Une partie des élus PS réticents à abroger le jour de carence des fonctionnaires
Dans les mesures prévues par le budget 2014, il en est une qui inspire des réticences à une partie des parlementaires de la majorité : l'abrogation du jour de carence dans la fonction publique. Annoncée le 20 février par la ministre de la réforme de l'Etat, Marylise Lebranchu, cette décision donne satisfaction aux syndicats. Mais elle n'est pas "des plus opportunes", commente Sébastien Pietrasanta, député PS des Hauts-de-Seine. "C'est une fausse bonne idée, un faux avantage", renchérit Jean-Marie Le Guen (PS, Paris).
Depuis début 2012, un fonctionnaire perd un jour de salaire lorsqu'il prend un congé maladie. Ce dispositif, mis en place par le gouvernement Fillon, visait à lutter contre l'absentéisme, à contenir la progression des indemnités journalières et à atténuer les disparités avec le secteur privé – qui applique trois jours de carence.
Cette réforme avait été vécue comme une vexation par les syndicats. D'après eux, l'argument d'une plus grande équité avec le monde de l'entreprise n'était pas recevable, puisque les trois jours de carence sont pris en charge par les employeurs pour environ 60 % des salariés du secteur marchand.
RÉPARTIR ÉQUITABLEMENT LES EFFORTS
Sans surprise, l'annonce de la suppression du jour de carence dans la fonction publique a scandalisé la droite, qui y a vu une mesure démagogique prise à des fins purement électoralistes. Mais des voix discordantes se sont aussi élevées à gauche.
Fin février, Thomas Thévenoud, député PS de Saône-et-Loire, a déclaré que les "efforts" demandés à la population devaient être "équitablement répartis" entre le public et le privé.
Le dossier revient sur le devant de la scène, à la faveur du projet de loi de finances soumis, à partir du 15 octobre, à l'examen de l'Assemblée. Lors d'une rencontre, il y a quelques jours, avec les syndicats de fonctionnaires, Pascal Terrasse (PS, Ardèche) a indiqué que la suppression du jour de carence n'est pas acquise car elle nécessite "une explication" au sein de son groupe, compte tenu du "débat" qui a eu lieu au sein de la majorité.
La mesure prise par le gouvernement procède "d'une vision un peu dépassée du dialogue social", juge M. Le Guen. "Elle va plaire aux organisations syndicales mais il n'est pas sûr que les fonctionnaires, eux, se sentent valorisés et qu'ils soient à l'aise avec cela", ajoute-t-il. Le député de Paris aimerait que soit trouvée "une solution plus astucieuse pour sortir par le haut" de cette affaire.
DES EFFETS VERTUEUX
Tout en se disant soucieux de ne pas stigmatiser les fonctionnaires, Sébastien Pietrasanta remarque que l'instauration du jour de carence semble avoir eu des effets vertueux : à Asnières, la commune dont il est le maire, le nombre d'absences s'est presque stabilisé en 2012. D'après lui, beaucoup d'élus locaux, y compris à gauche, se disent favorables au maintien du dispositif.
De là à envisager une fronde, lancée par des parlementaires socialistes, il y a cependant un pas, que personne, à l'heure actuelle, ne veut accomplir. Sous le sceau de l'anonymat, la collaboratrice d'un maire d'une grande ville affirme qu'il serait risqué de revenir sur la promesse faite en février, car le mécontentement serait profond chez les fonctionnaires à quelques mois des municipales.
Mme Lebranchu "n'a pas à s'inquiéter", enchaîne M. Terrasse. Il comprend les raisons qui ont amené le gouvernement à abroger le jour de carence. M. Thévenoud, lui, n'a nullement l'intention de déposer un amendement contre la mesure défendue par Mme Lebranchu car elle s'intègre "dans une discussion globale entre le gouvernement et les syndicats". En outre, observe-t-il, les agents publics font des efforts, à travers le gel du point d'indice et les suppressions d'emplois dans les ministères non prioritaires.
Tout en reconnaissant que des appréhensions s'expriment ici et là, la ministre de la réforme de l'Etat assure n'avoir pas de crainte sur le comportement des parlementaires de la majorité : ils savent que le jour de carence était injuste et inefficace.
http://www.lemonde.fr/politique/article ... 23448.html
Double effet Kiss-Cool pour le gouvernement :
1) On supprimes une mesure mise en place par le gouvernement précédent
2) On fait plaisir aux syndicats
Dans le privé, on a 3 jours de carence. Ces messieurs-dames de la Fonction Publique ne supportent pas d'en avoir un
