Ce qui m'a poussé a m'interroger et à poser ce sujet.Petit rappel:
La République, « un idéal et un combat »
Aujourd’hui, tout le monde se dit volontiers « républicain », à tel point que ce qualificatif, à tel point que le terme de « République » ne voudraient plus rien dire. Mais la République n’est pas qu’un mot, ni qu’un simple régime politique. La République est surtout un système de valeurs, un modèle de société, et comme l’a si bien dit Régis Debray, un « idéal et un combat ». Un combat incessant qui exige véritablement une foi de la part de ceux qui se disent républicains.
Jusqu’à la Grande Révolution, « République », qui vient du latin « res publica (« la chose commune »), n’était qu’un terme générique désignant tout « Etat régi par des lois ». Ce sont les Jacobins de 1792-93 qui ont changé son sens en commençant à façonner les contours d’un « corpus républicain », où l’héritage des Lumières, où l’exigence de liberté et d’égalité se fit sentir. Un corpus qui s’est enrichi et qui s’est érigé en modèle - la fameuse « exception française - après près de deux siècles de luttes politiques où prirent part tout autant les Révolutionnaires que les Résistants ou des hommes comme Gambetta ou Jaurès.
La République, l’idéal républicain, se fonde aujourd’hui sur quelques principes fondamentaux :
Liberté, égalité, fraternité, bien sûr.
« Liberté » : chacun est libre de penser et d’agir comme bon lui semble, dans la limite de ne pas nuire à autrui et de ne pas enfreindre la loi, expression de la volonté générale. Mais aucun homme n’étant jamais libre a priori, ça ne peut être qu’une histoire de proclamation. Il n’y a pas de liberté si règnent la loi de la jungle et l’ignorance. Seules l’existence d’un groupe, la force d’un Etat sont à même de la garantir. Par le règne absolu de la loi, qui permet à chacun la sûreté physique et sociale, conditions pour vivre dignement et de s’élever selon son mérite. Mais aussi par l’instruction obligatoire, qui entend donner à chacun une autonomie de jugement.
« Egalité » : tous les citoyens sont égaux en dignité, en chances et bien sûr devant la loi, en droits comme en devoirs. Les distinctions de naissance, qu’elles soient sociales, ethniques ou religieuses, ne peuvent exister. Pour que l’égalité ne reste pas qu’une affirmation de principe, l’Etat doit s’engager à permettre à ce que chacun puisse exercer effectivement ce droit (et donc celui de s’élever socialement), en complétant les droits politiques par des droits sociaux (le premier étant le droit à l’instruction), en redistribuant les ressources communes, en donnant plus à ceux qui ont moins. Seules les inégalités fondées sur le mérite sont légitimes. « Egalité » ne signifie pas « identique ».
« Fraternité » : tous les citoyens ont un devoir de solidarité les uns envers les autres, l’intérêt général, donc de tous, primant sur un égoïste chacun pour soi. La fraternité se fonde ainsi autour d'une communauté unie par un idéal, le bien commun, transcendant les différences et les intérêts de chacun. En pratique, cette fraternité est censée permettre à chacun d’accéder à une existence digne et souveraine, et ainsi de jouir pleinement de ses droits les plus élémentaires (liberté et égalité, en premier lieu). Dans cette optique, l’Etat intervient dans l’économie, s’engage dans une redistribution des richesses, et établit des services publics, qui mettent au service de tous ce qui l’intérêt de tous.
Plus qu’une devise, ce célèbre triptyque est surtout une philosophie cohérente, qui donne ses bases à l’idéal républicain. Pas de liberté sans égalité, pas d’égalité sans liberté, mais surtout pas de liberté et d’égalité sans fraternité, qui lui donne corps.