis 2010 sans parvenir à régler le problème, le tribunal administratif de Rennes a enjoint en mars au préfet de renforcer son action contre les pollutions aux nitrates.
Et pan sur le bec des greenbacheurs, des antinormes françaises et européennes, des politiques soumis au monde agricole qui votent la loi Duplomb.
Les "intrants" chimiques dans l'agriculture productiviste causent la mort.
L'Etat complice est condamné.
