je tiens à dire que le spritz est un cocktail ( infame à mon gout) qui a été inventé pour permettre de réaliser des économies sur les produits et le temps de main d'œuvre afin de faire un maximum de marge sur la vente"C'est un étalage pornographique de richesses" : avant le mariage de Jeff Bezos, Venise entre gêne et besoin du tourisme de luxe
Le fondateur d’Amazon et l’ex-journaliste Lauren Sanchez doivent se dire "oui" vendredi dans la Cité des Doges. La cérémonie dure trois jours dans toute la ville. Un collectif multiplie les manifestations contre cet événement pour ultrariches.
Dizaines de jets privés et de "méga yachts", superstars... Pourquoi le "mariage du siècle" de Jeff Bezos à Venise fait polémique
Sur les quais de Venise, un énorme yacht est amarré : le navire de l'un des invités de Jeff Bezos vient de s'installer au milieu du canal, où Andrea, un habitant de la ville, a ses habitudes : "Il est amarré face à la place Saint-Marc... Mais bon, on fait avec. Si Bezos s'était marié chez lui, ça nous aurait arrangés", dit l'homme d'un certain âge.
Le collectif No Space for Bezos en plein sit-in
De l'autre côté du canal, non loin des hôtels de luxe où logeront les invités, le collectif No Space For Bezos mène une de ses actions : un sit-in contre les expulsions, dans une ville de plus en plus vouée au luxe et qui a perdu plus de 100 000 habitants depuis le milieu du 20ème siècle.
Si l'endroit est l'un des rares quartiers populaires de Venise, il se trouve tout près des bateaux de luxe des invités, qui vont , selon la presse italienne, de Mick Jagger à Elton John, en passant par Kim Kardashian et Ivanka Trump, la fille du président américain. "C'est un étalage pornographique de richesses ! Neuf yachts sont attendus pour le mariage, décrit Tommaso Cacciari du collectif. Mais les invités ne dorment pas dans les yachts, ils n'y font pas la fête, ils viennent juste pour montrer leur bateau. Ils sont là pour être vus. Et par qui ? À ceux qui sont ici et risquent d'être expulsés de chez eux !"
"Les invités ne dorment pas dans les yachts, ils n'y font pas la fête, ils viennent juste pour montrer leur bateau. Ils sont là pour être vus. Et par qui ? À ceux qui sont ici et risquent d'être expulsés de chez eux !"
En colère, Tommaso Cacciari poursuit : "Venise est une ville en difficulté, faite de travailleurs pauvres, car le tourisme est un secteur où les profits sont élevés, mais les salaires sont bas. Venise cesse d'être une ville pour devenir une gigantesque salle de bal privée !"
No Space for Bezos rassemble environ 200 personnes, souvent jeunes. Venise a l'habitude des fêtes de l'élite, mais celle-ci est vraiment hors norme : une centaine de jets à l’aéroport, sécurité privée en ville, circulation restreinte autour d'au moins trois lieux de la fête... "Personne avant Bezos n'avait eu l'arrogance de s'arroger toute la ville", dénonce Tommaso.
Une bandelore contre le mariage du milliardaire Jeff Bezos installée sur la place Saint-Marc à Venise, lundi 23 juin. (STEFANO RELLANDINI / AFP)
Une bandelore contre le mariage du milliardaire Jeff Bezos installée sur la place Saint-Marc à Venise, lundi 23 juin. (STEFANO RELLANDINI / AFP)
De plus, le profil politique de Jeff Bezos aggrave son cas : il est à la fois un soutien de Donald Trump et le patron d'Amazon, entreprise critiquée pour ses conditions de travail et son impact environnemental... Face à ce collectif marqué à gauche, il y a la mairie, de droite. L'adjoint au tourisme Simone Venturini enchaîne les interviews pour dénoncer l'action des No Space for Bezos : "Ce qui nous inquiète, c'est le risque de perturbations dans les transports publics provoquées non pas par le mariage, mais par les manifestations. Si des gens se jettent à l'eau, ça nous obligera à bloquer le transport public", regrette-t-il.
La sécurité, sujet complexe vu le contexte international, la pointure des invités et leur nationalité américaine pour beaucoup. La préfecture a demandé aux organisateurs de renoncer à l’un lieux de la fête, trop difficile à sécuriser.
Des habitants gênés, mais compréhensifs
Chez les habitants de la Cité des Doges, ce sommet du gotha suscite des réactions diverses. On croise ainsi des Vénitiens gênés par cet étalage de faste, mais ils n'oublient pas qu'ils vivent du tourisme de luxe. Les hôteliers sont les premiers concernés : "Nous avons 35 établissements 5 étoiles, c'est énorme pour une ville de la taille de Venise", décrit Daniele Minotto, vice-président de leur association.
"Ici, 65% de l'offre hôtelière se répartit entre les 4 et les 5 étoiles."
Daniele Minotto, vice-président de l'Association des hôtels vénitiens
à franceinfo
"Un évènement comme ce mariage est très important parce que c'est une vitrine mondiale, poursuit l'hôtelier. Évidemment, il n'y a pas beaucoup de Bezos dans le monde, mais il y a beaucoup d'entrepreneurs ou d'autres personnes qui peuvent envisager notre ville comme une destination où passer un moment de leur vie."
Si la promesse de Jeff Bezos de faire des dons aux associations de protection de Venise n'impressionne pas grand monde, quelques commerçants et artisans sont associés aux festivités. Ils sont les rares à être dans le secret des dieux. Mais dans ce mariage, tout est top secret le plus longtemps possible. Même le type de biscuit que fournit le pâtissier local, Antonio Rosa Salva. "Je ne peux pas le dire, explique-t-il, il y a un pacte de confidentialité. Je ne peux pas révéler quels produits je fournis et en quelle quantité. Mais c'est une belle reconnaissance d'avoir été choisi dans le paysage vénitien."
Les manifestations n'empêchent pas la marche du tourisme haut de gamme : place Saint-Marc, face à un orchestre en veste blanche, les visiteurs peuvent toujours siroter leur spritz... à 19 euros le verre.
Après, sur la privatisation de l'espace public, c'est assez représentatif du monde actuel : peut on tout se permettre quand on a de l'argent? Peut on au final acheter le privilège d'évincer le bas peuple d'un espace public pour démontrer sa puissance financière?
Et question écologie, peut on continuer à polluer sans limite à partir du moment ou on peut payer les taxes anti pollution?
