Ça n'est pas Le Parisien mais ça donne une idée de qui sont ces "gens".
Ce que révèlent les premières enquêtes sur leurs auteurs
Warda A., corps mince enveloppé dans un grand manteau à chevrons noir et blanc, s’est éclipsée en un éclair, dès qu’elle a pu, fuyant les regards et le box des accusés où elle ne faisait que passer du temps. une poignée de minutes, ce vendredi 10 novembre devant la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Cette Française de 37 ans, le visage fermé par de hautes lunettes, a été libérée et placée sous contrôle judiciaire en attendant son procès au fond, prévu le 22 novembre. Elle est soupçonnée d’avoir prôné le terrorisme et provoqué la haine antisémite dans une vidéo publiée sur Instagram le 2 novembre.
Ce faisant, cette mère de deux enfants est devenue l’un des visages à l’origine de la statistique de 1 247 actes antisémites officiellement recensés à ce jour en France, depuis le début de la guerre déclenchée par l’attentat du Hamas en Israël le 7 octobre, qui a quitté 1 200 morts, pour la plupart des civils.
Le 2 novembre, la YouTubeuse qui était à Deauville quelques jours s’est filmée en mode selfie et plaisantait sur la mort d’un bébé israélien qui aurait été mis dans un four par les soldats du groupe terroriste. « Je trouve que c’est un assez bon menu », a-t-elle longuement plaisanté, avant de souligner son discours par : « Je ne suis pas là pour répandre la haine ou pour la trouver légitime. ou quoi, mais c’est un peu tout de même. » La vidéo, publiée sur un profil privé suivi par quelque 7 800 personnes, a immédiatement généré une volée de signalements, de plaintes, « et de menaces de mort contre lui, et contre le mien », confie son avocat, Me Ilyacine Maallaoui.
Dans le box, la prévenue, visiblement mal à l’aise, faisait à peine entendre le son de sa voix, confirmant simplement quelques détails sur son état civil : cette ancienne réceptionniste et secrétaire de direction, née à Djibouti, ancienne femme au foyer, a lancé une marque de mode. qui n’a encore rapporté aucun revenu.
L’influenceuse de style, sans casier judiciaire, vit en attendant l’aide de la CAF et élève seule ses deux enfants de 3 et 12 ans – elle est séparée du père.
Une trentaine de condamnations déjà prononcées
Selon le ministère de la Justice, plus de 300 enquêtes ont été ouvertes pour actes antisémites et apologie du terrorisme au cours du mois dernier, et plus de 300 légalisations des rapports Pharos (la plateforme qui permet de signaler en ligne des contenus illicites) ont été répertorié.
Selon nos informations, une trentaine de condamnations ont déjà été prononcées, le plus souvent avec des peines de prison. Mais la plupart des enquêtes sont en cours et de nombreux auteurs ne sont toujours pas identifiés.
Ceux qui ont déjà été présentés devant la justice ne dressent pas un portrait unique de la haine antisémite. Plutôt un kaléidoscope, incluant « des jeunes qui disent des choses très graves » ou « des gens plus ancrés dans la défense de la cause pro-palestinienne et qui font des dérapages », décrivait le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, le 5 novembre.
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Un antisémitisme d’opportunité »
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Il n’y a pas de profil type, on voit des mineurs comme des majeurs, avec ou sans inscription à leur casier judiciaire. Il y a un sentiment d’impunité qui se développe avec ces discours, et c’est grave, car on sait que les discours se terminent toujours par des actes violents, pas forcément de la même personne », ajoute Me Oudy Bloch. , l’avocat de l’Organisation juive européenne qui s’est constitué partie civile dans l’affaire Warda A. et voit se manifester depuis un mois un « antisémitisme opportuniste ».
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Nous sommes en plein contrecoup du conflit qui se déroule à 3 500 km de la France », constate l’historien Marc Knobel, qui constate, à chaque conflagration au Moyen-Orient, une nette augmentation du nombre d’incidents. En 2000, la deuxième Intifada a provoqué plusieurs attaques au cocktail Molotov contre des synagogues. Deux décennies plus tard, les événements enregistrés semblent de moindre intensité, mais nettement plus nombreux, et ce sur l’ensemble du territoire.
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Soixante pour cent sont des agressions contre des personnes, principalement des insultes et des menaces, et 40 % sont des atteintes aux biens », estime l’avocat Elie Korchia, président du Consistoire central juif de France, qui s’efforce de tenir le recensement des agressions, venues de toute la France. .
De « l’antisémitisme islamiste » à la « bêtise extrême »
C’est ce moniteur d’auto-école, établi à Floirac (Gironde), près de Bordeaux, qui a menacé de tuer l’animateur Cyril Hanouna sur les réseaux sociaux. C’est cet adolescent originaire de Strasbourg, où vit la deuxième communauté juive de France, qui a déployé un couteau devant les portes de la synagogue. Ce mineur, de nationalité syrienne, soupçonné d’avoir donné un coup de pied à un rabbin dans un couloir du métro parisien.
Il s’agit de l’imam de Beaucaire, Yassin El Himer, condamné à huit mois de prison pour avoir publié sur Facebook le 12 octobre des commentaires tirés d’un hadith (mot attribué à Mahomet et enregistré dans la tradition islamique) appelant à « combattre » et à « tuer ». les Juifs. Pour Me Corine Serfati, avocate au Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) de la région Occitanie, il est le représentant de « l’antisémitisme islamiste ».
A Avignon, Sheryane H., 18 ans, a été condamnée lundi à cinq mois de prison pour avoir craché, le 2 novembre, sur la kippa d’un homme juif qu’elle avait également insulté. Lors de l’audience, elle a expliqué qu’elle était entrée en colère lorsqu’elle avait vu une étoile de David sur le couvre-chef. « Mon geste n’est pas contre les Juifs mais contre la politique israélienne », s’est défendue lors de l’audience la jeune adulte déscolarisée, condamnée par le passé pour vol ou injure, notamment envers ses éducatrices à domicile.
Son avocate, Me Charlène Neveu-Sanchez, y voit une «
bêtise extrême ». « C’est l’acte d’un enfant complètement blessé et optimiste, qui ne comprend absolument rien au conflit au Moyen-Orient.
Vous lui dites que le Hamas est un plat qui vient de Turquie, elle vous croit ! », décrit-elle.
Un antisémitisme idéologique qui va de pair avec des préjugés tenaces
« C’est une caractéristique de l’antisémitisme d’être entretenu, d’une part, par des théoriciens et des idéologues, et de l’autre, par des gens qui relaient des préjugés parfois sans en avoir conscience. Ils reprennent des discours qui circulent depuis des siècles », analyse l’historienne Marie-Anne Matard-Bonucci, directrice du diplôme de formation universitaire en lutte contre le racisme et l’antisémitisme à l’université Paris 8.
Selon la radiographie 2022 de l’antisémitisme en France, publiée par la fondation Fondapol, « l’idée selon laquelle les Juifs sont plus riches que le Français moyen est reprise par 30 % des personnes interrogées ». Cette même étude affirme que 33% des Français considèrent qu’il est « légitime » d’accuser les Juifs d’être responsables de la politique d’Israël.
« J
e ne sais pas pourquoi je suis ici ! » a reconnu, le 6 novembre, dans le box de la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Priscilla R, 38 ans. Cette Franco-gabonaise au regard hagard et aux cheveux ébouriffés comparait devant le tribunal pour avoir agressé un autre client à la caisse d’un supermarché parisien. Elle lui a craché dessus, l’a frappée et l’a traitée de « sale juive ». La victime juive a été « légèrement blessée », selon son avocat. On ne connaîtra pas encore les motivations de l’agresseur : l’affaire a été reportée au mois prochain, le temps qu’une expertise psychiatrique soit réalisée.
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