JUSTICE - Ils dénoncent une dérive vers une justice moins indépendante…
Ils étaient une centaine, rassemblés sur les marches du Palais de justice de Paris. Avocats et juges d'instruction ont protesté contre la suppression de la fonction de juge d'instruction annoncée ce mercredi par Nicolas Sarkozy.
Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire «procureur = justice dépendante du politique = justice à deux vitesses», les manifestants, parmi lesquels se trouvaient également des greffiers et d'autres magistrats du siège, ont tenté de se rendre devant la Cour de cassation, qui tenait son audience de rentrée solennelle en présence du président de la République.

Vers une justice à deux vitesses
Un cordon de gendarmes leur a bloqué l'accès à la Cour. Plusieurs juges d'instruction antiterroriste, comme Marc Trévidic ou Marie-Antoinette Houyvet, financiers ou spécialisés dans la criminalité organisée (Jean-Louis Périès, Baudouin Thouvenot) ou la santé publique (Marie-Odile Bertella-Geffroy) ont participé au rassemblement.
«Que les magistrats instructeurs soient supprimés entraînerait une situation arbitraire inquiétante», a estimé Léon-Lef Forster. Selon l'avocat, «nous assistons déjà dans les enquêtes préliminaires, les citations directes, les comparutions immédiates à des enquêtes non contradictoires qui ne préservent pas les droits de la défense et qui ne sont pas toujours efficaces dans la recherche de la vérité». A l'issue du rassemblement, les manifestants ont appelé à «des états généraux de l'ensemble du monde judiciaire dans les délais les plus brefs pour préparer la réplique au projet».
Fillon annonce l'ouverture d'un débat
François Fillon a quant à lui évoqué ce mercredi l'instauration d'«un juge indépendant qui soit chargé de l'enquête et d'un juge d'instruction chargé de son déroulement mais non de la conduire», alors que Nicolas Sarkozy propose la suppression de la fonction de juge d'instruction.
«Sur la base des propositions» de la commission Léger, «nous allons ouvrir un débat. Faut-il par exemple qu'il y ait un juge indépendant qui soit chargé de l'enquête et un juge d'instruction chargé de son déroulement mais non pas de la conduire?», a demandé le Premier ministre lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.