Le congé paternité a eu dix ans cette année. Et les volontés de le réformer ne manquent pas. Pour son anniversaire, en février dernier, François Hollande s'est dit favorable, dans une interview au magazine Grazia, à l'idée de son allongement.
En juin 2011, un rapport de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) conseillait la création d'un "congé d'accueil de l'enfant" de huit semaines, à partager entre les parents après la naissance. De son côté, le Medef proposait à la même époque de rendre obligatoires ces 11 jours accordés au nouveau père. "Ca pourrait faire avancer les mœurs", approuve Christine Castelain-Meunier, sociologue au CNRS et auteur des métamorphoses au masculin (PUF).
Objectif parité
Car la réforme du congé paternité a une raison d'être: faire avancer la parité. "Si, en la matière, l'inégalité semble défavoriser les hommes, elle joue clairement contre les femmes", souligne Cédric Rio, chargé de mission à l'Observatoire des inégalités. La maternité est, selon lui, un frein à leur carrière et l'une des explications - "mais pas une justification" - de l'écart de salaires - 20% en moyenne. D'après Jérôme Ballarin, Président de l'Observatoire de la parentalité en entreprise, il faut instaurer une "symétrie de risque" pour l'employeur, "faire en sorte que face à un homme ou une femme en âge de procréer, l'employeur n'ait plus intérêt à embaucher l'homme".
Aujourd'hui, on compte 16 semaines de congé maternité contre 11 jours de congé paternité. Pour un chef d'entreprise, le calcul est vite fait, d'autant que les clichés persistent.
La seule réforme du congé paternité ne suffira évidemment pas à instaurer la parité au travail. "Ce n'est qu'un levier parmi d'autres", concède Jérôme Ballarin. D'autres mesures doivent l'accompagner, comme l'égalité salariale.
Compensation salariale
Congé paternité plus long? Obligatoire? Sa réforme passera quoi qu'il en soit par un débat de fond avec les partenaires sociaux, sur son coût notamment. Deux tiers des hommes profitent aujourd'hui de leur congé de 11 jours - pour le tiers restant, la réticence est essentiellement financière.
Le congé paternité est compensé par la sécurité sociale jusqu'à un maximum d'environ 67€ par jour - soit l'équivalent d'un salaire de 2050€ par mois. Pour ceux qui gagnent plus, l'employeur peut décider de compenser la perte, "par bonté ou parce qu'il y est tenu par une convention collective", explique Me Thierry Malardé, avocat. Mais c'est rare. Et le manque à gagner freine beaucoup de pères. Jérôme Ballarin cite cet exemple: quand Axa a intégralement comblé la différence, le nombre des congés paternités a cru de 10% en un an.
Antoine (le prénom a été changé) a pris ses 11 jours l'an dernier. Mais il confirme qu'avec le recul, il aurait plutôt dû poser des congés payés. "On est payés au lance-pierre et la Sécu ne m'a remboursé que trois mois après", explique ce jeune cadre. C'est pourquoi, parmi d'autres, la CFDT demande une prise en charge à 80%, au minimum.
La pression sociale
Autre frein au congé paternité: la culture d'entreprise. L'employeur n'a certes pas le droit de le refuser, mais la pression existe. "On a encore tendance à enfermer la femme au sein de la famille et l'homme au sein du marché du travail", explique Cédric Rio. Antoine l'a ressenti lorsqu'il a demandé son congé: "J'ai été vu comme un papa poule sans ambition". Il aurait pu entendre cette réflexion, citée par Christine Castelain-Meunier: ""Mais pourquoi tu veux un congé? Ce n'est pas toi qui accouche!"
Dans un monde du travail qui a été créé par des hommes et pour des hommes, ils doivent être les premiers à s'impliquer s'ils veulent que les choses changent. "Mais ce n'est pas en les culpabilisant ou en leur expliquant que c'est politiquement correct que la révolution va se faire", tempère Jérome Ballrin. Comment, alors? "En leur expliquant qu'ils ont tout à y gagner: qu'en faisant bouger les choses, ils auront eux-même davantage de temps pour s'épanouir en dehors du travail". La bonne vieille technique de la carotte.
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Re: réformer le congé paternité pour l'égalité professionnelle
Méthode norvégienne : pour chaque naissance le couple a droit à quelque chose comme 18 mois de congé parental (désolé j'ai oublié le nombre exact) qu'ils se répartissent à leur convenance, avec un minimum pour chacun d'un mois.
Autrement dit, sur une base de 18 mois, chacun des deux parents peut prendre au maximum 17 mois, et l'autre peut prendre le reste. Cela laisse beaucoup de combinaisons possibles (de 17-1 à 9-9).
Pour plus de précision, demandez-moi, il me suffira de rouvrir le bouquin que j'ai lu en février dernier.
Autrement dit, sur une base de 18 mois, chacun des deux parents peut prendre au maximum 17 mois, et l'autre peut prendre le reste. Cela laisse beaucoup de combinaisons possibles (de 17-1 à 9-9).
Pour plus de précision, demandez-moi, il me suffira de rouvrir le bouquin que j'ai lu en février dernier.
« Qu'on soit de droite ou qu'on soit de gauche, on est toujours hémiplégique. »
Raymond Aron
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