http://www.leparisien.fr/economie/emplo ... 587243.phpAssurance chômage : les propositions choc du Medef passent mal
Voilà un projet qui pourrait mettre le feu aux négociations. Le patronat a fait une série de propositions drastiques pour réformer l'assurance chômage, alors que débute ce jeudi sur ce dossier une troisième séance de négociations avec les syndicats.
Dans un document révélé par le journal Les Echos, Medef, CGPME et UPA établissent leurs suggestions pour «réformer en profondeur» le système. Au programme : modulation de l'indemnisation des chômeurs en fonction de la conjoncture, fin du régime spécial des intermittents ou cotisation des contractuels de la fonction publique.
Ils mettent ainsi sur la table le dossier très sensible du régime spécial - et déficitaire - dont bénéficient les intermittents, régulièrement pointé par la Cour des Comptes en raison de son coût. Ils suggèrent d'aligner ce régime sur le régime général. A charge pour l'État d'assumer le «surcoût du traitement plus favorable» réservé aux intermittents s'il le juge nécessaire «au nom de l'intérêt général». Ils souhaitent de la même façon réintégrer le régime spécial des intérimaires dans le régime commun.
La CGT-spectacle a immédiatement appelé à la «riposte», soulignant «les engagements» du gouvernement en faveur d'un maintien des règles d'indemnisation spécifique pour les intermittents.
Faire varier la durée d'indemnisation des chômeurs en fonction de la crise
Autre mesure proposée par le patronat : moduler les droits des demandeurs d'emploi et la durée de leur indemnisation en fonction du niveau de chômage. Actuellement, la règle qui prévaut est celle d'un jour indemnisé pour un jour cotisé.
De son point de vue, avec un taux de chômage supérieur ou égal à 12%, on pourrait passer à 1,2 jour indemnisé pour un jour cotisé. Mais avec un chômage à 9%, on tomberait à 0,8 jour indemnisé pour un jour cotisé. De la même façon, la durée maximale d'indemnisation et la durée minimum de travail donnant droit à allocations pourraient varier en fonction du taux de chômage.
Le patronat propose également que tous les employeurs publics cotisent à l'Unedic pour les agents contractuels (employés par l'administration mais sans le statut de fonctionnaires). Il voudrait aussi ouvrir une concertation avec l'État sur sa participation financière au régime d'assurance chômage, actuellement uniquement abondé par les cotisations des salariés et des employeurs du privé, ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays.
Enfin, le patronat aimerait revoir les règles permettant de cumuler allocation chômage et activité réduite, afin que le dispositif incite davantage à reprendre un emploi. Dans ce but, le cumul entre salaire et indemnités chômage ne pourrait dépasser 80% de l'ancienne rémunération nette du chômeur.
La CGT a déchiré les propositions du patronat
Côté syndicats, ces propositions ne passent pas. Jeudi matin, le représentant de la CGT aux négociations sur l'assurance chômage a même déchiré devant les caméras le projet de réforme du patronat, qu'il a jugé «inacceptable», à son arrivée au siège du Medef où se tiennent les négociations. «La CGT appelle les salariés, les précaires, les demandeurs d'emploi, les intérimaires, les intermittents à se préparer à un rapport de force», a lancé le négociateur CGT Eric Aubin.
La CFDT et FO ont également accusé le patronat de vouloir faire du «buzz» en ouvrant le dossier des intermittents. La représentante de la CFDT, Véronique Descacq, a fermé la porte à toute négociation sur ce sujet «qui ne fait pas partie de la négociation». «On ne veut pas en parler», a-t-elle insisté.
Le gouvernement a, lui, mis en garde le patronat. Jeudi matin sur Europe 1, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lui a ainsi reproché de jouer au «casse-cou» avec ses propositions, soulignant que ce n'était pas en période de crise que l'on pouvait «dégrader» les indemnisations des demandeurs d'emploi.
Sur les intermittents, «je déconseille au Medef de persévérer dans cette erreur» a prévenu Jean-Marc Ayrault. «Laissons les partenaires sociaux négocier, c'est leur entière responsabilité mais pas de casse-cou», a-t-il conclu.
Depuis ce jeudi matin, patronat et syndicats participent à une troisième séance de négociation sur la «convention» de l'Unedic qui définit tous les deux ou trois ans les modalités d'indemnisation des chômeurs et le montant des contributions des employeurs et des salariés finançant le régime. Ils se sont donné jusqu'au 13 mars pour parvenir à un accord, alors que le régime s'achemine vers une dette record.
Plutôt que de faire la guerre au chômage, le MEDEF déclare la guerre au chômeurs

