D'aucuns s'interrogent sur la place des représentants écologistes au gouvernement. Leurs critiques de certaines directions prises, leurs déclarations intempestives et, dernièrement, le soutien de Cécile Duflot aux manifestants contre l'aéroport de Nantes ont lancé le débat: pourquoi François Hollande les garde-t-il? Leur «apport» politique à la majorité est-il si indispensable, si irremplaçable, qu'il faille passer sur leur énervante et permanente indiscipline?
Il est une autre façon que politique de poser la question de l'utilité des écologistes: l'examen de leurs résultats. La cause écologiste a-t-elle progressé? Les militants écologistes et leurs si nombreux et si querelleurs partis ont-ils su faire avancer leurs thèses? Leur interventionnisme, pour agaçant soit-il, est-il efficace?
Si la réponse est négative, si l'environnement n'est pas mieux protégé, il est légitime de se demander à quoi servent ces partis et, conséquemment, à quoi sert d'avoir des ministres Verts dans un gouvernement?
Entendons-nous: la cause écologiste est probablement la seule innovation véritable d'idéologie politique de ce dernier demi-siècle. Non pas vouloir «défendre la planète», résumé réducteur et mauvais guide, mais vouloir une société respectueuse des équilibres au sens large, qui vise la qualité de vie plutôt que la quantité consommée, qui apprenne à voir loin pour durer.
La crise financière avec ses excès en tout genre aurait dû être un moment de conversion à un capitalisme frugal. Tandis que la social-démocratie à laquelle se convertissent si tard les socialistes français est mise à mal par les dettes et que le système social est plombé par son coût, les écologistes auraient dû avoir le vent en poupe pour promouvoir auprès de l'opinion une évolution progressive mais radicale des modes de vie.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est manqué. Les élus écologistes français se sont éloignés de la défense de leurs thèses pour envahir le champ social occupé par la gauche ou, pis, pour ne plus vouloir que des postes. Mais, s'ils ont ainsi mobilisé leurs esprits dans la politicaillerie, c'est parce que leurs méthodes sont, sur le fond et partout, en échec. Les Français ne sont pas isolés, le recul des Verts est mondial.
Le bilan tracé par l'ONU est sans appel. C'est le paradoxe qui devrait faire réfléchir les Verts: les objectifs économiques dits du Millénaire ont été grosso modo atteints mais aucun des objectifs environnementaux. Depuis 1990, la pauvreté a été réduite de moitié, le nombre de personnes souffrant de la faim a diminué de 40%, 2 milliards de personnes ont obtenu un accès à l'eau.
Mais, déplore l'ONU:
«La croissance mondiale des émissions de dioxyde de carbone [CO2] s'accélère, elles sont aujourd'hui 46% plus élevées qu'en 1990. […] Les forêts continuent de subir des pertes à un rythme alarmant […]. La surexploitation des stocks de poissons a entamé les stocks mondiaux, [qui] sont actuellement en dessous du niveau auquel ils peuvent produire des rendements durables […]. De plus grandes zones terrestres et marines sont protégées, mais des oiseaux, des mammifères et d'autres espèces animales sont en voie d'extinction plus rapidement encore, avec des déclins des populations et des répartitions.»
La lutte contre le réchauffement climatique en est l'exemple le plus visible et le plus important, mais l'échec écologique est global.
La France le reflète. Les émissions de CO2 sont sous la moyenne européenne, mais elles n'ont pas été réduites depuis 1990 (la production nette, compte tenu des exportations et importations, a crû de 33%). Les ménages ont allongé leurs parcours en voiture, les logements se sont agrandis, les efforts réels de l'industrie ont été annihilés par le commerce et les services.
Le Grenelle de l'environnement, grand-messe de célébration d'une France convertie, a tourné à la bureaucratie. Deux lois, 268 engagements, qui se sont traduits par des piles de règlements et de normes supplémentaires, qui, dit le Conseil économique, social et environnemental, «n'ont pas conduit à une meilleure visibilité et accessibilité des droits à l'environnement».
Concrètement, on ne voit pratiquement que des déceptions, des reculs, des renvois: 6% des surfaces agricoles devaient devenir bio, seuls 3,7% le sont; le fret ferroviaire devait croître de 25%, il a reculé d'autant; les énergies renouvelables devaient représenter 23% en 2020, nous en étions à 13,1% en 2011 et la Cour des comptes, calculant qu'il faudra faire passer les investissements à 40 milliards d'ici à 2020, s'interroge sur la soutenabilité de ce projet à un «coût élevé pour la collectivité». Bref, le Grenelle est à ranger auprès des protocoles et des conférences sur le climat, dans les oubliettes.
Les défenseurs écologistes, du moins ceux qui parlent au nom de leurs partis, opposent toujours le PIB et l'environnement. Ils n'ont de solutions pour faire prévaloir l'écologie que de brimer l'économie, par la contrainte et la bureaucratie, au lieu de se vouloir les inventeurs concrets d'une nouvelle économie frugale. Leur combat contre les infrastructures, dont les aéroports, fait d'eux des réactionnaires au lieu d'avant-gardistes. L'énergie, singulièrement le nucléaire, les obnubile; ils devraient être en pointe pour soutenir la recherche et les inventions rentables.
Pour servir leurs justes thèses, les écologistes devraient s'interroger au fond et admettre que, tant que leurs représentants ne se réconcilient pas avec le progrès, avec l'économie et avec la science, ils continueront à pester contre le cours de l'histoire sans parvenir à le modifier.
L'échec mondial de l'écologie politique
- sacamalix
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L'échec mondial de l'écologie politique
Il n'y absolument aucun mérite à exciter les gens. Le vrai héros c'est celui qui apaise.
La laïcité n'est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l'ordre public.
La laïcité n'est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l'ordre public.
Re: L'échec mondial de l'écologie politique
Pas faux et les chiffres sont terribles ,un véritable échec.
Re: L'échec mondial de l'écologie politique
"Pour servir leurs justes thèses, les écologistes devraient s'interroger au fond et admettre que, tant que leurs représentants ne se réconcilient pas avec le progrès, avec l'économie et avec la science, ils continueront à pester contre le cours de l'histoire sans parvenir à le modifier."
c'est justement le cours de l'histoire qui est la cause des désagréments écologiques.
en son nom , on autorise tout et n'importe quoi , sous le sceau d'une prétendue modernité et d'un accés a un meilleur bien-être.
si le temps des hommes continue sa course éffrenée , le temps écologique ne supporte qu'on le bouscule.
c'est justement le cours de l'histoire qui est la cause des désagréments écologiques.
en son nom , on autorise tout et n'importe quoi , sous le sceau d'une prétendue modernité et d'un accés a un meilleur bien-être.
si le temps des hommes continue sa course éffrenée , le temps écologique ne supporte qu'on le bouscule.
si maupassant est devenu fou , c'est parce que il avait une conscience aigüe de la matiére , du néant et de la mort.
"extension du domaine de la lutte".michel houellbecq
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Re: L'échec mondial de l'écologie politique
tant que le pognon roi fera la loi, aucune idée écologiste ne pourra s'imposer...
L'idée écologiste c'est de freiner cette coures en avant du n'importe quoi n'importe comment...
le capitalisme et le libéralisme de notre temps, c'est d'accéléré toujours plus fort sans jamais aucune limite...
cet antagonisme est indépassable.
L'idée écologiste c'est de freiner cette coures en avant du n'importe quoi n'importe comment...
le capitalisme et le libéralisme de notre temps, c'est d'accéléré toujours plus fort sans jamais aucune limite...
cet antagonisme est indépassable.
« Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis » (André Gide)
Tous le monde unis, contre tous les autres!
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Re: L'échec mondial de l'écologie politique
Les écolos se sont dispersés, il parlenty de tout sauf d'écologie.
En plus, en se rangeant du coté de la Gauche, ils sont fait de l'écologie une valeur de Gauche alors que ce devrait être quelque chose de transversal, quelque chose qui serait au dessus des clivages Gauche / Droite. On devrait pouvoir être écolo au PS, au FN, à l'UMP, au PC, à l'UDI, etc...
En plus, en se rangeant du coté de la Gauche, ils sont fait de l'écologie une valeur de Gauche alors que ce devrait être quelque chose de transversal, quelque chose qui serait au dessus des clivages Gauche / Droite. On devrait pouvoir être écolo au PS, au FN, à l'UMP, au PC, à l'UDI, etc...
Re: L'échec mondial de l'écologie politique
l'écologie ne peut être que de gauche, car elle prône le bien commun avant l'accaparation individuel.Johan a écrit : Les écolos se sont dispersés, il parlenty de tout sauf d'écologie.
En plus, en se rangeant du coté de la Gauche, ils sont fait de l'écologie une valeur de Gauche alors que ce devrait être quelque chose de transversal, quelque chose qui serait au dessus des clivages Gauche / Droite. On devrait pouvoir être écolo au PS, au FN, à l'UMP, au PC, à l'UDI, etc...
On ne peut pas être un VRAI écologiste en étant pour la libéralisme mondialisé acoquiné au capitalisme financier ....
« Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis » (André Gide)
Tous le monde unis, contre tous les autres!
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Re: L'échec mondial de l'écologie politique
parce que nous sommes TOUS concernés.Johan a écrit : Les écolos se sont dispersés, il parlenty de tout sauf d'écologie.
En plus, en se rangeant du coté de la Gauche, ils sont fait de l'écologie une valeur de Gauche alors que ce devrait être quelque chose de transversal, quelque chose qui serait au dessus des clivages Gauche / Droite. On devrait pouvoir être écolo au PS, au FN, à l'UMP, au PC, à l'UDI, etc...
si maupassant est devenu fou , c'est parce que il avait une conscience aigüe de la matiére , du néant et de la mort.
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Re: L'échec mondial de l'écologie politique
L'écologie politique n'est pas l'écologie scientifique, la politique a adopté une forme de blocage et de solutions radicales, alors que les progrès scientifiques devraient plutôt proposer des solutions d'amélioration progressive et selon les moyens, tant qu'ils ne se mettront pas dans cette ligne, ils se ridiculiseront et décrédibiliseront la protection obligatoire de l'environnement
"les animaux lâches vont en troupeau" Alfred de Musset
Re: L'échec mondial de l'écologie politique
Oui !gemmill a écrit : parce que nous sommes TOUS concernés.
C'est pas facile de placer l'humain face à sa merde pour lui démontrer l'étendue des dégâts, pas rassurant non plus de compter sur son instinct (ou ses ersatz d'instinct) pour réagir à temps...
Je vois même là une démarche normalement impensable, être obligé d'expliquer à des adultes concernés qu'une certaine discipline doublée d'une symbiose sont indispensables à la survie de l'espèce et qu'il faut agir en humains responsables, c'est triste...
L'écologie ne peut pas être réduite à un parti politique, l'écologie c'est universel, c'est l'affaire de tous et notre survie à tous dépend de cette conscience planétaire.
Re: L'échec mondial de l'écologie politique
Ce n'est pas grave après tout. Comme disait l'autre, il faut bien mourir de quelque chose. Nous aurons le plaisir d'empoisonner les derniers pollueurs à coup de verres de pétrole brut. Si le Nucléaire nous en laisse le temps.
"Les mécontents, ce sont des pauvres qui réfléchissent".
Talleyrand.
Talleyrand.