Est-ce que le cinéma est un bon vecteur pour parler de l'histoire?Le long métrage évoque la répression par les autorités françaises d’une manifestation de partisan du nationaliste algérien Messali Hadj le 8 mai 1945.
"Quand tout le monde ramène le film à Sétif, ce n'est pas la réalité. (...) C'est le cinéma. Il y a une trame historique mais c'est d'abord une grande saga", a expliqué le cinéaste, lors d'une conférence de presse à Cannes.
"La volonté était d'abord de faire un film, de faire un voyage dans l'Histoire et dans le passé", a-t-il ajouté, jugeant que "tout ce qui arrive autour du sujet et du film aujourd'hui signifie qu'il y a encore aujourd'hui une question qui se pose sur le passé colonial. Et nous, on le découvre aujourd'hui avec vous".
"Un film pro-FLN, pire que ce qui était annoncé", estime un député UMP
Avant toute projection, "Hors-la-loi", qui sortira en salles le 22 septembre, a été accusé de "falsifier l'histoire" et de "raviver les blessures" de manière "irresponsable", par l'extrême droite, des associations de harkis, d'anciens combattants et de pieds-noirs, ainsi que par le député UMP des Alpes-Maritimes Lionnel Luca.
"Le film de Rachid Bouchareb que je viens de voir est un film partisan, militant, pro-FLN (...) il est encore pire que ce qui était annoncé", a déclaré le député.
Outre M. Brochand et Lionnel Luca, d'autres députés UMP, Jean Leonetti (Alpes-Maritimes), Elie Aboud (Hérault, également président du Groupe d'études parlementaire sur les rapatriés), Richard Mallié (Bouches-du-Rhône) ainsi que l'ancien maire de Nice Jacques Peyrat ont participé à la cérémonie.
"Le retour en force de la bonne conscience coloniale"
Deux jours avant l'ouverture du Festival de Cannes, Faouzi Lamdaoui, ancien secrétaire du PS à l’égalité, avait écrit dans un communiqué que "les attaques politiques contre le film ’Hors-la-loi’ bafouent un principe constitutionnel de la République : la liberté de l’expression artistique".
La Ligue des droits de l’homme (LDH) avait, elle, dénoncé les "pressions" politiques. "Il n’appartient pas à l’Etat et à ses services de décréter ce que serait une ’véritable’ histoire, conclut la LDH.
Une douzaine d’intellectuels ont réagi en dénonçant le "retour en force de la bonne conscience coloniale".
La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), qui gère les droits de 48.000 auteurs du spectacle vivant et de l’audiovisuel, a ironiquement décerné à M. Luca un prix de la "Bêtise avec un grand C", selon le mot du poète Jacques Prévert.
une œuvre de fiction est-elle fidèle et non partisane?