"Marine Le Pen et le RN opposent année blanche et Union européenne, mais oublient quelques détails au passage
Marine Le Pen et ses troupes jugent les dépenses européennes « inutiles » et veulent baisser la contribution française.
POLITIQUE - « Une purge sociale et fiscale », « provocations », « inacceptable »… Le Rassemblement national ne manque guère d’adjectifs pour tancer depuis mardi soir les grands axes du budget 2026 présentés par François Bayrou ce 15 juillet. Pour parvenir à près de 44 milliards d’euros d’économies, le Premier ministre a notamment annoncé la suppression de deux jours fériés, mais aussi une « année blanche ». C’est-à-dire un gel budgétaire de l’État, mais aussi des prestations sociales, des retraites, et du barème de l’impôt, qui suivent habituellement l’inflation.
Des lignes rouges pour les troupes lepénistes qui proposent à la place un gel de la contribution budgétaire de la France à l’Union européenne, jugé comme une « dépense inutile » au même titre que l’immigration. Marine Le Pen avançant même sur X que « les Français ont massivement voté pour geler cette dépense en soutenant aux élections européennes la liste de Jordan Bardella ». En réalité ce sont près de 8 millions de Français seulement qui ont voté pour la liste RN en 2024, contre 12 millions d’électeurs ayant choisi une liste et un candidat qui ne préconise pas de baisser ou de stopper cette contribution. En revanche, il est vrai que chaque année, Paris contribue au budget européen et que, comme le brandissent les élus lepénistes, cette enveloppe va augmenter.
En 2026, elle devrait passer de 23 à 30 milliards d’euros, comme l’a calculé le Sénat. Une augmentation de 6 à 7 milliards, correspondant au montant des économies visé par l’année blanche. Ce chiffre est à rapprocher en revanche des contributions versées en 2021 et 2022 par la France, respectivement établies à 27 et 26 milliards d’euros.
Le budget de l’UE, une vieille lubie du RN
Dans un parti qui a longtemps prôné la sortie de l’euro et le « Frexit », les remises en cause de la contribution financière française à l’UE ne sont pas vraiment nouvelles. En 2024, Jordan Bardella avait déjà proposé dans le cadre des élections européennes de réduire la voilure de deux à trois milliards.
Une proposition plutôt hasardeuse vis-à-vis des rouages européens. Le budget de l’UE (aussi appelé CPF) est fixé de manière pluriannuelle. En l’occurrence, il a été validé par les eurodéputés en 2020 pour la période 2021-2027. Et, comme le signalait l’an passé Siegfried Mureşan, rapporteur général du budget 2024 au Parlement européen, à nos confrères d’Euractiv, « il est impossible de l’amender avant 2027 ». D’autant que les textes européens sont très stricts : le budget doit absolument être à l’équilibre, et le priver de 2 ou 3 milliards c’est prendre le risque qu’il soit déficitaire.
En l’occurrence, il y a bien eu en 2023 une révision du CPF, mais cela était lié à des circonstances exceptionnelles : guerre en Ukraine, crise inflationniste, plan de relance post-Covid. Quant à l’idée de décider unilatéralement d’une baisse de la contribution, elle exposerait de fait la France à des procédures judiciaires et des sanctions. D’autant que le calcul du montant versé par Paris n’est pas un hasard mais résulte d’un calcul en fonction du poids économique du pays. Par ailleurs, et d’un point de vue strictement institutionnel, revenir sur ces engagements reviendrait à s’asseoir sur la légitimité et le pouvoir des députés européens.
La faute au Brexit
Toujours auprès d’Euractiv, Siegfried Mureşan pestait l’année dernière contre le discours de Jordan Bardella, qui lui rappelait le Brexit : « Combien étaient-ils à nous faire miroiter les avantages d’une sortie de l’UE ? Ceux-là ont menti aux peuples ». Or, ironie de l’histoire pour Marine Le Pen qui continuait d’envisager un « Frexit » en 2017, c’est aussi en partie à cause du Brexit (applaudi par le FN en 2016) que la contribution française augmente. Parmi les autres causes d’explications : un effet fin de cycle marqué par une forme de rattrapage, mais aussi le plan de relance post-Covid au titre duquel la France a touché plus de 12 milliards en 2023.
Surtout, l’esprit de solidarité est au cœur du projet européen. La France est certes le deuxième plus gros contributeur du budget de l’UE, mais elle est aussi le premier bénéficiaire de la politique agricole commune. Sur la période 2021-2027, c’est près de 66 milliards d’euros qui seront versés au titre de la PAC, et 18 milliards au titre de la politique de cohésion. Sans oublier, la sécurité et la lutte contre le terrorisme, mais aussi l’accès au marché unique, générateurs de milliards pour les entreprises françaises. Quels effets aurait dès lors une baisse de la contribution française ?
Enfin comme le rappelle sur X Pierre Le Texier, collaborateur de Renaissance au Parlement européen, « si la France et l’Allemagne peuvent défendre leurs intérêts à Bruxelles, c’est aussi parce qu’ils paient ». Mais l’argumentaire du RN ne tombe pas complètement par hasard, c’est ce mercredi 16 juillet que la commission européenne dévoile son projet de budget pour la séquence 2028-2034."
https://www.huffingtonpost.fr/politique ... 52644.html
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Sœur Emmanuelle
"Notre vraie nationalité est l'Humanité" Herbert Georges Wells