http://www.lemonde.fr/politique/article ... 23448.htmlUne cinquantaine de députés PS plaident pour une "CSG progressive"
François Hollande a beau avoir tout misé sur l'emploi, c'est par la porte du pouvoir d'achat que reviennent les difficultés au sein de sa majorité. Moins de 24 heures après l'intervention du chef de l'Etat au "20 heures" de TF1, convaincu d'être "tout près du but" de l'inversion de la courbe de chômage, des députés socialistes souhaitent déjà recentrer le débat.
Cinquante-deux élus, dont trois écologistes, comptent déposer deux amendements au futur projet de loi de financement de la Sécurité sociale, examiné à l'Assemblée à partir du 14 octobre, visant à rendre progressive la CSG. Soit, concrètement, à passer cet impôt de fixe à proportionnel au salaire, comme pour l'impôt sur le revenu.
"Cette mesure de justice fiscale permettrait de rendre, de manière substantielle, du pouvoir d'achat aux catégories populaires et moyennes sans accroître le déficit public", écrivent les députés signataires emmenés par le club de la Gauche populaire qui, avant l'été déjà, avait plaidé pour la mise en oeuvre d'une "grande réforme fiscale". Lucide, le député d'Indre-et-Loire Laurent Baumel ne cache pas qu'il s'agit là d'"un amendement d'appel qui n'est pas destiné à être repris mais qui permet de peser dans le débat budgétaire en cours". Et cela est déjà suffisant pour inquiéter jusqu'à Matignon.
"BRAS D'HONNEUR À HOLLANDE"
Lundi soir, la réunion hebdomadaire de la rue de Varenne, rassemblant autour du premier ministre, les poids lourds du gouvernement et du PS, a été largement consacrée à cette initiative. Pour un participant, le message envoyé est clair : "Faire ça le lendemain de l'intervention du président à la télévision, c'est un camouflet pour l'Elysée, un vrai bras d'honneur à Hollande. Une manière de lui dire 'François, ce que tu proposes sur le budget c'est bien mais c'est insuffisant'."
Autour de la table, personne n'a repris le débat au bond. Ni le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui pour le moment ne semble vouloir ni encourager ni brider ces parlementaires, ni Benoît Hamon, le ministre délégué à la consommation, qui compte plusieurs proches parmi les signataires, ni Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée. Ce dernier, comme le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, n'a toujours pas acquis l'autorité nécessaire pour contenir ce type d'action et Jean-Marc Ayrault doit piloter directement l'affaire. "Il faut garder l'axe de la lutte pour l'emploi mais écouter les uns et les autres", a tenté d'apaiser le premier ministre.
L'oukase parlementaire vient relancer la question épineuse du pouvoir d'achat des salariés, après la sortie, au cœur de l'été, du député PS Thierry Mandon (Essonne) qui avait proposé de revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires. Mais si celle-ci ne concernait alors qu'un seul député, comme les pressions sur la taxe diesel sont circonscrites aux seuls élus écologistes, cette fois, "l'appel des 52" coalise plusieurs courants socialistes.
TROUPE HÉTÉROCLITE
De la Gauche populaire à l'aile gauche (les députés franciliens Pascal Cherki et Jérôme Guedj), en passant par la Gauche durable proche de Martine Aubry (avec le député de la Nièvre Christian Paul), des députés écologistes (dont le président de groupe et élu de Loire-Atlantique François de Rugy) ou des proches d'Arnaud Montebourg (comme l'élu des Français de l'étranger Arnaud Leroy).
Une troupe hétéroclite qui pourrait encore s'agrandir à l'occasion de la "journée de rentrée" de la Gauche populaire qui organise, mercredi soir à l'Assemblée, une réunion sur le thème "Réussir le quinquennat : quelles priorités pour la majorité ?". Seront notamment présents Delphine Batho, ex-ministre de l'écologie frondeuse sur le budget, Malek Boutih, député de l'Essonne tout aussi remonté, l'élu de Paris Jean-Marie Le Guen, proche de l'aile droite du PS, ou encore Laurent Grandguillaume député de Côte-d'Or et hollandais pur sucre.
Pas question pour eux de se réfugier derrière le paratonnerre des élections municipales mais, au contraire, de poser les questions difficiles, à savoir "que faire pour améliorer le pouvoir d'achat des catégories populaires" et "renouer avec notre électorat à l'approche des municipales". Avec comme objectif clair, celui de peser sur les débats des journées parlementaires socialistes, prévu les 23 et 24 septembre à Bordeaux.
Toute mesure visant à faire peser la fiscalité en priorité sur ceux qui ont de l'argent et de l'alléger pour ceux qui en ont moins est bonne. Je soutiens cette proposition.



