"Le tronçonneur empêtré
par
Boris Enet
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publié le 27/09/2025
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Un mois… C’est le temps qu’il reste à Javier Milei pour convaincre l’opinion de la pertinence de sa politique économique. Ses succès en matière d’inflation et d’équilibre budgétaire risquent de ne pas suffire.
Javier Milei promettait il y a peu la fin de la corruption. Sa sœur, Karina, secrétaire générale de la présidence et pièce incontournable du dispositif libertarien, vient d’être prise la main dans le sac, comme l’atteste un enregistrement audio accablant et désormais reconnu. Le tronçonneur a eu beau se moquer des malversations des années Kirchner ou du péronisme institutionnel, l’augmentation de 2678% du montant des contrats publics de l’industrie pharmaceutique Suizo Argentino en l’espace d’un an, aux forts relents de corruption, fait évidemment tache.
Plus généralement, les résultats de l’austérité généralisée tardent à venir, même si la division par trois du taux de l’inflation est un succès. Milei exhibe comme un trophée l’excédent budgétaire qu’il a imposé, mais sa base populaire s’érode et l’opposition reprend des couleurs. En panne de liquidités tandis que le peso a décroché de plus de 20% depuis début septembre, Javier Milei et ses alliés, moins nombreux, voient leurs marges se réduire.
Vers qui se tourner ? Les pouvoirs élargis lui permettant de gouverner par décrets dans des domaines clés, ont pris fin en juillet. Les tomates reçues mi-septembre au cours d’un déplacement sont un symbole qui lui laisse peu d’espoir du côté des oppositions.
Le FMI ? Ce dernier a déjà octroyé une rallonge de 20 milliards de dollars en juillet, dont 12 immédiatement décaissés. De ce côté aussi, l’horizon se rétrécit alors que 19 milliards de dollars de remboursement de la dette sont attendus en 2026 dans un pays qui dispose tout au plus de trois milliards de réserves.
Trump, qui se dit prêt à voler au secours de Milei ? Le frère d’arme Maga accepterait bien de racheter une partie de la dette argentine, lui qui demeure un inconditionnel soutien. Leur frénésie commune sur le réseau X en atteste. Mais le président américain tend à procrastiner dès qu’il s’agit de passer aux actes. Aussi, de son voyage VRP à Washington, Milei n’a obtenu que des clichés chaleureux, un tweet supplémentaire et l’assurance verbal d’un soutien total. Un peu maigre.
Ces trois issues se changeant en impasses, l’ultra-libéral a donc recommencé ce qu’il sait faire de mieux : privatiser et réduire les impôts des entreprises les plus florissantes de l’agriculture de la seconde économie d’Amérique du Sud. Mais privatiser devient plus compliqué : il ne reste plus beaucoup à vendre. La compagnie des eaux et assainissements sera mise à l’encan mais les délais sont désormais plus longs qu’au lendemain du succès électoral de 2023. Le ministre de l’Économie, Luis Caputo, enrage chaque jour davantage devant la lenteur du processus. Quant aux taxes sur les secteurs qui exportent, Milei les lève jusqu’au lendemain des législatives du 26 octobre, pour ses amis céréaliers. Car, paradoxalement, aux abois politiquement, le Trump local l’est désormais financièrement en cherchant des dollars désespérément. Il a beau étaler sa rage sur X, évoquant les « dégénérés fiscaux » pour décrier une opposition parlementaire qu’il ne tient plus en respect, ses recettes économiques ne trompent plus grand monde.
Le satisfecit de l’OCDE, rendu en juillet, soulignait la maîtrise budgétaire en même temps que celle de l’inflation, prévoyant de nouveau une croissance à 5,2 % pour 2025 et 4,3% pour 2026 après une historique contraction en 2024. Oui mais, pour quoi faire ?
Même les investisseurs semblent hésiter, les marchés pourtant sous le charme un temps, manifestent désormais leur méfiance envers une potion magique incapable de relancer la consommation, la confiance, les investissements et l’emploi. Comme souvent avec les ultra-libéraux, la recette consistant à guérir une partie de la maladie en achevant le malade, montre son inanité, cette fois-ci à Buenos Aires."
https://lejournal.info/article/le-tronconneur-empetre/
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Sœur Emmanuelle
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