Alogos a écrit :
+1
du 1° choix.....
L’État grec moderne, officiellement reconnu depuis 1830, n’a jamais été un État laïc. Même l’actuelle Constitution de 1975 est promulguée «au nom de la Sainte, Consubstantielle et Indivisible Trinité». Conformément au paragraphe 1 de l’article 59 de la Constitution, un serment à la Sainte, Consubstantielle et Indivisible Trinité doit être prêté par les députés et par le président de la République avant leur prise en fonctions dans le palais de la Chambre des députés et en séance publique. À l’article 3, la Constitution grecque reconnaît comme «religion dominante la religion de l’Église orthodoxe orientale du Christ» marquant par là que l’orthodoxie fait partie de l’hellénisme. Elle accepte «l’inviolabilité de la liberté de la conscience religieuse», mais interdit le prosélytisme, c’est-à-dire les efforts déployés pour défendre sa foi, à l’exception de l’orthodoxie grecque. Selon le ministère grec de la Justice, cette interdiction concerne «le prosélytisme de mauvais aloi» et non pas la diffusion des convictions religieuses, ce qui permettrait par ailleurs de protéger le pays de «toute religion dangereuse». N’oublions pas que la pratique du prosélytisme a souvent été sévèrement punie en Grèce: emprisonnement, amende élevée, surveillance policière et expulsion des étrangers.
Jusqu'à une époque récente, un non-orthodoxe n’était pas considéré comme un «véritable Grec». À l’époque d’Homère, on qualifiait alors de «Barbares» tous les non-Grecs. Ainsi, à leur façon, les Grecs ont pu donner en Europe l’image de ce que pouvait être l’«intégrisme islamique» dans d’autres régions du monde. En Grèce, on a jadis très mal tolérer les exceptions. Mais, selon l’article 13 de la Constitution grecque, le liberté de religion est garantie comme «inviolable» pour tous les citoyens grecs. Selon un sondage paru le 13 février 2005 dans le quotidien Eleftherotypia, quelque 48 % des Grecs sont favorables à la séparation de l'Église et de l'État, et 35 % sont contre. L'attitude des Grecs vis-à-vis de la religion a tout de même beaucoup évolué.
En 1993, le Parlement grec — soit tous les parlementaires grecs, qu’ils soient de gauche ou de droite — avait confirmé la loi rendant obligatoire la mention d'appartenance religieuse sur toutes les nouvelles cartes d'identité, malgré l'opposition des minorités juive et catholique, ainsi que de quelques députés et organisations non gouvernementales (ONG). La Grèce était alors le seul pays de l’Union européenne à imposer la mention de la religion sur les cartes d'identité. Les religions non orthodoxes reconnues étaient considérées par le gouvernement comme des «cultes étrangers», le Code pénal grec les désignant comme «tolérées». D’après le gouvernement grec (ministère de l’Intérieur, de l’Administration et de la Décentralisation), la mention de la religion sur la carte d’identité n’avait aucune valeur juridique. Cette mention correspondait simplement à l’expression d’une «tradition religieuse» et répondait aux «demandes faites par l’Église orthodoxe grecque». Puis le Parlement européen a demandé au gouvernement grec d’abolir toute mention de religion, même facultative, sur les nouvelles cartes d’identité grecques et de ne pas se laisser influencer par la hiérarchie orthodoxe. La résolution du Parlement européen affirmait que «la mention obligatoire de la religion sur les cartes d’identité viole les libertés fondamentales de l’individu, telles que celles-ci sont exposées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Convention européenne des droits de l’homme». Le Parlement européen a même rappelé que la liberté d’opinion et de religion constitue l’un des fondements de l’État de droit et qu’une telle liberté est du ressort exclusif de la conscience humaine.
Quoi qu'il en soit, la mention religieuse sur les cartes d'identité a été abolie par le gouvernement grec. N'oublions pas que la Grèce est passée d'un État théocratique à un État laïc moderne. Par exemple, l'état civil est une création récente dans un pays où seules les autorités religieuses tenaient les registres de chaque communauté. Dès lors, pour qu'un Grec du Dodécanèse puisse obtenir un passeport, il fallait parfois écrire à l'évêché pour obtenir l'acte de naissance des parents
"Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été péché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas." Geronimo