L'Afrique compte aujourd'hui 800 millions d'habitants, pour la plupart sous alimentés. En 2050, elle en hébergera 800 millions de plus. Pour les nourrir, un minimum, il faudrait multiplier la production par 5. S'ils étaient tous végétariens ( pas de viande, pas d'oeufs, pas de lait ) il faudrait quand même multiplier la production agricole par 3.
Jour après jour, c'est la course entre l'augmentation de la population et la production agricole. Comme cette dernière ne rattrapera jamais la première, nous courrons au crash alimentaire mondial.
Notre planéte compte 1 milliard d'hommes qui sont atteints de famine dont 130 millions pour la seule période de 2007/2008.
En 1950, il a été constaté qu'il n'y avait pas assez de terre disponible pour nourrir la population mondiale. Il fallait donc augmenter la productivité des hommes et le rendement de la terre.
Le rendement a triplé entre 1950 et 2008. C'est remarquable : 4 milliards d'hommes en plus et des famines en moins.
Malheureusement, les solutions utilisées au XX°s ne fonctionnent pas au XXI°s.
Nous avons produit + mais avec + : + de terre, + d'eau, + d'énergie, + de chimie et tous ces + ne peuvent se reproduirent aujourd'hui. Nous sommes arrivés au bout d'un modéle et il y a 3 milliards d'hommes de plus à nourrir.
Durant les 8 dernières années nous avons connu 7 ans de déficit de production céréalière ( sécheresse ) Le marché avait l'habitude de fonctionner avec une réserve de 6 mois. En 2007, la réserve a chutée à 45 jours, soit le niveau le plus bas depuis 1945. Le cours de la bourse de Chicago flambe.
Les hausses sont dues à 3 facteurs :
- Problèmes climatiques partout sur la planéte ( Australie, Russie... )
- Hausse du prix du pétrole ( donc demande accrue en éthanol : soja, maïs ... )
- Implication spéculative des banques sur ces nouveaux marchés
Face à cette situation et par crainte de pénuries, les pays exportateurs retiennent leur production ( spéculation ou réserve ) ce qui entretient le sentiment de panique et l'augmentation des prix comme nous l'avons connu récemment pour le pétrole. Face à la pénurie, les pays riches importateurs, raflent toutes les réserves au détriment des plus pauvres.
En Afrique, 1°C en plus c'est 10% de récolte en moins.
Le pouvoir chinois a choisi l'industrie pour son développement économique comme l'on fait avant elle l'Europe, l'Amérique ou la Russie car les productions industrielles et les hommes sont plus facilement contrôlables que dans le milieu rural et agricole. Cette simple décison va entrainer un bouleversement considérable de part l'urbanisation qu'elle va engendrer. La construction immobilière à outrance et toutes les infrastructures vont absorber une quantité considérable de bonnes terres arables au détriment de la production agricole. Actuellement, 95% de la progression urbaine est le fait des pays émergeants. Le taux d'urbanisation chinois entre les années 70/80 était de 18% et en 2000 il est passé à plus de 45%.
Pendant la même période, c'est l'équivalent de la population de l'Europe qui a pris la direction des villes. En 2008, les zones urbaines chinoises ont accueillis 1.5millions d'habitants par semaine ( Oui, par semaine )
La Chine actuelle, c'est 800 millions de ruraux pour 500 millions de citadins. Le pouvoir chinois a déjà programmé la grande mutation. En 20 ans, il va déplacer la bagatelle de 300 millions de personnes, c'est à dire 15 millions/an, des champs vers les villes. Mais ces villes on les installe où ? et bien à la campagne et de ce fait, la Chine va perdre 1 million d'hectares/an.
La Chine actuelle voit éclore une ville comme Paris chaque mois !!! Comment nourrir tous ces citadins ?
En moins de 10 ans, le groupe Carrefour a ouvert plus de 120 hypers et 250 discounts, il sort 2 nouveaux magasins chaque mois et la consommation de viande a doublée en moins de 10 ans. La Chine a donc besoin de viande mais elle ne peut pas tout importer ( autosuffisance, risques d'épidémies ou de dépendance alimentaire ) Elle a besoin de développer une filière de viande chinoise ( poulet, cochon ) et par là même une filière céréale, elle a choisi le maïs. La petite paysannerie va disparaître au profit de grandes exploitations plus rentables et plus productives.
En 2020, le besoin en maïs sera de 220 millions de tonnes. Si la Chine arrive à en produire 120 kg/hectare et /an, il faudra quand même qu'elle en importe 50 millions de tonnes. A cause de l'aridité du sol et du manque d'eau, la Chine recherche des nouvelles terres de production. La moitié de ses besoins en soja alimentaire est produit en Argentine. L'Amérique latine, va devenir le grenier à blé pour nourrir le bétail pléthorique des pays riches et émergeants.
En prévision des pénuries de pétrole, les USA dévelloppent la production des agrocarburants. L'éthanol transgénique remplace les céréales alimentaires. 1/3 des surfaces de production de maïs ont été affectées à la production d'éthanol. En conséquence, les US n'exportent plus leur surplus de maïs vers le Mexique, gros consommateur, qui est aujourd'hui en manque total, d'où une flambée des prix des tortillas, base de la nourriture de millions de mexicains. Le cours du prix des céréales est déterminé à la bourse de Chicago, les prix ont doublés et le gouvernement américain donne une aide au développement des agrocarburants. La production n'est plus destinée à nourrir les habitants de la planéte mais à fournir du carburant aux voitures des riches. C'est une hérésie car le rendement énergétique de l'éthanol est très mauvais, 1/3 seulement est convertible en carburant. De plus, il est polluant et très gourmand en eau et en énergie calorifique.
Les US étaient un gros exportateur de céréales maintenant il deviennent importateur et les prix augmentent sur le marché intérieur.
Les besoins en nouvelles terres sont énormes. Au Brésil, la déforestation s'accélére pour pouvoir produire des céréales OGM en grandes quantités. Ces travaux gigantesques nécessite l'apport financier de grands groupes bancaires ( spéculation en vue )
On pourrait imaginer que la réponse au déficit de la production agricole passe par un gros travail de recherche : plantes moins gourmandes en eau ou plus productives. Mais non, car ces plantes seraient destinées en priorité aux pays en difficulté donc en fait aux pays pauvres et non solvables. Cette perspective n'intéresse aucun groupe privé de recherche agroalimentaire. La recheche dans ce domaine est longue et onéreuse ( délai moyen de 20 ans et des milliards de $.
Monsanto, préfére mettre au point des produits très juteux que de sauver la planéte de la famine.
Pour être rentables, les productions de céréales OGM demandent une concentration des terres et une grande quantité d'eau.
J'ai le sentiment que le monde politique et médiatique ne parle pas assez de ce sujet qui me semble majeur pour l'avenir de la planéte. Si nous n'en prenons pas conscience, l'agravation de la situation va engendrer des conflits. Les pays pauvres ne vont faire que nous regarder manger sans leur en laisser même quelques miettes.
Vous avez du vous rendre compte que l'on nous parle souvent de politique mais jamais de politique alimentaire


