Plus encore que le mariage homosexuel, examiné à partir de mardi à l'Assemblée nationale, c'est LE dossier hypersensible du moment. L'élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes divise jusqu'au sein du gouvernement.
Mais, sur le plateau de BFM TV ce lundi matin, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre des Droits des femmes, s'est montrée affirmative :«Le texte devrait être prêt pour le mois de mars» et le gouvernement «fera en sorte qu'il soit voté avant fin 2013».
Vallaud-Belkacem : «Le gouvernement s'est exprimé en faveur» de la PMA
Alors qu'on lui demandait si elle souhaitait que la PMA soit ouverte aux femmes homosexuelles, Najat Vallaud-Belkacem a répondu : «Oui, moi je suis pour. Le Parti socialiste est pour. Le gouvernement s'est exprimé en faveur.» Mais cette méthode de procréation, jusqu’ici réservée aux couples hétérosexuels stériles, reste un dossier ultra-sensible. Il divise jusque dans les rangs socialistes.
Au sein même du gouvernement, certains auraient souhaité que cette question soit intégrée dans le projet de loi sur le mariage pour tous. D'autres, à l'instar du ministre de l'Intérieur Manuel Valls ou de la ministre des Sports Valérie Fourneyron - dont la position a été dévoilée ce lundi - y sont carrément opposés. Et les députés socialistes - excepté 27 d'entre eux qui avaient refusé de le signer - qui comptaient déposer un amendement sur la PMA dès l'examen du projet de loi sur le mariage pour tous, se sont ravisés après discussion avec le chef du gouvernement.
Taubira : «La position du gouvernement a été constante»
«La position du gouvernement a été constante», a défendu dimanche soir la garde des Sceaux, sur RTL. Christiane Taubira a martelé que le périmètre du texte de loi discuté mardi «c'est l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe» qu'elle distingue de la PMA qui est «un sujet de santé publique», «un autre sujet» dont il sera question dans un autre texte. La ministre de la Justice tient à séparer clairement les projets de loi, si bien qu'elle assure qu'il faudra «patienter pour connaître (sa) position sur la PMA». «Je ne vais pas contribuer au brouillage du débat», a-t-elle lancé.
Najat Vallaud-Belkacem a, elle, martelé sa position ce lundi matin, employant même un «nous» collectif : «Nous voudrions que cela s'ouvre aux couples homosexuels pour des raisons d'égalité : c'est permis aux couples hétérosexuels, donc permettons-le aux couples de femmes. » La ministre a égrainé en détail les questions qui se posaient dans ce dossier, évoquant tour à tour l'«anonymat du don de gamètes», le «remboursement pas la sécurité sociale» ou encore «la question de la dénomination de l'acte» : «On parle d'une assistance médicale à procréation donc certains vous disent : mais cela doit répondre à des situations de stérilité médicale quand le fait d'être en couple homosexuel est une situation de stérilité sociale.» Autant de points qui promettent des discussions électriques.
Jacob accuse le gouvernement de «tromper les Français»
Dès ce lundi matin sur i-télé, Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée, a mis en cause «la façon dont ce gouvernement conduit ce projet : il y a une véritable tromperie, notamment sur la PMA». «Elle devait être à l'origine dans le texte, ne l'a pas été, devait être portée par des députés du groupe PS avec le soutien affiché de plusieurs ministres, et maintenant, on nous la décale», a-t-il observé, s'insurgeant : «C'est vraiment tromper les Français.» «C'est contenu dans la loi par conséquence, parce que si vous donnez à tous les couples qui sont mariés, le droit d'avoir des enfants, par conséquent, vous leur donnez forcément aussi les moyens d'en avoir», a pour sa part pointé le député UMP Henrie Guaino face à la ministre déléguée en charge de la Famille, Dominique Bertinotti, sur BFM TV.
Autre point d'achoppement mis en avant par Christian Jacob : si la PMA est accordée aux couples d'homosexuelles, les couples homosexuels ne manqueront pas de demander la gestation pour autrui (GPA). «Nous allons ouvrir la voie à une société où ça deviendra naturel, normal, banal donc on va vers la marchandisation des corps», s'inquiétait le député UMP, Henri Guaino, la veille sur Canal +. «Il s’agit simplement de s’interroger sur l’ouverture de la PMA à d’autres couples. Avec cette nouvelle possibilité, on ne créerait pas quelque chose de nouveau. La GPA, elle, est interdite aux couples hétéros, comme aux couples homos, et elle sera interdite pendant tout ce quinquennat. On ne reviendra pas là-dessus», a certifié Dominique Bertinotti, ce dimanche, dans une interview au «Parisien» - «Aujourd'hui en France» .