Eviter tout dérapage
A chaque déplacement du président de la République, ou presque, le reproche revient : pour éviter tout dérapage, tant en matière de sécurité que de confrontation avec des manifestants, les services de sécurité verrouillent de larges périmêtres autour des lieux de visite. Et depuis la visite du locataire de l'Elysée au Salon de l'Agriculture et son fameux «casse-toi pauvre con», les personnes présentes sont soigneusement sélectionnées, quand elles ne bénéficient pas purement et simplement d'un carton d'invitation, comme le Parisien.fr avait pu le constater au Mondial de l'Automobile.
Le 16 mai 2008, lors d'un déplacement en Seine-et-Marne sur le thème de l'emploi, au cours duquel le chef de l'Etat avait plaisanté sur la beauté de son épouse avec des militants cégétistes, la presse avait pu constater que des policiers en armes étaient positionnés sur chacun des ponts enjambant la route de Paris à Melun.
Sud-santé, deuxième syndicat à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui craint de ne pas pouvoir manifester contre le «démantèlement du régime de protection sociale» et la restriction des budgets des hôpitaux, dénonce également le coût de cette célébration, correspondant selon lui à 200 000 euros, soit «au bas mot à l'équivalent de huit infirmières sur un an».
2.000 personnes invitées à la réception
Pour sa part, le président de l'AP-HP, Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris, a écrit aux syndicats que «l'expression légitime des revendications ne doit pas perturber la visite du président de la République», notamment parce que «sa présence est une reconnaissance de l'excellence du travail quotidien» à l'hôpital. Le député socialiste ajoute «comprendre l'émotion du personnel qui vit avec beaucoup de difficultés la dégradation de ses conditions de travail», et être «profondément préoccupé depuis des mois» par les moyens alloués à l'AP-HP.
Voulant mettre un terme à la polémique, la préfecture du Val-de-Marne a adressé hier soir un communiqué. Le préfet explique que, si la présence du président Sarkozy est confirmée, elle «nécessitera la mise en place d'un dispositif de sécurité analogue à ce qui est fait pour chacun des déplacements du chef de l'Etat». «Quant à la réception offerte aux 2.000 personnes invitées, elle restera conforme à ce qui avait été prévu, indépendamment de l'invitation adressée au président de la République», ajoute la préfecture.
En janvier dernière, la ville de Châteauroux (Indre) avait eu le sentiment de vivre une situation assez extrême pour deux heures de présence du président de la République. La Ligue des droits de l'Homme avait dénoncé un «dispositif sécuritaire hors du commun» consistant notamment à bloquer une partie du centre-ville, à modifier les horaires scolaires, et à fermer les cantines.