Ces révélations, Gilles Berheim, ont provoqué étonnement, stupeur voire même un sentiment de trahison quant on sait le temps et les difficultés qui ont été les vôtres et celle de votre équipe pour imprimer une nouvelle image au judaïsme français plus moderne, plus dynamique, plus en phase avec la société française.
Nous allons parler de cela en toute franchise car ce soir la communauté juive attend vos réponses qui comme mes confrères de la presse et toux ceux qui nous écoutent et qui ne sont ni juifs, ni journalistes. Alors on va dans un premier temps être assez factuel.
Première affaire, suite à de nombreuses attaques de plagiat sur Internet concernant “Les 40 méditations juives” parus en 2011, vous déclarez le 20 mars que l’emprunt aurait été le fait du philosophe Jean-François Liottard et de son interlocutrice qui aurait eu entre les mains la photocopie manuscrite d’un cours tenu par vous alors que vous étiez aumônier des étudiants.
Devant l’afflux des révélations alors que vous vous trouviez en Israël pour la clôture de la fête juive de Pessah, vous avez changé de discours en reconnaissant le plagiat et l’utilisation d’un nègre et en demandant à votre éditeur de retirer l’ouvrage de la vente ainsi que de votre bibliographie. Vous précisez aussi que c’est la seule et unique fois où vous vous êtes livré à un tel arrangement. Pourquoi cette réponse en deux temps et pourquoi vous êtes- vous enferré dans ce mensonge ?
GILLES BERNHEIM :
Vous savez lorsqu’un fait comme celui-là, quand des faits comme ceux-là sont révélés brutalement sur la place publique, que vous ne vous y attendiez pas, que vous n’êtes pas du tout préparé à la réaction, vous mentez bêtement.
Quand je dis, vous mentez bêtement, vous vous défendez immédiatement sans réfléchir. Et pour ma part, je regrette profondément aujourd’hui.
PIERRE GANDUS :
La Deuxième affaire concerne “Le souci des autres, fondements de la loi juive” paru en 2002 où ce sont plusieurs pages qui ont été empruntés à Jean-Loup Charvet dans son livre “L’éloquence des larmes” dont la révélation a pris corps aujourd’hui même. Sur cette affaire que répondez-vous ?
GILLES BERNHEIM :
Très simplement. Le livre “Le souci des autres” est un livre de cours que j’ai donnés en tant qu’aumônier des étudiants pendant de très nombreuses années au Centre Edmond Fleg devant des dizaines et des dizaines d’étudiants. Ce qui veut dire quoi ? Ce qui veut dire que beaucoup plus tard, il m’a été demandé d’en faire un livre.
Et que pour illustrer – pas illustrer au sens d’illustration – mais parfois pour rendre plus clairs, plus pédagogiques, plus compréhensibles des enseignements de Torah que j’avais retranscrits de mes cours, soit j’ai demandé à des personnes de me faire ce travail plus pédagogique avec donc des références littéraires ou autres (et même si d’autres ont commis des fautes, j’en suis le seul responsable puisque c’est moi qui l’ai demandé, que ceci soit parfaitement clair), soit, et cela a pu arriver à plusieurs reprises, lorsque je préparais les cours durant toutes ces années, c’est-à-dire depuis le début des années quatre-vingts où j’ai enseigné au Centre Edmond Fleg – et c’est ma faute mais c’est une réalité – à savoir que pour rendre plus fluides et plus accessibles des enseignements de Torah qui sont parfois d’une certaine exigence, d’une certaine rigueur, d’une certaine difficulté du langage, je me suis servi, je prenais des notes à la main, j’écrivais au crayon pour reprendre dans tel ou tel livre quelque chose qui me semblait très proche du raisonnement de tel ou tel maître de la tradition rabbinique.
Et la faute qui est la mienne et je le dis très clairement, c’est que je ne mettais pas de références au point que ces notes devenaient miennes.
Jusqu’au jour où j’en ai fait un livre avec, très certainement, des emprunts – ce que d’autres appelleront des plagiats – de textes qui convergent avec l’essentiel de l’enseignement des maîtres rabbiniques mais qui restent des emprunts et, cela, non seulement je le regrette profondément mais je sais que c’est une faute morale.
PIERRE GANDUS :
D’autant que vous auriez pu signaler la référence.
GILLES BERNHEIM :
Tout à fait.
PIERRE GANDUS :
Troisième affaire, le 21 décembre dernier dans son discours annuel à la Curie romaine, lors d’un discours très attendu, le Pape Benoit XVI avait cité votre plaquette contre “le mariage pour tous”, publiée le 18 octobre dernier sous le titre : “Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption, ce que l’on oublie souvent de dire.” Un événement salué par la communauté juive et la presse dans le monde entier.
Là encore, on vous reproche d’avoir emprunté plusieurs pages de son livre à Joseph Marie Verlinde : “L’idéologie du Gender – Identité reçue ou choisie ?” publié en mars 2012.
Vous confirmez ou vous infirmez aussi cet emprunt ?
GILLES BERNHEIM :
Je confirme. Je n’ai rien à cacher aussi bien sur des choses anciennes que sur des choses à venir. Lorsqu’une faute a été commise, je le dis, et là-dessus c’est parfaitement acté. Et j’ajoute par ailleurs que lorsqu’un livre est imprimé, il y a parfois des étapes intermédiaires. Cela n’enlève rien à ma responsabilité.
Ce que j’entends par une étape, c’est que d’aucuns peuvent reprendre du texte et reprendre à leur compte et ensuite vous l’utilisez. Il m’est arrivé, enseignant au Centre Edmond Fleg, de laisser des gens enregistrer et de retrouver des lignes ou des pages dans d’autres livres.
Parfois, en général légèrement remaniées et puis, je vais vous dire une chose, si vous imprimez une page telle quelle, c’est complètement imbécile. Quelqu’un qui est complètement pervers et qui veut se servir du travail des autres, il n’imprime pas les choses telles quelles.
Il les réécrit à sa façon pour s’en inspirer. Ce qui montre bien que ma démarche était, soit suicidaire, soit parsemée d’un certain nombre d’erreurs liées à la confiance mal donnée ou accordée à tel ou tel qui se servent de textes et qui ne donnent ni la référence ni les guillemets.
En toute situation j’assume et je suis pleinement responsable.
PIERRE GANDUS :Et entre les deux, entre l’attitude suicidaire et la confiance mal donnée. Vous choisissez quoi ?
GILLES BERNHEIM :
Je choisis d’abord la deuxième solution non pas parce qu’elle m’arrange mais parce qu’elle est réelle. Et aussi des textes en d’autres circonstances qu’il m’est arrivé de reprendre dans les conditions que j’ai évoquées tout à l’heure. À savoir que pour construire quelque chose, je me suis servi de textes anciens sans mettre moi-même la référence sur mes notes. Jusqu’à faire comme si elles m’appartenaient.
PIERRE GANDUS :
Dernier point il concerne votre agrégation de philosophie. La société des agrégés n’a pas de trace de votre agrégation. “Soit il n’est pas agrégé, soit il s’agit d’une erreur de transcription”, c’est ce qu’avance la présidente de cette société.
On a entendu plein de choses au sujet de cette agrégation sauf votre version.
GILLES BERNHEIM :
Ma version est très simple, non pas parce que l’affaire fut simple à ce moment-là.
Nous sommes près de 40 ans plus tard, disons 37 ans plus tard. Il s’est simplement passé une chose. Lorsque vous arrivez à un concours, cela peut arriver. Et c’est ce qui m’est arrivé, alors que les choses étaient très largement bien engagées avec une réussite sinon certaine, en tout les cas probable ou très possible, de craquer.
Craquer non pas sur une note mais parce qu’un événement tragique arrive à un moment où l’on ne peut pas se permettre de subir dans sa vie intime des événements extérieurs au travail intellectuel. Cela s’est passé ainsi.
L’événement tragique et puis ensuite on entre dans le déni. C’est-à-dire, le fait, non pas de proclamer partout, mais de laisser dire que l’on est agrégé, permet de mettre un pansement sur une blessure qui est très forte et de vivre longtemps avec.
Je me permettrais d’ajouter que lorsque je me suis présenté en 2008 à l’élection pour le Grand Rabbinat de France, l’information avait déjà circulé à l’époque.
Je n’ai strictement rien dit et d’ailleurs vous observerez qu’au dos de tous mes écrits, jamais n’apparait l’expression : agrégé de philosophie. Que sur des notices, cela ait pu apparaître parce que les notices, elles, elles ne sont pas faites par l’auteur, par le sujet que je suis.
Elles peuvent être faites par d’autres personnes qui s’appuient les uns sur certains réseaux d’informations, d’autres sur le net ou d’autres choses. Il y a des erreurs qui se véhiculent et qui finissent par devenir pour beaucoup des vérités. Pour ma part, je le regrette profondément.
PIERRE GANDUS :
Donc vous nous dites ce soir que vous n’êtes pas agrégé de philosophie.
GILLES BERNHEIM :
Non
PIERRE GANDUS :
Jean-Noël Darde, spécialiste des plagiats, est à l’origine de toutes ces révélations.
Est-ce que vous le connaissez ? Est-ce qu’il y a un contentieux entre vous et pourquoi ces révélations sortent maintenant alors que les livres cités ont été publiés plusieurs années auparavant ?
GILLES BERNHEIM :
Je ne connais pas cet homme du tout. Et jusqu’à cette affaire, j’en ignorais l’existence. Je n’ai strictement rien à dire sur une personne que je ne connais pas.
Quant à la deuxième question – à savoir pourquoi cette affaire sort maintenant – permettez-moi de ne pas y répondre.
Parce que l’heure n’est pas à l’explication de l’histoire, de l’interprétation.
L’heure est à une prise de conscience personnelle des erreurs que j’ai commises.
De manière à en tirer des leçons. Parce que vous le savez, lorsque l’on a des responsabilités très lourdes, beaucoup de gens – si vous réussissez un temps soit peu dans ce que vous faites- vous perçoivent comme une espèce de héros. Comme quelqu’un qui aurait de très grandes capacités ou des grandes compétences et donc vous n’avez pas envie de les décevoir et de vous enfermer dans l’image que les autres peuvent avoir de vous et finalement que vous vous donnez à vous-même.
Et je pense qu’à l’instant présent, c’est non seulement l’humilité mais la remise en question qui s’impose à moi. De manière à vérifier chaque jour, à ne pas commettre de fautes, d’erreurs. De ne pas viser plus haut que ce que je suis capable de faire en terme d’efforts, de réussite. Autrement dit d’être pleinement homme et ne pas se vouloir plus qu’un homme au-dessus des autres. Et je me permettrais de rajouter ce qu’enseigne le Baal Chem Tov, à savoir que “l’homme est le bégaiement de D-ieu”. Il faut savoir parfois accepter de ne pouvoir bégayer et pas toujours parler parfaitement pour rien.
PIERRE GANDUS :
Vous parliez à l’instant de cette prise de conscience personnelle. Je suppose que vous-même, vous vous posez des questions sur ce qui vous a poussé à agir ainsi.
Est-ce que vous avez un début de réponse ?
GILLES BERNHEIM :
Qu’est-ce qui pousse à agir ainsi ? Vous savez ce que m’a rapporté l’histoire de l’agrégation ? Je n’en ai jamais profité. Je n‘ai jamais demandé un bénéfice, un profit, un poste, un avantage quelconque. Que ce soit en termes de situation, que ce soit en termes d’argent, de représentation.
Là où j’ai été pour parler, pour enseigner, pour partager la Torah à l‘épreuve du monde, c’est-à-dire la pensée de la Torah à l’épreuve de la pensée occidentale, je l’ai fait oralement, sans notes, rarement avec des notes.
Ce qui nécessite une certaine compétence, un vrai travail de préparation, de réflexion, de clarté, de pédagogie. Lorsque vous débattez avec de grands philosophes contemporains, avec ou sans titre d’agrégation, que vous débattez sans notes, vous n’existez que si vous êtes à la hauteur, si vous maitrisez votre savoir et ensuite c’est aux autres d’en juger. De juger de la qualité de vos prestations.
Et vous savez depuis tant d’années, c’est-à-dire depuis 1978 où je suis rabbin, à Paris, en France, en Europe, en Israël et ailleurs, les débats publics ont été très nombreux. L’enseignement de la Torah, j’en parlais tout à l’heure, je l’ai pratiqué dans le cadre de l’aumônerie des étudiants puis de la Synagogue de la Victoire. Ces enseignements ont été multiples. Enseignement sans notes, dont des générations et des générations d’étudiants ont fait leur vie, se souviennent et ce sont eux qui peuvent en témoigner. Le livre en hébreu devant l’orateur et c’est tout.
Que vous dire d’autre ?
PIERRE GANDUS :
Internet où tout se dit sans limites s’est très vite emparé de cette affaire avec aussi bien des comités de soutien à votre encontre que des collectifs appelant à votre démission. Ce soir, que dites-vous à ceux qui nous écoutent ?
Allez-vous démissionner ou rester à votre poste ? J’ajoute d’ailleurs que certains de ceux qui veulent votre démission vous ont menacé de nouvelles révélations si vous vous maintenez à votre poste.
GILLES BERNHEIM :
Permettez-moi de dire une chose très simple. C’est que démissionner sur une initiative personnelle relèverait d’une désertion. Que, par ailleurs, ce ne serait pas conforme à ce que j’ai toujours été dans la vie privée et dans la vie publique. À savoir un homme qui sait prendre ses responsabilités. J’ajouterais également que ce serait un acte d’orgueil alors que je dois agir aujourd’hui dans la plus grande humilité.
Et puis permettez-moi de dire pour terminer que ce serait contraire à la collégialité qui préside à une telle décision.
Je crois que mon propos est très clair, je travaille, j’assume ma fonction pleinement. Les menaces sont évidemment toujours très brutales et ont pour finalité d’exercer une forme de violence, de casser la personne. Je suis solide et, dans cette esprit de collégialité dont je viens de parler, j’assume chaque jour pleinement ma fonction de Grand Rabbin de France.
PIERRE GANDUS :
Donc vous ne démissionnez pas. Est-ce que le Consistoire central vous soutient ?
GILLES BERNHEIM :
Le Consistoire central est un ensemble de personnes. Il y a des gens qui me soutiennent, il y a des gens qui me soutiennent moyennement, il y a des gens qui s’opposent à moi, d’autres qui ne me soutiennent pas du tout. Il y a un peu de tout si vous me permettez cette expression.
Vous savez, des gens qui vous soutiennent, des gens qui s’opposent à vous, cela a toujours existé. J’en ai vécu des situations d’opposition, voire de confrontations violentes.
Rappelez-vous en 2008, l’élection au poste de Grand Rabbin de France, rappelez-vous d’autres situations antérieures… J’assume. Il n’y a que les gens qui ne s’engagent pas qui n’ont aucun ennemi, aucun adversaire et qui, quelque part, survivent à toutes les situations parce qu’ils sont passés entre les gouttes d’eau.
PIERRE GANDUS :
Je voudrais à présent aborder votre travail comme GRF, vous en en parliez à l’instant. Avec votre équipe, je le disais au début de cette émission, vous avez imprimé une nouvelle image au judaïsme français. Plus moderne, plus dynamique, plus en phase avec la situation française.
Vous avez été de tous les combats comme pour redonner un nouveau souffle au rabbinat français, réformer le séminaire israélite : rendre plus saine la filière de la cacherout en France ; se battre contre ceux qui voulaient interdire l’abattage rituel avec le Grand Rabbin Bruno Fison ; le dossier des circoncisions avec le Grand rabbin Moshe Lewine qui est aussi votre porte-parole ; celui des derniers devoirs dus aux morts avec le Grand Rabbin Claude Mamane.
Vous avez alerté les pouvoirs publics sur la résurgence de l’antisémitisme en France. Vous avez rendu visite à de très nombreuses communautés juives à travers toute la France.
Un travail de tous les jours avec une équipe qui est à vos côtés depuis quatre ans et, pour certains, depuis bien plus longtemps. Qu’avez-vous envie de leur dire ce soir et que dites-vous aux juifs de France qui vous ont soutenus, qui ont cru en vous pour tout ce que je viens d’énoncer.
GILLES BERNHEIM :
Ce que je voudrais leur dire c’est qu’une épreuve, traverser une épreuve comme celle que je traverse, comme celle que ma famille, mes proches, mes collaborateurs et collaboratrices traversent doit rendre plus fort.
Être plus fort, tirer des leçons, ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs, afin d’aller de l’avant… La Techouva n’existe qu’à condition que l’on sache ne pas répéter les mêmes fautes.
Et donc être plus exigeant, beaucoup plus vigilant après que ce que l’on n’était avant. C’est la première chose que je veux leur dire.
La deuxième chose, c’est au sujet de l’image que j’ai de la communauté, l’idée que je me fais du judaïsme en France – et je voudrais associer le Grand Rabin Haim Korsia qui n’a pas été mentionné tout à l’heure parmi mes collaborateurs et il y en a encore d’autres, qu’ils ne se vexent pas de ne pas être tous rappelés ce soir –, pour imprimer au judaïsme en France un souffle important.
Et quand je dis un souffle, une plus grande proximité entre les Juifs et les non Juifs. Une plus grande proximité entre toutes sortes de Juifs. Ceux qui pratiquent et ceux qui ne pratiquent pas et ceux qui sont “tièdes”. C’est à dire non pas un judaïsme de clans où il y aurait différents types de Juifs… mais sans lien entre eux.
C’est très difficile parce que cela exige du respect, parfois de la tolérance. Beaucoup de patience, là où des gens veulent réussir très vite et valoriser leurs réseaux parce qu’ils ont leurs intérêts. Et c’est vrai que ce travail doit être poursuivi.
C’est ce que je souhaiterais accomplir si la communauté m’accorde sa confiance et si l’histoire me permet de continuer comme je le souhaite, d’aller de l’avant.
Vous avez parlé de l’école rabbinique.
Il y a là un gros chantier qui a été confié au Grand rabbin Kauffman et je l’épaulerai autant que faire se peut avec la commission administrative de l’École rabbinique.
Avec l’amitié, le soutien et la confiance du président du Consistoire central.
Et puis le travail social, le travail interreligieux. Vous avez parlé de la cacherout, vous avez parlé de la formation continue des rabbins. Cette formation continue que nous donnons aux rabbins, c’est pour leur permettre de mieux affronter les problèmes des familles, les problèmes sociaux, les problèmes économiques.
Pour pouvoir apporter des réponses, orienter les gens.
Pour pouvoir être de vrais relais lorsque les problèmes se posent à eux dans la communauté. C’est là le travail qui a été accompli déjà depuis quelques années maintenant.
Dans les hôpitaux, avec l’aumônerie des hôpitaux, c’est extrêmement important parce que nous savons que c’est dans les moments de souffrance que les gens réfléchissent, ont besoin des autres, veulent aller de l’avant.
Parfois ils ont des choix cruciaux à faire.
Et l’aumônier des hôpitaux est là pour aider ceux qui sont en grande souffrance ainsi que leurs familles. Je n’ai fait que recenser quelques tâches importantes, il y en beaucoup d’autres.
Le travail dans les petites communautés, les voyages, les visites, les encouragements, les enseignements et surtout, surtout, surtout, dispenser un enseignement de Torah qui parle à toutes sortes de juifs.
Qui leur donne à penser.
Que ce soit dans un langage simple ou que ce soit dans un langage intellectuel mais une Torah qui élève, qui donne l’amour de l’autre. Une Torah qui n’exclut pas, une Torah qui relie.
Et c’est cette Torah que je continuerai à enseigner chaque jour, chaque semaine et, sans doute après l’épreuve que je traverse, une Torah que je veux enseigner encore beaucoup plus et plus encore l’étudier moi-même chaque jour.
PIERRE GANDUS :
Dernier question : comment avez-vous l’intention de renouer les fils de la confiance qui se sont établis entre vous et la communauté juive ?
Entre vous et les gens qui travaillent avec vous au quotidien ?
GILLES BERNHEIM :
Ce sont en fait deux questions.
D’une part avec la communauté, d’autre part avec ceux qui travaillent avec moi au quotidien, et cela c’est important de le dire.
Pour commencer, ceux qui travaillent avec moi au quotidien peuvent être déçus, peuvent avoir l’impression d’avoir été trompés ou d’avoir été trahis.
Il m’appartient de demander pardon à ceux que j’ai pu décevoir, de leur dire et qu’ils puissent l’entendre. C’est comme demander pardon à ses proches.
Parce que les proches souffrent dans cette épreuve. Les proches, ce sont les amis, la famille, et la famille représente, pardonnez-moi l’expression, la partie la plus intime.
Et puis vis à vis de la communauté, c’est un problème d’images.
Elle est à restaurer, à reconstruire.
Ceci étant, dans l’activité rabbinique qui est la mienne depuis près de quatre ans et demi, je n’ai pas commis de fautes et l’histoire de l’agrégation, l’histoire des emprunts ou des plagiats, ce sont des faits importants, moralement graves, mais je n’ai pas commis de fautes dans l’exercice de ma fonction, dans l’attachement aux causes qui sont les miennes.
Dans l’accomplissement des nombreuses obligations qui me sont conférées et cela m’aidera à retisser, à reconstruire une image de confiance, je l’espère, si D-ieu le veut, avec l’aide du Tout Puissant.
PIERRE GANDUS :
Gilles Bernheim, merci pour ce moment de franchise et de vérité sur Radio Shalom. C’est la fin de cette émission.
Bonne soirée.