Olaf va t il se saisir de cette ...nouvelle affaire? vous le saurez en restant à l'écoute du MondeL’affaire des assistants parlementaires fictifs du Rassemblement national (RN) est à peine jugée que le parti d’extrême droite et ses alliés se retrouvent au cœur d’un nouveau scandale de détournement d’argent public au détriment du Parlement européen, selon une enquête du Monde, en collaboration avec l’émission allemande d’investigation « Kontraste », le magazine allemand Die Zeit et l’hebdomadaire autrichien Falter....
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Le groupe parlementaire Identité et démocratie (ID), qui rassemblait une dizaine de partis d’extrême droite lors de la dernière mandature (2019-2024), est accusé de dépenses irrégulières au détriment du budget du Parlement de Strasbourg pour un montant total d’au moins 4,33 millions d’euros – comparable au préjudice financier causé par l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires (4,5 millions d’euros). Une grande partie de cette somme a profité à d’anciens militants radicaux proches de Marine Le Pen, bénéficiaires de juteux contrats passés sans véritables appels d’offres, et à des associations souvent proches des élus ou des causes d’extrême droite.
C’est un rapport encore confidentiel de la direction générale des finances du Parlement européen, obtenu par Le Monde et ses partenaires, qui accuse le RN et ses alliés. Ce document de 31 pages a été rédigé, il y a quelques semaines, sur la base d’un contrôle financier de routine des comptes et des archives financières du groupe ID, à l’occasion de sa dissolution en juillet 2024. Sollicité, l’ancien secrétaire général du groupe dénonce les « allégations incorrectes » du rapport. « Tous les paiements effectués dans les cinq dernières années ont été dûment facturés, justifiés et contrôlés », affirme le Belge Philip Claeys, qui rappelle que ses comptes annuels ont été systématiquement certifiés par un cabinet d’audit indépendant, RSM Belgium, et approuvés par le bureau du Parlement. Le président du RN, Jordan Bardella, par ailleurs eurodéputé depuis 2019, n’a pas répondu, pas plus que le chef de la délégation française à l’époque, l’ex-eurodéputé Jérôme Rivière.
Des dépenses strictement encadrées
Contrairement au scandale des assistants parlementaires, cette affaire ne concerne pas l’enveloppe qui permet à chaque eurodéputé de rémunérer ses collaborateurs, mais les crédits que le Parlement alloue chaque année aux groupes politiques : la ligne budgétaire « 400 », comme elle est appelée dans le jargon européen.
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Pour s’assurer du bon usage des deniers publics européens, l’utilisation de ces crédits est strictement encadrée. Ils doivent impérativement être affectés au fonctionnement opérationnel du groupe politique (secrétariat, matériel informatique, réunions, etc.) ou à des actions en lien avec les « activités politiques de l’Union européenne ».
Mais, selon les vérificateurs du Parlement, ID a enfreint ces règles en multipliant les donations à des associations sans rapport avec ses activités de groupe politique ou avec les missions du Parlement européen, pour un total de plus de 700 000 euros en cinq ans.
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Le rapport épingle, par ailleurs, les contrats conclus par le groupe d’extrême droite avec quatre prestataires privés sollicités pour sous-traiter sa communication (réseaux sociaux, lettres d’information, etc.). Depuis la passation des marchés jusqu’à l’exécution des contrats, plus de 3,6 millions d’euros de factures seraient entachés d’irrégularités.
« GUD Connection »![]()
Parmi ces fournisseurs, deux noms retiennent l’attention : Unanime et e-Politic, deux prestataires de services historiques du RN liés à des personnalités proches de Marine Le Pen et des cercles néofascistes héritiers du groupuscule étudiant Groupe union défense (GUD). A elles seules, ces deux sociétés de la « GUD connection », dont les responsables n’ont pas donné suite aux sollicitations du Monde, représentent plus des deux tiers du préjudice total qu’aurait subi le budget européen.
La société de prépresse Unanime est considérée par le RN comme un partenaire de prédilection depuis l’élection présidentielle de 2012, à la fois fiable et proche des idées du parti. Et pour cause : dès sa création, la société est enregistrée au nom de Sighild Blanc, l’épouse de l’ancien chef du GUD Frédéric Chatillon. Ce dernier est aujourd’hui propriétaire de la société, qui dispose d’une boîte aux lettres dans les bureaux de son ami Axel Loustau, une autre figure de la mouvance néofasciste.
Déjà impliqué dans de précédentes affaires judiciaires concernant le financement du Front national (ancien nom du RN), Frédéric Chatillon était, jusqu’en 2024, au moins l’un des principaux bénéficiaires des contrats d’impression du parti, pour les campagnes électorales et la propagande du groupe européen. Entre 2020 et 2024, la société a facturé 1,43 million d’euros pour des travaux d’impression de magazines, de livres et de lettres d’information, s’octroyant ainsi la part du lion parmi les prestataires du groupe ID.
Le rapport du Parlement européen confirme que, contrairement à ce que la délégation RN avait assuré au Monde en 2023, Unanime n’a pas été choisi pour ses compétences supérieures à la concurrence, ni pour ses tarifs avantageux. Ces contrats auraient été octroyés sans respecter les règles élémentaires de bonne gestion, qui imposent la mise en concurrence de plusieurs prestations et la vérification de leurs capacités techniques.
Impression entièrement sous-traitée
Le rapport dévoile par exemple qu’Unanime a remporté en 2020 un appel d’offres sans même y présenter sa candidature officiellement. En épluchant les archives du groupe, les contrôleurs n’ont, par ailleurs, trouvé la trace d’aucun autre candidat, alors que la réglementation impose de choisir un prestataire parmi trois offres valables au moins afin de pouvoir comparer prix et qualité de services.
Le rapport souligne, en outre, que la société, pourtant présentée comme une « imprimerie » dans le contrat avec ID, n’avait pas les capacités techniques pour imprimer, expédier et distribuer les publications politiques du groupe, comme exigé dans l’appel d’offres. Dépourvue de locaux, de matériel et de personnel, la société a entièrement sous-traité l’impression à la société normande ETC Imprimerie, dirigée par des sous-traitants historiques de Frédéric Chatillon, qui a elle-même délégué la distribution à une troisième entreprise, baptisée Sofag. Unanime aurait empoché, au passage, une marge moyenne évaluée par le Parlement à 18 %, déduction faite d’une « estimation généreuse » de son travail de maquettiste. Soit un surcoût de plus de 260 000 euros ne correspondant à aucun travail identifiable.
Les coûts d’impression du groupe ID, bien plus élevés que ceux des autres groupes, ont explosé : pour un contrat prévu à 223 000 euros sur quatre ans, ce sont finalement près de 1,5 million d’euros qui ont atterri dans les poches du prestataire favori du RN. De surcroît, l’entreprise n’avait pas la taille requise, en matière de chiffre d’affaires, pour contracter avec ID. Autant d’éléments qui accréditent la thèse d’un enrichissement indu de la « GUD Connection » sur le dos du contribuable européen.
Officiellement tombé en disgrâce auprès de Marine Le Pen et Jordan Bardella depuis son soutien exprimé à un rassemblement néofasciste en 2023, M. Chatillon aurait perdu cette importante source de revenus à l’occasion de la nouvelle législature ouverte après les élections européennes de juin 2024 : Unanime, rebaptisé récemment Europacomm, n’apparaît pas dans la liste des prestataires du groupe du RN dévoilée, fin juin 2025, par le Parlement européen.
Philippe Claeys, secrétaire général du groupe ID et de son successeur, Patriotes pour l’Europe, soutient que les capacités d’Unanime étaient connues et attestées dans le secteur de la communication politique. Le Belge insiste tant sur la solvabilité de l’entreprise que sur la qualité de leur réponse à l’appel d’offres. « Les factures d’Unanime étaient raisonnables et répondaient au marché », ajoute M. Claeys. Il confirme n’avoir reçu aucune autre réponse à l’appel d’offres émis par le groupe ID.
Entorses au règlement
L’autre prestataire ciblé par le Parlement européen dans son enquête est e-Politic, l’agence de communication préférée du RN. Dirigée par l’ancien militant RN Paul-Alexandre Martin, lié aux milieux néofascistes italiens et à l’extrême droite identitaire, cette société appartient, elle aussi, à la galaxie de Frédéric Chatillon, qui en était actionnaire jusqu’à la fin 2023. Le groupe ID lui a payé un montant total de 1,7 million d’euros entre 2019 et 2024 pour gérer la lettre d’information du groupe et ses opérations de communication sur les réseaux sociaux.
Lire notre enquête (2022) : Article réservé à nos abonnés E-Politic : les liaisons dangereuses du prestataire préféré du RN avec l’ultradroite identitaire
Or, là encore, les inspecteurs du Parlement ont relevé « de graves problèmes de conformité liés à la procédure de passation des marchés et l’absence des principes de bonne gestion financière ». Documents incomplets, fusion de deux appels d’offres en un, délais non respectés, absence de véritable mise en concurrence… Selon l’institution, ID a multiplié les entorses au règlement pour octroyer un accord-cadre à e-Politic, alors même que l’agence ne disposait pas de la surface financière nécessaire pour être sélectionnée – un point que le groupe ID conteste.
Le contrôle du Parlement a révélé que des missions avaient déjà été commandées à Paris avant même que le contrat ne soit signé à Strasbourg. Balayant les arguments en défense du groupe ID, le rapport estime que « la procédure d’appel d’offres a été menée de manière purement formelle, sans démontrer l’intention de choisir parmi les offres et de sélectionner le meilleur prestataire possible », et juge donc que « toutes les dépenses engagées par le groupe ID sur la base des contrats attribués à e-Politic sont irrégulières ».
Sollicité sur ce point, Philip Claeys soutient que les deux offres concurrentes à e-Politic étaient « admissibles » et que la procédure a été conduite « avec précaution et transparence ». Quant à l’explosion des factures d’e-Politic, il les attribue à la pandémie de Covid-19, durant laquelle « les réseaux sociaux sont devenus d’autant plus importants ».
Question épineuse
Ce n’est pas la première fois que la sincérité des appels d’offres du RN est mise en doute. Dans un rapport transmis à la justice française en 2022, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) accusait le trésorier du groupe ID d’avoir, entre 2004 et 2017, contourné les règles en demandant à des prestataires préalablement désignés de lui envoyer de « fausses offres » de concurrents, plus onéreuses et totalement inventées. En 2021, le Parlement européen avait également retoqué plus de 300 000 euros de factures envoyées par Unanime et e-Politic au groupe ID.
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Le RN n’est pas le seul parti accusé d’avoir fait profiter des sociétés « amies » de la manne financière européenne dans des conditions irrégulières. Le rapport de l’administration du Parlement épingle aussi les contrats passés avec la société de communication numérique d’Artur Gilbert, un élu local allemand encarté dans le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland, affilié à ID. Mais aussi les 427 000 euros versés aux sociétés éditant le magazine autrichien Zur Zeit, considérés par les inspecteurs du Parlement comme une « subvention » déguisée à cet hebdomadaire notoirement proche du Parti de la liberté d’Autriche, d’extrême droite. « Aucune règle n’interdit aux prestataires des groupes parlementaires d’être politiquement actifs », défend Philip Claeys.
Selon nos informations, le rapport de la direction des affaires financières du Parlement est sur le point d’être transmis aux élus de la commission de contrôle budgétaire de l’Assemblée européenne, pour avis et éventuelles recommandations au bureau de l’institution. Si les conclusions de l’administration du Parlement sont approuvées par le bureau, l’OLAF pourrait être saisi afin qu’une enquête administrative indépendante soit diligentée et permette d’établir formellement d’éventuelles infractions. Ce qui conduira nécessairement les enquêteurs à replonger dans le déroulé des appels d’offres et à poser la question des responsabilités collectives et individuelles, en regardant où, quand et surtout à l’instigation de qui une telle opération de détournement des crédits européens a pu se mettre en place. La question d’une saisine du parquet européen pour d’éventuelles poursuites pénales serait alors posée en parallèle.
La dissolution du groupe ID pose une question épineuse : les autorités européennes considéreront-elles qu’il y a continuité avec les Patriotes pour l’Europe ? Une chose est sûre, la direction des finances du Parlement européen paraît décidée à récupérer l’argent du contribuable. « L’administration considère qu’un montant total d’au moins 4 333 635,78 euros a été indûment dépensé par le groupe ID (…) et peut faire l’objet de mesures correctrices », peut-on lire dans la conclusion du rapport.
CNul n'en parle pas, ni Valeurs Actuelles, et encore moins le JDD

J'espère que ce consortium d'enquêteurs ne va pas être classé "Agents de l'étranger" par le FSB européen

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