En Grèce, un vaste scandale de détournement de fonds européens ébranle le gouvernement

[Corvo]

Décidément...

En près de dix ans, au moins 290 millions d’euros de subventions auraient été détournés via un système rodé de fausses déclarations de propriétés agricoles, dans lequel auraient trempé plusieurs ex-ministres et des députés du parti de droite au pouvoir. Le Parlement discute des contours d’une commission d’enquête.
publié aujourd'hui à 5h21

Le Parlement grec débat depuis ce mardi 29 juillet d’un vaste scandale de détournement de fonds européens impliquant d’anciens ministres et d’actuels députés. Comme le stipule la Constitution, la Vouli doit décider de l’ouverture d’une enquête parlementaire et de ses contours. Sera ensuite éventuellement levée l’immunité des responsables et les pièces du dossier seront transmises à la justice pour une enquête pénale. Un moment charnière dans cette affaire qui déstabilise le gouvernement depuis les révélations du média en ligne Politico, en février, selon lesquelles des millions d’euros auraient été empochés par de supposés «agriculteurs» pour des terres qu’ils ne possèdent ni ne cultivent. L’Opekepe, l’agence en charge de distribuer les aides de la politique agricole commune, est au cœur du scandale : c’est elle qui répartit les trois milliards d’euros de subventions annuelles pour le petit pays du sud-est européen, septième plus grand bénéficiaire de la politique agricole communautaire.

A l’origine de l’affaire, un différend entre la Grèce et l’Union européenne autour de la définition du «pâturage», déterminant l’attribution de fonds européens à ce type de terrains. Le pays, qui compte environ 2,4 millions d’hectares de pâturages, avait protesté contre l’exclusion d’un million d’hectares par une description qui «ne correspondait pas à la réalité des terrains méditerranéens», selon un cadre du ministère grec de l’Agriculture. Athènes avait obtenu gain de cause auprès de Bruxelles, les pâturages comptant non seulement les prairies mais aussi les broussailles et les prairies faiblement boisées. La superficie éligible aux subventions avait ainsi presque doublé tout comme, dans un pays où le cadastre est défaillant, les possibilités de fraude…

«Etouffer l’affaire»
A compter de 2017, des personnes présentées comme de nouveaux agriculteurs déclarent être propriétaires ou locataires de pâturages éligibles à des aides européennes, dans la plupart des cas des terrains publics qui ne leur avaient pas été attribués. Le comble : ces pâturages étaient souvent situés loin de leur lieu de résidence, des habitants de Crète se trouvant ainsi jouir de surfaces en Thrace ou en Thessalie, dans le nord du pays ! C’est une lanceuse d’alerte au sein de l’Opekepe, Paraskevi Tycheropoulou, qui s’en rend compte lors d’un audit interne. «Ce qu’elle a découvert s’apparente à un véritable système de détournement de fonds», explique son avocat, Antonis Vagianos. Le stratagème aurait perduré jusqu’en 2024. Au total, au moins 290 millions d’euros auraient été détournés ; d’autres sources évoquent 60 à 70 millions d’euros annuels, pendant huit ans. Une fraude rendue possible grâce à «un circuit fermé, un réseau qui comptait des membres au sein de l’Opeke», selon l’avocat. Mais la lanceuse d’alerte gêne ; elle est placardisée. Dans l’agence, six directeurs défilent sur les cinq dernières années. «Ceux qui ont voulu tirer les choses au clair n’ont pas gardé leur poste très longtemps», ironise un ancien cadre. Pourquoi ? «Des ministres ont voulu étouffer l’affaire», soupire-t-il.

Sauf qu’entretemps, le parquet européen et l’Office européen de lutte antifraude sont saisis. Un proche du dossier décrypte : «Cette fraude indique clairement la façon dont le régime grec fonctionne et la façon dont les responsables politiques sont élus : des cadres politiques ont trouvé un système pour offrir un revenu supplémentaire à leurs électeurs…» Exagéré ? Il renvoie d’abord aux chiffres : entre 2017 et 2021, 155,7 millions d’euros ont été distribués et l’on note une augmentation de la part de la Crète dans l’obtention des fonds – l’île récolte 18,8 % des fonds en 2017, 53,7 % en 2019 et jusqu’à 67,1 % en 2020, année où débutent les vérifications. Il évoque ensuite des enregistrements téléphoniques qui ont fuité : «On va perdre tout ce qu’on avait. […] Cette Tycheropoulou, si je l’avais tuée, je serais libéré aujourd’hui», menace notamment un interlocuteur, qui s’avère être un éleveur et un cadre crétois du parti au pouvoir, Nouvelle Démocratie. Le 27 juin, quatre anciens ministres de l’Agriculture appartenant à ce parti de droite, qui avaient hérité d’autres portefeuilles à la faveur de remaniements, ont démissionné. Une quarantaine de députés de la majorité gouvernementale sont éclaboussés par le scandale. Mais ils sont de ceux qui décideront ce qu’examinera la commission parlementaire.

https://www.liberation.fr/international ... YH3GC2G2Y/

[LeGrandNoir]

L'UE c'est la fête du slip.

[papibilou]

Certains pays se sont faits une spécialité dans la construction automobile, d'autres dans la construction aéronautique, et puis d'autres dans la fraude. Et la fraude à l'UE est un sport bien rodé. Qui ne se souvient de ces vaches en liberté en Corse qui étaient comptabilisées dans le cheptel de plusieurs éleveurs ?
Dans une période ou l'UE doit utiliser ses moyens pour se réarmer pour affronter les grands empires économiques, ... et pas remplir les poches des fraudeurs, il serait peut-être temps que les pays qui ne contrôlent pas suffisamment et permettent ce genre de dérives soit sanctionnés par un arrêt des subsides que verse l'UE.

[Fonck1]

L'UE c'est la fête du slip.

c'est surtout l'habitude populaire qui est la fête du slip.
c'est propre aux latins.

[Elam]

Certains pays se sont faits une spécialité dans la construction automobile, d'autres dans la construction aéronautique, et puis d'autres dans la fraude. Et la fraude à l'UE est un sport bien rodé. Qui ne se souvient de ces vaches en liberté en Corse qui étaient comptabilisées dans le cheptel de plusieurs éleveurs ?
Dans une période ou l'UE doit utiliser ses moyens pour se réarmer pour affronter les grands empires économiques, ... et pas remplir les poches des fraudeurs, il serait peut-être temps que les pays qui ne contrôlent pas suffisamment et permettent ce genre de dérives soit sanctionnés par un arrêt des subsides que verse l'UE.

Les clichés ont la vie dure. Si la Grèce a chuté c'est parce que les Grecs sont des voleurs. Si l'Afrique est pauvre, c'est parce que les Africains sont tous corrompus. N'évoquons surtout pas le rôle catastrophique de l'UE dans le fait que la Grèce s'en retrouve là dix ans après.

[da capo]

Certains pays se sont faits une spécialité dans la construction automobile, d'autres dans la construction aéronautique, et puis d'autres dans la fraude. Et la fraude à l'UE est un sport bien rodé. Qui ne se souvient de ces vaches en liberté en Corse qui étaient comptabilisées dans le cheptel de plusieurs éleveurs ?
Dans une période ou l'UE doit utiliser ses moyens pour se réarmer pour affronter les grands empires économiques, ... et pas remplir les poches des fraudeurs, il serait peut-être temps que les pays qui ne contrôlent pas suffisamment et permettent ce genre de dérives soit sanctionnés par un arrêt des subsides que verse l'UE.

Les clichés ont la vie dure. Si la Grèce a chuté c'est parce que les Grecs sont des voleurs. Si l'Afrique est pauvre, c'est parce que les Africains sont tous corrompus. N'évoquons surtout pas le rôle catastrophique de l'UE dans le fait que la Grèce s'en retrouve là dix ans après.

L'Europe a sauvé l'économie grecque en 2009. Le pays s'était endetté à hauteur de 300 milliards d'€uros, (pas mal, avec un pib de 250 milliards !) et les causes n'avaient rien à voir avec le méchant capitalisme ultralibéral conspué par les gosses à papas fonctionnaires d'Exarchia.
Ce que les Grecs sont ou seraient, j'm'en balek, c'est ce qu'ils font qui compte.

[Kelenner]

En tout cas on voit que la droite grecque suit le modèle français.

[Elam]

L'Europe a sauvé l'économie grecque en 2009. Le pays s'était endetté à hauteur de 300 milliards d'€uros, (pas mal, avec un pib de 250 milliards !) et les causes n'avaient rien à voir avec le méchant capitalisme ultralibéral conspué par les gosses à papas fonctionnaires d'Exarchia.
Ce que les Grecs sont ou seraient, j'm'en balek, c'est ce qu'ils font qui compte.

Alors ça c'est juste une énorme fake-news que les ultra-libéraux répètent depuis pas mal de temps.
Au final les plans de "sauvetage" ont failli faire définitivement exploser l'économie Grecque (jusqu'à quasiment la faire sortir de l'euro en 2015) et l'ont ramenée à des niveaux de santé bien inférieurs à ce qu'il y avait avant la crise.

Déjà il faut savoir qu'il s'agissait originellement d'une crise de la dette privée (comme la plupart des grandes crises en fait), contrairement au dogme qui voudrait que c'est la dette publique qui constitue le principal danger. A partir de 2010, la Grèce s'est vu imposer différents plans (en 3 phases) qui l'ont mis à genoux. On l'a forcé à vendre son patrimoine public, on a dérégulé fortement son marché du travail, on a appliqué une politique de coupe dans les dépenses publiques qui a éteint la demande intérieure, on a pratiqué la politique de l'offre à marche forcée.

Dix ans de plans d’ajustements structurels, une austérité "expansive", un référendum bafoué (comme la France en 2005), des saignées sociales inédites dans son histoire. Pour quels résultats :

- Un Pib inférieur à son niveau de 2007
- 500 000 jeunes qui ont quitté le pays
- Plus d'un tiers des Grecs vivent désormais sous le seuil de pauvreté avec moins de 370 euros par mois
- Baisse des salaires de 30%
- Inégalités qui ont explosé
- Bulle immobilière qui a ravagé le secteur de l'immobilier
- Droit du travail totalement anéanti
- Démocratie Grecque foulée avec la destruction du gouvernement de Varoufakis par les institutions Européennes


La Grèce est l'exemple parfait de ce qui attend les peuples Européens avec les trajectoires que l'on emprunte depuis la fin des années 80 (ce que l'on a également pu voir en France ces dix dernières années). C'est le laboratoire de ce qui ne peut que résulter de ces politiques de dévaluations compétitives auxquelles les traités nous contraignent (politiques austéritaires, destructrices, contre aides). L'exemple Grec fut juste la version accélérée de ce que l'on fait progressivement. L'UE expliquait que les politiques d'ajustement, ayant pour visée la réduction de la dette publique par les déréglementations, privatisations, dérégulations, libéralisations, allaient permettre le retour de l'investissement et la diminution du coût de l'emprunt (cela ne vous rappelle rien comme discours ?)
Il n'en fut rien. Bien au contraire, la Grèce est revenu plusieurs décennies en arrière.


Je vous conseille l'interview de Yanis Varoufakis pour vous rendre compte de l'énorme casse qu'a subi la Grèce suite à sa crise de 2009 :

[youtube]https://youtu.be/PfaxqgP5XVI?feature=shared[/youtube]

[da capo]

Je vous conseille l'interview de Yanis Varoufakis pour vous rendre compte de l'énorme casse qu'a subi la Grèce suite à sa crise de 2009 :

[youtube]https://youtu.be/PfaxqgP5XVI?feature=shared[/youtube]

Merci, mais je ne suis pas un fan des vieux tubes, comme celui du capitalisme qui serait mort et remplacé par un enfer économique féodal.

[papibilou]

Certains pays se sont faits une spécialité dans la construction automobile, d'autres dans la construction aéronautique, et puis d'autres dans la fraude. Et la fraude à l'UE est un sport bien rodé. Qui ne se souvient de ces vaches en liberté en Corse qui étaient comptabilisées dans le cheptel de plusieurs éleveurs ?
Dans une période ou l'UE doit utiliser ses moyens pour se réarmer pour affronter les grands empires économiques, ... et pas remplir les poches des fraudeurs, il serait peut-être temps que les pays qui ne contrôlent pas suffisamment et permettent ce genre de dérives soit sanctionnés par un arrêt des subsides que verse l'UE.

Les clichés ont la vie dure. Si la Grèce a chuté c'est parce que les Grecs sont des voleurs. Si l'Afrique est pauvre, c'est parce que les Africains sont tous corrompus. N'évoquons surtout pas le rôle catastrophique de l'UE dans le fait que la Grèce s'en retrouve là dix ans après.

Vous oubliez vite les comptes trafiqués par la Grèce pour entrer dans l'UE. Timeo danaos et dona ferentes.

[Elam]

Vous oubliez vite les comptes trafiqués par la Grèce pour entrer dans l'UE. Timeo danaos et dona ferentes.

Je ne le nie pas mais je dis que le remède appliqué à la Grèce fut pire que la maladie. On a coupé le bras pour soigner une fracture du poignet. Le problème étant qu'il n'y a eu aucune remise en question depuis, aucune analyse des conséquences (ou alors, ce que je crois, c'est que c'est justement le but recherché) et l'on continue sur des trajectoires similaires au sein de l'UE.

[papibilou]

Vous oubliez vite les comptes trafiqués par la Grèce pour entrer dans l'UE. Timeo danaos et dona ferentes.

Je ne le nie pas mais je dis que le remède appliqué à la Grèce fut pire que la maladie. On a coupé le bras pour soigner une fracture du poignet. Le problème étant qu'il n'y a eu aucune remise en question depuis, aucune analyse des conséquences (ou alors, ce que je crois, c'est que c'est justement le but recherché) et l'on continue sur des trajectoires similaires au sein de l'UE.

Vous n'avez pas saisi la gravité de la crise grecque.

[Elam]

Vous n'avez pas saisi la gravité de la crise grecque.

Ce n'est pas un argument, vous en conviendrez.
De plus, je ne parle pas de la crise en elle-même, je parle du remède appliqué.

[papibilou]

Vous n'avez pas saisi la gravité de la crise grecque.

Ce n'est pas un argument, vous en conviendrez.
De plus, je ne parle pas de la crise en elle-même, je parle du remède appliqué.

Vu l'ampleur de la dette et du déficit, merci UE et FMI.
Evidemment quand on divise les retraites par 2 parce qu'on ne peut pas les payer et qu'on a trop promis sans être capable de financer le système, ça fait mal (tiens, ça me fait penser à un autre pays). La Grèce a réussi à être le pays du monde le plus mal noté par les agences de notation. Et si on n'avait pas choisi un remède de cheval ça devenait difficile même pour nos banques. En mai 2010 l'exposition des banques françaises à la dette grecque s'élevait à 57 milliards d'euros, dont 29,5 milliards pour le Crédit agricole.
Mais il y a encore beaucoup à faire.
Néanmoins Sapir estime qu'il manque à l'UE un mécanisme de gestion des crises.