Fonck1 a écrit : ↑17 novembre 2019 14:55
Que se passe-t-il dans une entreprise lorsque les salaires augmentent sous la pression des salariés ou à la suite d’une décision de l’Etat (hausse du Smic, des cotisations sociales patronales, réduction du temps de travail sans baisse de salaire…) ? Il n’en résultera que des malheurs pour l’emploi, avance la majorité des économistes « traditionnels » (Pierre Cahuc, Francis Kramarz, Thomas Philippon…).
Car si l’entreprise répercute cette hausse dans ses prix de vente, elle risque de voir ses clients se détourner d’elle au profit de concurrents, notamment étrangers, ce qui réduira d’autant son activité. Et si, à l’inverse, elle décide de ne pas augmenter ses prix, sa rentabilité diminuera, voire deviendra nulle ou négative, condamnant du même coup sa capacité à se développer ou à innover. Elle peut certes s’efforcer de gagner en productivité pour effacer ce qu’elle a perdu en compétitivité, mais cela implique des suppressions de postes par intensification du travail, robotisation ou abandon des productions les moins rentables. Enfin, l’entreprise peut aussi choisir de délocaliser son activité dans des pays à moindres coûts salariaux, voire être contrainte à la fermeture. Bref, dans tous les cas, moins d’emplois dans le pays d’origine.
https://www.alternatives-economiques.fr ... t/00088842
Tu as choisi la partie de l'article qui va dans ton sens ... en oubliant la suite qui va dans le sens inverse, ou des conclusions beaucoup plus nuancées

tu as mis le lien, mais bon, sûrement en comptant sur le fait que personne n'irait le lire en entier ... pas de bol
je choisis donc les parties qui me paraissent les plus intéressantes :
Les économistes sont partagés sur l’augmentation des salaires. Pour les uns, elle détruirait l’emploi local, pour d’autres, elle le doperait, voire ferait progresser l’activité.
Henry Ford, en 1908, a doublé le salaire des ouvriers de l’automobile, tout en divisant par trois le prix de vente des voitures, le tout grâce aux gains de productivité issus du travail à la chaîne. Plus près de nous, en 1968, la forte augmentation du Smig (devenu Smic par la suite) a stimulé l’activité économique et l’emploi, tout comme, aux Etats-Unis en 1992, lorsque l’Etat du New Jersey a augmenté de 19 % le salaire minimum, alors que l’Etat voisin de Virginie le laissait inchangé. L’emploi dans les fast-foods (au personnel le plus souvent payé au salaire minimum) a augmenté au New Jersey, mais pas en Virginie : l’effet « pouvoir d’achat » l’a emporté sur l’effet « coût salarial ».
la bonne santé des entreprises tient désormais plus à leur capacité à innover qu’à leurs gains de productivité. Dit autrement, les gains de qualité sont désormais plus importants que les gains de quantité : cela vaut aussi bien pour l’industrie pharmaceutique ou automobile que pour la distribution, les transports, les logements ou l’alimentation. En outre, l’innovation se traduit le plus souvent en brevets ou en marques qui réduisent – au moins pour un temps – l’intensité de la concurrence et donnent davantage de marges de manœuvre aux entreprises concernées. Cela se traduit par un niveau d’exigence plus élevé de la part des employeurs sur leurs salariés, en matière de compétences, de capacités d’adaptation ou d’autonomie. Autant de dimensions qui justifient que les salariés deviennent davantage partie prenante dans le partage des revenus, au lieu que l’actionnaire dormant s’arroge un résultat largement dû aux efforts des salariés.
Des économistes contemporains plus futés – George Akerlof et Joseph Stiglitz, tous deux « nobélisés » en 2001 – ont franchi un pas important avec le « salaire d’efficience » : bien payer les salariés est source d’efficacité, parce que, leur patron les traitant correctement, ils sont incités à travailler correctement (Akerlof), et parce qu’ils savent qu’ils perdraient beaucoup en étant licenciés (Stiglitz).
Ce qui inverse l’approche habituelle : ce ne sont pas les gains de productivité qui permettent les hausses de salaire, mais les hausses de salaire qui permettent les gains de productivité.