
Selon cet observatoire de l’Ifop pour la Grande Mosquée de Paris, plus d’un musulman de France sur deux estime être la cible de racisme en raison de sa religion.
MUSULMANOPHOBIE - Insultes à caractère raciste, contrôle au faciès dans l’espace public, discrimination lors de la recherche d’un emploi, d’un logement, d’une demande de prêt ou lors d’une visite chez le médecin… Pour les musulmans de France, ces situations pourtant hors-la-loi sont récurrentes.
C’est ce que révèle l’Observatoire des discriminations envers les musulmans de France publié ce mardi 16 septembre l’Ifop par la Grande Mosquée de Paris. Réalisée par l’Ifop en deux volets, d’abord en novembre 2023, puis entre août et septembre 2025, auprès d’un échantillon national représentatif d’un millier de musulmans résidant dans l’Hexagone, cette vaste enquête met en lumière la prégnance des discours et des actes anti-musulmans.
Ainsi dans le détail, plus de sept musulmans sur dix (75 %) font le constat d’une montée de la haine envers l’ensemble des musulmans vivant en France. 81 % estiment même que la haine envers les musulmans est en France un phénomène en augmentation par rapport à il y a une dizaine d’années. Cette « musulmanophobie » - terme préféré par les auteurs de l’étude à celui d’islamophobie, jugé trop polémique - s’exprime de différentes manières, expliquent les sondés.
64 % d’entre eux notent une restriction de leur liberté religieuse, comme de porter le voile ou de suivre des règles alimentaires. Ce chiffre bondit même à 81 % chez les femmes musulmanes voilées (contre 60 % chez les musulmanes non voilées). 51 % des personnes interrogées font même part de leur peur d’être agressées en raison de leur religion. Là encore, les femmes portant le voile sont surreprésentées : 66 % contre 53 % pour les musulmanes non voilées.
Les femmes voilées en première ligne
Mais le racisme envers les musulmans de France peut aussi parfois revêtir une forme plus insidieuse. 66 % des sondés révèlent ainsi avoir déjà été discriminés une fois dans leur vie en raison de leur religion. Un chiffre cinq fois plus élevé que celui concernant des croyants d’autres religions (15 %).
En 2023, 23 % des musulmans interrogés avaient déjà déclaré, au cours des cinq dernières années, avoir fait l’objet de discrimination lors de leur recherche d’emploi, 18 % lors de la recherche d’un logement, 17 % lors d’un échange avec un agent travaillant dans une administration comme la mairie ou la préfecture, et 17 % lors d’une visite à l’hôpital ou chez le médecin. 16 % des sondés ont quant à eux déclaré avoir été discriminés lors d’un contrôle par les forces de l’ordre.
Cette montée des actes anti-musulmans ne s’accompagne pas forcément d’un signalement aux personnes compétentes. Seuls 66 % des musulmans de France interrogés envisageraient de déposer plainte auprès de la police en cas d’insulte, de menace ou d’agression en raison de leur origine et de leur religion. 53 % se tourneraient vers une association de lutte contre le racisme et 36 % le signaleraient à leur mosquée ou à une association culturelle musulmane.
https://www.huffingtonpost.fr/france/ar ... 54852.html