Faut-il remettre El Shennawy en liberté ?

[le parisien]

Prison: El Shennawy, détenu depuis 38 ans, en attente d'une décision


Le tribunal d'application des peines de Créteil doit examiner jeudi une demande de libération conditionnelle de Philippe El Shennawy, 59 ans dont 38 passés derrière les barreaux, qui a bénéficié au printemps d'une grâce présidentielle partielle.

Une audience se déroulera à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), où est incarcéré M. El Shennawy, condamné à de multiples reprises pour braquages et évasions, et dont la peine court jusqu'en 2032, a affirmé à l'AFP l'un de ses avocats, Julien Dubs.

Ses défenseurs demandent sa libération conditionnelle avec placement sous surveillance électronique probatoire, c'est-à-dire avec le port d'un bracelet électronique, pour une durée fixée par la justice, généralement comprise entre un et trois ans.

A l'issue d'une première audience le 17 octobre, le parquet avait requis un ajournement de la procédure dans l'attente de l'avis de la Commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté (CPMS), qui a été rendu depuis.

Cette instance, chargée de se positionner sur la dangerosité et le risque de récidive des détenus, a émis un avis défavorable, arguant que M. El Shennawy était "paranoïaque" et "dangereux". Toutefois, le parquet s'est tout de même positionné en faveur de la libération conditionnelle, a-t-on appris auprès de son autre avocate Maud Marian.

"Cet avis est consultatif donc le parquet n'est pas tenu de s'y conformer", a-t-elle expliqué, qualifiant le rapport de la CPMS de "proprement odieux". "Cela nous a fait peur", mais "le problème est réglé puisque le parquet n'en tient pas compte".

"Tendu mais optimiste"

Le parcours judiciaire de Philippe El Shennawy démarre en 1977, lorsqu'il est condamné à la prison à perpétuité pour le braquage d'une banque avenue de Breteuil à Paris, avec prise d'otages. Cette attaque, à laquelle il a toujours nié avoir participé, n'avait fait ni morts, ni blessés.

Libéré sous condition en 1990, il est réincarcéré pour violation d'une interdiction de séjour à Paris, où il s'était rendu pour voir son fils.

Il s'évade à deux reprises, à l'occasion d'une permission en 1997, puis lors d'un séjour en unité pour malades difficiles en 2004, avant d'être repris dans les deux cas. Au cours de ses quelques mois de cavale, il commet plusieurs vols à main armée.

C'est la grâce présidentielle partielle accordée en mars par François Hollande qui a ouvert la voie à son éventuelle libération conditionnelle. Lors de son recours en grâce, M. El Shennawy avait reçu le soutien de dizaines de personnalités.

"La vraie problématique est que la prison ne doit pas seulement être expiatoire, elle doit servir aussi à la réinsertion", a estimé Me Marian. "Il y a un nombre incalculable d'expertises qui concluent qu'il n'y a plus aucun intérêt à ce qu'il soit encore détenu", a-t-elle affirmé.

Son autre conseil, Me Dubs, a déclaré avoir "bon espoir" que la libération conditionnelle soit accordée. "Les choses n'ont jamais été aussi favorables. Il a un emploi qui l'attend, une situation familiale stable. Il a tout ce qu'il faut pour se réinsérer. Rien n'a jamais été aussi bien qu'aujourd'hui", a-t-il ajouté. Évoquant l'état d'esprit de son client, il l'a qualifié de "tendu mais optimiste".

"Théoriquement ça devrait bien se passer", a ajouté l'épouse du détenu, Martine El Shennawy.

La décision devrait être mise en délibéré.

http://www.lepoint.fr/societe/prison-el ... 796_23.php

[tisiphoné]

ça servirait à quoi de le garder en détention?
franchement il a amplement payé ses erreurs, il est temps pour lui de sortir, avec un suivi bien sur.

[tisiphoné]

A l'entrée de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), le visiteur distingue mal le visage du surveillant derrière le guichet. En revanche, il entend très bien les trois seuls mots qui l'accueillent : « Vous êtes quoi ? » Lui répond la vérité : « Je ne comprends pas le sens de votre question. » Le gardien lève les yeux et, cette fois, ce que le visiteur y lit paraît très clair : « Encore un emmerdeur venu voir un détenu et qui va me créer des problèmes. » Le visiteur ne sait plus quoi dire. Il a soudain l'impression – qui ne le quittera plus tout au long de cette aventure – d'être devenu suspect.

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S. R. est le chef d'une petite entreprise parisienne spécialisée dans les projets et événements culturels. Ce jour de septembre 2013, il rend visite au parloir à Philippe El Shennawy, 60 ans, matricule 969912, pour envisager de lui fournir un emploi. Il ne le connaît pas, mais connaît son parcours, comme tout le monde.

El Shennawy est une des plus longues peines de France, trente-huit ans en détention pour braquages et, théoriquement, encore une vingtaine à purger. Mais depuis des mois, El Shennawy met sa vie en jeu, à coups de grève de la faim et de batailles juridiques, pour obtenir une libération conditionnelle. A ce stade de l'histoire, il convient toutefois de ne pas faire durer le suspense : de manière spectaculaire, le tribunal de Créteil a accepté, mercredi 22 janvier, la libération d'El Shennawy.

L'ENTRETIEN D'EMBAUCHE SE FERA À FRESNES

On en est encore loin cet après-midi de septembre 2013, où S.R. attend El Shennawy à Fresnes. Il en a entendu parler dans le cadre d'un atelier organisé par le Musée du Louvre au centre pénitentiaire de Poissy, une des dix-neuf prisons dont El Shennawy a interminablement fait le tour, des décennies durant. En détention, El Shennawy s'est jeté sur tout ce qu'il trouvait : la pâtisserie, une licence d'histoire, l'informatique, la menuiserie. Il est brillant, on le remarque. S.R. apprend qu'El Shennawy cherche un travail.

Pourquoi pas dans son entreprise ? Le dossier paraît sérieux : François Hollande vient d'accorder une grâce partielle à El Shennawy, ouvrant la voie à la fameuse conditionnelle. Les rapports de la Pénitentiaire sont favorables, ceux des psychiatres aussi. Manque un élément, réclamé par les magistrats : un emploi. Un des plus gros écueils, surtout en temps de crise, pour un prisonnier de 60 ans, avec un casier judiciaire pour CV.

Dans ce contexte, l'arrivée de S. R., avec son offre d'embauche, ressemble à celle du Père Noël. S. R. se sent sans a-priori, de bonne foi. A l'audience du 16 mai 2013, l'offre du Père Noël est sèchement balayée par la procureure adjointe de Créteil : « L'enquête sur l'employeur apporte peu d'éléments, si ce n'est que l'entreprise est en règle. Il est difficile de croire à la viabilité d'un projet pas encore défini et probablement payé au smic, alors qu'on peut douter que M. El Shennawy puisse vivre comme M. Tout-le-monde. Cet emploi semble être de circonstance… au minimum. » Dossier renvoyé en appel.

LES CONDAMNATIONS S'ADDITIONNENT

Comment rendre une embauche plus consistante sans un entretien ? Les avocats d'El Shennawy, Julien Dubs et Maud Marian, demandent une permission de sortie. Refusée. De son côté, S. R., 40 ans, s'est piqué à l'affaire. Il ne connaît rien au monde de la prison et ne voit pas pourquoi un ex-braqueur n'aurait pas sa chance s'il remplit les conditions. Au fond, S. R. doit être un des seuls à y croire, bien davantage que les professionnels ou même qu'El Shennawy.

Lui connaît la machine : vingt ans pour un hold-up, puis accusé à nouveau, évasions, braquages encore… Sans avoir tué personne, les condamnations se sont additionnées, sans être confondues, fixant sa sortie en 2032. Cela s'appelle une « peine d'élimination » que certains magistrats appliquent à ceux qu'ils estiment ne jamais devoir sortir de prison.

De façon exceptionnelle pour un employeur, S. R. a demandé un entretien d'embauche à Fresnes. Cela fait une heure qu'il attend le prisonnier. Il l'a soudain en face de lui. « C'est comme si on m'avait parlé d'un malade et que je découvrais quelqu'un en bonne santé. »

« SI EL SHENNAWY RESTE EN PRISON, CE SERA DE MA FAUTE »

L'entreprise de S. R. compte vingt salariés. Il n'a aucune envie de la mettre en péril, « ni même de porter quelqu'un dans mes bras pour l'assister ». Une permission est à nouveau demandée, accordée cette fois, en décembre 2013. C'est un moment à la fois banal et étrange, de voir cet homme qui a vécu seul dans une cellule tant d'années marcher dans le quartier des Halles à Paris. « Les gens n'ont pas envie d'entendre que ceux qui ont commis une faute ont les mêmes droits qu'eux », dit S.R. « Nous avons pourtant un intérêt collectif à la réinsertion. »

La dernière audience se joue le 16 janvier. Le procureur adjoint ne s'oppose plus à une libération, mais impose un cadre strict : El Shennawy est autorisé à quitter son domicile seulement entre 7 heures et 19 heures durant la semaine et quelques heures le week-end. « C'est largement suffisant puisqu'il n'a pas le statut de cadre », croit savoir le magistrat. Il exige, de plus, un contrat de travail déjà rédigé. « A ce moment-là, j'ai eu l'impression que tout me disait clairement : si El Shennawy reste en prison, ce sera de votre faute », dit R. S. « Ce n'est pas la possibilité d'une libération que cela a révélée pour moi, mais au contraire son impossibilité. » Le 22 janvier, rien ni personne du monde judiciaire n'a annoncé à S. R. la libération d'El Shennawy, son futur embauché.

[gemmill]

qu'est devenu l'argent de ses braquages ??
il y a t'il une relation avec sa très longue mise en détention ??

des assassins sont restés bien moins longtemps en prison...

[Jarod1]

ça servirait à quoi de le garder en détention?
franchement il a amplement payé ses erreurs, il est temps pour lui de sortir, avec un suivi bien sur.

Braquages, évasions, braquages, si il n'a tué personne, ça tient plus du miracle.

Je suis beaucoup tolérant avec quelqu'un qui comment un jour un acte grave, voir qui tue quelqu'un, dans un contexte particulier, qu'avec ces gens qui font en toute connaissance de cause le choix d'un parcours criminel et n'y renoncent jamais.

[tisiphoné]

Braquages, évasions, braquages, si il n'a tué personne, ça tient plus du miracle.

Je suis beaucoup tolérant avec quelqu'un qui comment un jour un acte grave, voir qui tue quelqu'un, dans un contexte particulier, qu'avec ces gens qui font en toute connaissance de cause le choix d'un parcours criminel et n'y renoncent jamais.

finalement il vaut mieux prendre 22 ans de peine incompressible, que cumuler des peines moindres.

[mordred]

Vaut mieux violer une nana. 10 ans et c'est bon !

[Comtesse Tatère]

Qu'il sorte, c'est une chose. Comme beaucoup de détenu ayant subi une longue peine. Et on en parle jamais dans les différents JT. Maintenant en faire un pauvre malheureux, et depuis hier presqu'un héros, moi ça me gêne.

C'est un voyou au départ. Il a payé ? C'est bien. Qu'il vive sa vie mais surtout qu'il ne vienne pas nous polluer encore avec les misères que l'état français a pu lui faire endurer. Il a choisi cette vie là, on ne lui a rien imposé. Il s'est évadé ou tenté de le faire, c'est personne qui l'a poussé dehors... Alors pitié, marre de cette histoire.

Ce n'est pas un héros. Lui, il sort et il a un emploi, passionnant selon ses dires. Ce n'est pas le cas de la très grande majorité de détenus. Il va faire un livre, on en fera un film... etc etc etc. Il n'est pas à plaindre.

On tourne la page comme disait Ségo.

[NSC]

Qu'il sorte, c'est une chose. Comme beaucoup de détenu ayant subi une longue peine. Et on en parle jamais dans les différents JT. Maintenant en faire un pauvre malheureux, et depuis hier presqu'un héros, moi ça me gêne.

C'est un voyou au départ. Il a payé ? C'est bien. Qu'il vive sa vie mais surtout qu'il ne vienne pas nous polluer encore avec les misères que l'état français a pu lui faire endurer. Il a choisi cette vie là, on ne lui a rien imposé. Il s'est évadé ou tenté de le faire, c'est personne qui l'a poussé dehors... Alors pitié, marre de cette histoire.

Ce n'est pas un héros. Lui, il sort et il a un emploi, passionnant selon ses dires. Ce n'est pas le cas de la très grande majorité de détenus. Il va faire un livre, on en fera un film... etc etc etc. Il n'est pas à plaindre.

On tourne la page comme disait Ségo.