Assouline : "Les listes qui ne se retirent pas en cas de menace du FN n'auront pas l'investiture du PS"
Le porte-parole du PS s'exprimait à la sortie du Bureau national réuni au lendemain du revers électoral subi dimanche au premier tour des municipales.
Les listes qui ne se retireraient pas en cas de menace du Front national n'auront pas l'investiture du Parti socialiste pour le second tour des élections municipales dimanche, a déclaré lundi soir le porte-parole du PS, David Assouline. "Nous avons appelé (...) à ce qu'il y ait un engagement fort des socialistes pour qu'à aucun moment, il (ne) puisse y avoir une ville qui passe au FN (...) Ce qui nécessite un appel au retrait des listes socialistes quand ce danger est en place. Si des listes veulent prendre localement ce risque, eh bien, elles n'auront pas l'investiture du Parti socialiste", a précisé le porte-parole devant des journalistes.
David Assouline s'exprimait à la sortie du Bureau national, l'instance dirigeante du PS, réuni au lendemain du revers électoral subi dimanche par les socialistes au premier tour des municipales, et marqué aussi par la progression du Front national.
Alliance avec le FN : le débat sur le «ni-ni» à l'UMP est clos
Les ténors du parti refusent toute alliance avec le FN et rejettent en bloc le front républicain.
Les poids lourds de l'UMP auraient tort de bouder leur plaisir. «Après les défaites de la présidentielle et des législatives, après l'apocalyptique guerre Copé-Fillon, après le feuilleton des affaires, enfin une bonne nouvelle», soufflait un ténor du parti à l'issue des réunions de travail qui se sont déroulées au lendemain du premier tour des municipales. En comité politique - où se retrouvent une quarantaine des principaux leaders du parti - puis dans le cénacle plus large du bureau politique, Jean-François Copé, François Fillon ou Jean-Pierre Raffarin n'ont pas manqué de se réjouir des résultats. À l'évocation de la situation à Marseille, le nom de Jean-Claude Gaudin a même été ovationné. Des débordements de joie que chacun était tenu de ne manifester que dans le huis clos des instances du parti. Car la consigne est claire: «Surtout pas de triomphalisme, il reste une semaine de campagne.»
L'atmosphère était d'autant plus détendue que le redouté débat de l'entre-deux-tours sur les consignes de vote a prestement été évacué. Jean-François Copé a rappelé la ligne du «ni-ni» - pas d'alliance avec le Front national, pas de front républicain - maintenant bien ancrée dans le parti. «Un œcuménisme transcendantal» régnait au comité politique selon un cadre du parti. «Pas d'appel à voter pour le candidat le moins sectaire», ironise un copéiste en référence à la position que François Fillon a défendue l'été dernier.
Plus tôt dans la journée, la plupart des leaders de l'UMP se sont exprimés pour rejeter les appels de la gauche au front républicain. «Ce serait tomber dans le piège du Front national», a répété Alain Juppé. François Baroin, lui, a confirmé qu'il était toujours pour le «barrage étanche avec le FN» qu'il prône «en tant que chiraquien, gaulliste social, avec une conviction très forte: il n'y aura jamais d'alliance avec l'extrême droite». Selon le maire de Troyes, le FN est maintenant un problème pour le PS. «La question dans l'entre-deux-tours est cruelle et douloureuse pour la gauche », a-t-il estimé en évoquant le cas de Patrick Mennucci, arrivé troisième à Marseille derrière l'UMP Jean-Claude Gaudin et le FN Stéphane Ravier: «Les candidats PS vont-ils retirer leurs listes?»
Négociations actives
«Les cas où la question du retrait de notre candidat pourrait se poser sont extrêmement limités, juge pour sa part Brice Hortefeux. En plus, dans certaines situations, le maintien de l'UMP contribue à éviter de faire élire le FN. C'est ce qui arrive à Avignon, par exemple: si l'UMP se retire, le FN est élu!» Dans la préfecture du Vaucluse, le candidat du Front national Philippe Lottiaux et la socialiste Cécile Helle sont arrivés en tête avec 29% des suffrages. Bernard Chaussegros, qui briguait la succession de l'UMP Marie-Josée Roig, est distancé avec 21%.
Gérard Longuet, sénateur de la Meuse, se préoccupe lui de la situation à Forbach où le FN Florian Philippot (35%) devance d'une courte tête le maire PS Laurent Kalinowski (33%). Le candidat UMP Alexandre Cassaro est arrivé quatrième avec 12% des voix, derrière le dissident Éric Diligent (19%). À l'UMP, on craint qu'un retrait de son candidat en faveur de Diligent, qui a mené une campagne beaucoup plus centriste, ne favorise au final Philippot. Gérard Longuet et Nadine Morano essayaient lundi de convaincre à l'inverse Diligent de se rallier à une liste conduite par Cassaro.
Une ville pourrait cependant faire exception à la règle du ni-ni édictée par Paris. À Béziers, Élie Aboud, qui brigue la succession de Raymond Couderc, est arrivé deuxième avec 30%, loin derrière les 45% du candidat d'extrême droite Robert Ménard. Le député UMP aurait entrepris des négociations actives lundi avec son concurrent socialiste Jean-Michel Du Plaa (18%) en vue du second tour. «Il n'y a pas de négociation à Béziers, jure un cadre du parti à Paris. Le PS fait ce qu'il veut, cela ne nous concerne pas.» D'autres cependant se montraient plus prudents: «Tout cela relève du local, la ligne du parti, elle, est claire.»
Au "ni-ni" de l'UMP, l'UDI répond "non, non merci !"
Il faut être au moins deux pour faire un front. Et l'UMP ne l'entend pas ainsi. Jean-François Copé a répété la ligne : ce sera le désormais fameux "ni-ni". Comprendre ni alliance avec le FN, ni soutien au PS.
Hormis François Baroin qui se dit partisan d'un "barrage étanche" qu'il "prône depuis toujours en tant que chiraquien", tous sont désormais sur la même ligne à l'UMP, Alain Juppé et François Fillon compris.
Une ligne qui colle avec son électorat. Selon une étude BVA, pour 60% des sympathisants de l'UMP, les candidats UMP doivent se maintenir, 29% appeler à voter FN, et seuls 10% pour la gauche.
N'en déplaise au PS qui a annoncé le retrait de plusieurs listes pour contrer le FN. N'en déplaise aussi à l'UDI. Le partenaire de l'UMP n'est pas du tout sur la même ligne. Comme il l'avait indiqué quelques jours avant le premier tour, Yves Jégo, qui assure l'intérim à la tête du mouvement centriste pendant la convalescence de Jean-Louis Borloo, "nous allons respecter à la virgule près le front républicain".
"Si la liste UMP ne se retire pas, notre candidate le fera"
"Nous retirons nos candidat des listes de l'UMP là où le FN est en mesure de l'emporter", explique-t-il et, si les candidats en question refusaient de se plier à la règle, "on engagera des procédures d'exclusion". A Forbach par exemple, "si la liste UMP ne se retire pas, notre candidate le fera".
Dans la ville de Moselle, Florian Philippot est arrivé en tête (35.75% des suffrages) devant le socialiste Laurent Kalinowski (33 %). Suivent deux autres candidats le divers droite Eric Diligent (18,99 %) et l'UMP Alexandre Cassaro (12,26 %). Une quadrangulaire avec maintien du candidat UMP pourrait faciliter l'élection la semaine prochaine du vice-président du Front national.
L'UMP n'envisage pas de retrait. Soit les deux listes fusionnent, soit elles se maintiennent toutes les deux, les discussions sont toujours en cours.
"Même si nous nous retirions, les électeurs n'iraient pas voter socialiste"
Partout ailleurs, "nous ne sommes pas présents sur les listes", ajoute Yves Jégo alors que son parti demande au PS et à l'UMP de retirer leurs listes dans neuf villes. A Carpentras par exemple, l'UDI demande le retrait du candidat UMP, le député Julien Aubert.
La position de l'UDI n'émeut pas outre mesure à l'UMP. "C'est traditionnellement leur position, mais même si nous nous retirions, les électeurs n'iraient pas voter socialiste", souligne un cadre de l'UMP conscient de la perméabilité des deux électorats.
Localement pourtant, tous ne suivent pourtant pas la ligne du "ni-ni". A Perpignan, par exemple, le maire sortant UMP, Jean-Marc Pujol, a ainsi appelé le candidat socialiste, arrivé en troisième position à "prendre ses responsabilités" et à se "désister" pour empêcher la victoire du frontiste Louis Aliot, arrivé en tête. Et, paradoxalement, à Carpentras, le maire socialiste compte sur le maintien de l'UMP arrivé troisième pour battre le FN...


