------------
"Entre Israël et l’Espagne, les tensions autour de la situation à Gaza dépassent celles connues avec la France"
Alors que le gouvernement espagnol a annoncé des mesures pour « mettre un terme au génocide à Gaza », Israël a fustigé une « rhétorique empreinte de haine » et « antisémite ».

Vous pensiez les relations houleuses entre la France et Israël ? Ce n’est peut-être pas tant en comparaison aux tensions qui continuent de s’accentuer entre l’État hébreu et l’Espagne, tout particulièrement après que le gouvernement socialiste espagnol a annoncé ce lundi une série de mesures pour « mettre un terme au génocide à Gaza », provoquant l’ire des dirigeants israéliens. Ce mardi 9 septembre, Madrid a également interdit l’entrée sur son territoire à deux ministres d’extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich.
Le gouvernement espagnol, l’une des voix européennes les plus critiques à l’égard des actions israéliennes à Gaza, « a décidé de franchir une nouvelle étape et de mettre en œuvre immédiatement neuf mesures supplémentaires pour mettre un terme au génocide à Gaza, pour poursuivre ses exécutants et pour soutenir la population palestinienne », a annoncé ce lundi le Premier ministre Pedro Sanchez.
Parmi les mesures, qui seront mises en œuvre « immédiatement », figure l’approbation d’une loi visant à « consolider juridiquement l’embargo sur les armes à Israël, que nous appliquons déjà de facto depuis octobre 2023 », a déclaré le dirigeant socialiste. De même, il sera interdit à tous les navires transportant des combustibles destinés aux forces armées israéliennes de faire escale dans les ports espagnols, et l’entrée dans l’espace aérien espagnol sera refusée aux avions transportant « du matériel militaire destiné à Israël ».
« Une attaque anti-israélienne et antisémite »
Ces nouvelles mesures vont dans le sens des déclarations et des actes de Pedro Sanchez à l’égard d’Israël depuis plusieurs mois. Le Premier ministre espagnol fut le premier responsable européen à parler de « génocide » à Gaza, en mai dernier. Il avait également pris la décision de reconnaître l’État de Palestine dès mai 2024 avec l’Irlande et la Norvège, loin des atermoiements des autres diplomaties européennes. Une décision qui avait valu le départ définitif de l’ambassadeur israélien d’Espagne.
Les annonces de ce lundi ont sans surprise provoqué la colère du côté d’Israël. « Le gouvernement espagnol adopte une ligne hostile et anti-israélienne, avec une rhétorique violente et empreinte de haine », a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sarr. « La tentative du gouvernement corrompu de Sánchez de détourner l’attention de graves affaires de corruption par une attaque anti-israélienne et antisémite continue apparaît évidente », a-t-il déclaré.
Gideon Sarr a par ailleurs invité l’Espagne et la France à créer un État palestinien sur leurs « propres » et « vastes territoires », « s’ils sont si enthousiastes » à cette idée. Il a ajouté qu’Israël « ne risquerait pas » sa sécurité en ayant des « frontières indéfendables », avec une « organisation terroriste » juste à côté. « Nous ne répéterons pas les erreurs du passé, » a-t-il déclaré devant les journalistes.
Madrid rappelle son ambassadrice
La passe d’armes ne s’est pas arrêtée là, avec un troisième épisode toujours ce lundi, et une nouvelle réponse venue de Madrid. Le ministère espagnol des Affaires étrangères a ainsi fermement rejeté les « accusations fausses et calomnieuses d’antisémitisme » de la part d’Israël, et critiqué « l’inacceptable interdiction d’entrée en Israël de deux membres du gouvernement espagnol » - la ministre du Travail Yolanda Díaz, ainsi que la ministre de la Jeunesse et de l’Enfance Sira Rego, d’origine palestinienne - appartenant à la plateforme de gauche radicale Sumar et très hostiles envers Israël, également annoncée ce lundi par Gideon Saar. L’Espagne a également annoncé avoir « convoqué l’ambassadrice d’Espagne à Tel-Aviv pour des consultations ».
Ce mardi, l’Espagne a également annoncé interdire l’entrée sur son territoire à deux ministres d’extrême droite du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu. Ainsi, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ont été inclus « dans la liste officielle des personnes sanctionnées » et « ne pourront pas accéder au territoire espagnol », a annoncé le ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel Albares. « C’est une liste ouverte », a-t-il ajouté, n’excluant pas d’y ajouter d’autres personnes qui, selon Madrid, entravent la paix et rappelant qu’elle comprenait déjà « 13 colons violents ».
En Espagne, un pays où la cause palestinienne a toujours été populaire, en particulier à gauche et à l’extrême gauche, de nombreuses manifestations pro-palestiennes ont eu lieu depuis le début du conflit à Gaza. Ces derniers jours, elles ont tout particulièrement perturbé le déroulement de la Vuelta, le tour d’Espagne cycliste, auquel participe notamment l’équipe Israel-Premier Tech, une structure privée créée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams."
https://www.huffingtonpost.fr/internati ... 54570.html