C'est une gestion complètement godiche de la langue française qui est la cause de son déclin
par Ortograf-fr (Louis Rougnon Glasson)
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http://alrg.free.fr/ortograf/d665-910-4 ... -tract.pdf
Pour expliquer leurs déboires qui n'en finissent pas, nos Vaillants Défenseurs de la Langue Française accusent tour à tour les enseignants paresseux, les décideurs politiques trop avares au moment de donner "des moyens", les parents inexistants, les journalistes qui font des fautes, ou l'intolérance des flamands.
Ils feraient mieux de s'en prendre à eux-mêmes. C'est une gestion complètement godiche de la langue française qui est la cause de son déclin
A - "Toutes les expressions ne sont pas claires"
Un discours de perroquets nous vante la clarté de la langue française. Mais certaines précautions qui étaient respectées jadis pour qu'il en soit ainsi, ne le sont plus maintenant.
Au bon temps de l'école de Jules Ferry, pour exprimer la non-totalité d'un ensemble d'éléments, on prenait soin de dire par exemple: "Les enfants ne sont pas tous dans la cour". Mais l'esprit baroque est passé par là. Une nouvelle façon de parler a été mise en vogue par le titre de livre ou de film: "Tous n'étaient pas des anges".
Un principal de collège annonce un jour: "En raison de la grève, tous les cours ne seront pas assurés la journée du tant". Patatrac! La joie des élèves paraissant excessive, dix minutes plus tard arrive le correctif trouble-fête pour indiquer ce que ce jargon prétendument génial veut dire: "Il faut entendre: "certains cours ne seront pas assurés" la journée du tant"
Imaginez un général en chef qui ordonne, en mai 1940: "Toutes nos divisions ne se porteront pas sur la frontière belge"... on connait la suite.
B - Homonymes: l'aire vicieuse des matheux est venue forniquer avec l'air vicié des chimistes
Les homonymes sont une source de confusion à l'oral, donc une faiblesse de la langue.
Si l'on multiplie les mots brefs, comportant par exemple moins de quatre sons, on augmente le risque d'homonymie, parce qu'on ne peut faire qu'un petit nombre de combinaisons différentes quand on fait intervenir un petit nombre de sons.
Un jour, la chapelle des maths modernes a éprouvé le besoin de trouver un mot particulier pour désigner le nombre qui mesure une surface, une unité de surface ayant été préalablement choisie.
Sans hésiter, nos matheux ont ressorti le mot "aire" qui avait été oublié dans des cartons poussiéreux justement parce que sa trop grande brièveté le rend inconsistant.
Aujourd'hui, pour les profs de maths et de physique-chimie des collèges, l'orthographe des deux homonymes air / aire est un véritable cauchemar. Pour un sens donné, la probabilité d'avoir une orthographe fausse ne s'écarte guère de 50%.
Voir aussi le mini-tract cinglant intitulé: "Homonymes: le coup de génie des VDO se rendant aux os, aux eaux, au zoo"
C - "Déjeuner", "diner". Des lève-tard nous ont cuisiné une langue française à la va-comme-j'te-pousse
Des francs-comtois ayant invité des amis parisiens "à diner", les attendent à midi... ils arrivent le soir.
Pour être clair sur ce registre, il vaut mieux proscrire les mots de la langue française: "déjeuner", "diner", "souper", parce que leur sens dépend du lieu où l'on se trouve. En outre, le sens qui a valeur légale, c'est celui qui n'a pas de sens.
Voici, parait-il, comment ça s'est passé. Ayant l'habitude de passer la soirée au spectacle, le Tout-Paris a pris aussi celle de se lever tard. Le repas de midi étant alors - pour eux seulement - celui qui rompait le jeûne de la journée, ils l'ont appelé "déjeuner".
Une fois que leur usage a été imposé comme norme officielle, le repas qui était antérieurement appelé "déjeuner" a dû être rebaptisé "petit déjeuner".
Dans la mesure où l'on "déjeune" à midi, n'en déplaise à Monsieur Toubon, il est alors judicieux de brëkfeuster un fois que l'on est levé.
(Remarque: ici, dans l'écriture de brëkfeuster, on a choisi la lettre ë pour le son "et", comme dans "Noël", et on a dû utiliser l'écriture "eu" pour le son dit "e muet", parce qu'ici, à cause des lettres voisines, une lettre "e" seule aboutirait à la lecture "brëkfëster !")
Cette gestion à la va-comm'e-j'te-pousse se retrouve partout. Des expressions comme "crème fouettée", "crème à la vanille", sont remplacées systématiquement par des expressions qui ne veulent rien dire: "la chantilly", "la crème anglaise". Dans certains menus de restaurants, on ne sait plus quoi inventer pour ne pas être compris.
D - Les "politiques" et le sexe des anges
Un homme politique peut être une femme. Pour la manière de la désigner, ça nous vaut déjà mille élucubrations sur le sexe des anges, façon de parler, parce que la différence est fondée sur un sexe qui n'a aucune raison d'être celui d'un ange.
Si vous pensez alors que la bonne manière de dire consiste à utiliser le seul et même mot "politicien", pour les femmes comme pour les hommes, détrompez-vous !
En raison de l'immaturité politique française, le mot "politicien" a pris, quand il est utilisé comme adjectif, un sens péjoratif passablement gênant. Pour cette raison, pour dire "un homme politique", nos apprentis virtuoses de la langue française n'utilisent plus l'expression "un politicien", mais "un politique".
De cette manière, le nom "politique" veut donc dire, quand il est masculin, "un homme politique", ce qui peut être en fait une femme politique. Mais, quand il est féminin, il peut soit avoir son sens traditionnel de "activité politique", soit désigner une femme appartenant à l'ensemble des hommes politiques.
Décidément, pour aller contredire le site belge intitulé: "français, langue idiote!", il vaut mieux ne pas s'aventurer avec cet exemple là. Avec un tel cafouillage, il faudrait s'attendre à ce que même les hommes polis tiquent.
Et, pour les perspectives que ça nous promet, n'ayons pas peur des maux ! Les Vaillants Défenseurs de l'Orthographe n'en sont pas à une débâcle près.
Dans Constantinople assiégée par les turcs, ça polémiquait très fort sur le sexe des anges. A quelques lieues du Waterloo que la francophonie est en train de se prendre en Belgique, que fait-on?
E - Et si on se faisait une votation pour adopter "septante", "nonante" ?
Un instituteur se désolait pour un élève qui n'avait jamais réussi à compter au delà de soixante-dix.
Si vous composez un numéro de téléphone à six chiffres où interviennent des "septante", et des "nonante", vous pouvez le faire de mémoire en une seule fois, sans avoir à faire une lecture intermédiaire de vérification. Si, au contraire, vous composez le même numéro en utilisant les "soixante-dix", "quatre-vingt-dix", vous êtes obligé de faire une lecture intermédiaire.
Les expressions "soixante-dix", "quatre-vingt dix" sont également sources de confusion lorsque l'on dicte des nombres pour les écrire.
Mais, naturellement, les gens géniaux ne semblent pas avoir ces problèmes-là, ils sont proches du "génie" de la langue française.
Gros avantage pour les Suisses: on ne leur demande pas d'être géniaux.
F - Gestion immature des sons et des lettres
Les constituants élémentaires d'une langue, ce sont les lettres pour sa forme écrite et les sons pour sa forme orale.
Nos Vaillants Défenseurs de l'Orthographe révèlent un niveau zéro d'observation pour ce qui concerne les sons, les lettres, et la correspondance entre les lettres et les sons.
Il en résulte, dans l'opération Ortograf, un problème pour argumenter, dû au fait qu'il faut s'entretenir avec des gens qui ne savent pas de quoi on parle.
1°) Une norme de prononciation pour ceux qui n'y croient pas
Selon nos Vaillants Défenseurs de l'Orthographe, il n'existe pas de langue française parlée normale. Une quelconque codification dans ce sens serait une atteinte sacrilège à la très chouette diversité des accents régionaux.
Ils sont immédiatement contredits par le fait que leurs propres gourous ont eux-mêmes défini une norme de prononciation.
Il est vrai que ceux-ci n'ont explicité ni la raison, ni le sens de leur démarche.
Une écriture phonétique du français était devenue indispensable à cause de la place de plus en plus grande prise par la forme écrite de la langue.
La prononciation correcte d'un mot ne nous donne pas son orthographe, l'orthographe correcte d'un mot découvert à l'occasion d'une lecture ne nous donne pas non plus sa prononciation. Il fallait donc se donner les moyens de faire savoir comment il se prononce.
2°) Les lettres les plus sordides que l'on puisse imaginer
En l'occurrence et comme par hasard, ceux qui nous imposent l'orthographe la plus bête du monde n'ont pas manqué de nous imposer également l'alphabet phonétique le plus affreux qui soit, c'est l'API ou alphabet phonétique international.
Avec l'API, sur la quarantaine de sons répertoriés comme étant les sons constitutifs normaux de notre langue, il n'y en a pas la moitié dont l'écriture soit conforme à nos habitudes.
Pour les très mauvais choix de lettres qui ont été faits, voir les documents suivants:
a) "Interdiction de l'API demandée pour nos écoles, lycées, collèges"
b) "Ecritures comparées API / AFF"
(Remarque: ce qualificatif "international" a permis à des voyous d'imposer aux touaregs ce même alphabet sordide, lorsqu'il s'est agi de mettre leur langue sous la forme écrite. Par contre, quand les chinois ont mis en place le pinyin pour faire connaitre la prononciation normale de leur langue aux occidentaux, ils ne risquaient pas d'utiliser l'API, ils ont pris tout simplement l'alphabet latin. C'est seulement quand la situation de faiblesse d'un peuple le permet qu'on en profite pour y faire de l'exploitation intellectuelle)
3°) L'écriture soi-disant phonétique ne l'est même pas
La norme de prononciation définie dans de telles conditions se devait d'être simpliste, elle l'est. L'inventaire des sons y est inexact.
En effet, le code utilisé fait la confusion et/è, et il confond également, derrière une même écriture, voyelles longues et voyelles brèves.
4°) La notion d'écriture phonétique du français a été méthodiquement diabolisée et ridiculisée: l'idée d'une correspondance "une lettre par son, un son par lettre" est un tabou.
La découverte du principe de l'écriture phonétique est certainement une des plus grandes découvertes de l'histoire de l'humanité.
C'est l'alphabet grec qui en a été la première concrétisation, une douzaine de siècles avant notre ère. Cinq siècles plus tard, les latins adoptaient le même principe en se créant leur propre alphabet, de manière à pouvoir écrire chaque son de leur propre langue en s'en tenant toujours au même principe: "une lettre par son, un son par lettre"
Pour que l'idée d'une éventuelle écriture phonétique du français devienne totalement inconcevable, on a utilisé les techniques de manipulation suivantes:
a) Un tabou bien gardé sur l'histoire de notre alphabet
Nos collégiens harcelés par le nécessaire apprentissage du Bled ou du Bescherelle pourront-ils jamais avoir la moindre information sur l'histoire de l'introduction des lettres j, u, w, x, y et z dans notre alphabet? sur celle de l'introduction de la cédille, du tréma, et des accents?
Pour que l'idée d'écriture d'une évolution de l'alphabet au cours de l'histoire ne puisse pas effleurer le public, on prend soin de dire: "les grecs ont inventé "l'alphabet"", et non pas "les grecs ont inventé "le principe de l'écriture phonétique".
b) Recours à la terreur pour diaboliser et ridiculiser toute écriture qui se rapproche peu ou prou de l'écriture phonétique
Toutes les absurdités de l'orthographe ont été soigneusement cachées au public. Parallèlement, le fameux couperet du "Cinq fautes, zéro" à la dictée du certificat d'études et l'humiliation du bonnet d'âne étaient des menaces banales pour exorciser les écritures involontairement intelligentes.
c) Organisation de dictées spectacles et autres championnats d'orthographe, pour sacraliser la norme
Voir par exemple les mini-tracts intitulés:
- "Dictée miraculeuse dans une école laïque"
- "Napoléon III a aimé l'orthographe"
- "Un concours du meilleur charlatan pourrait terminer la journée nationale de l'orthographe"
- "Tournois d'orthographe 2009: des pères Noël voyous montreurs de marionnettes".
- Voir aussi l'article de quatre pages intitulé: "Comment la dictée de Pivot a fabriqué nos voyous".
d) On a fait croire aux français qu'une écriture phonétique appauvrirait la langue
De toute évidence, l'écriture phonétique rigoureuse d'un message contient exactement autant d'information que le même message sous sa forme orale, et ne peut donc absolument pas constituer un appauvrissement de la langue.
Mais, dans la mesure où cette justification de l'écriture phonétique est un tabou, toute tentative de réforme de l'orthographe est irrémédiablement vouée à l'échec...
- Pour introduire dans l'esprit des gens une confusion entre écriture phonétique et laideur, on a vu que, pour l'écriture phonétique dont on a parlé ci-dessus, le choix des lettres a été le plus sordide possible, et que, de surcroit, l'écriture en question n'est même pas rigoureusement phonétique.
- De son côté, André Chervel, spécialiste de la question, a profité jadis de la correspondance rigoureuse entre les lettres et les sons donnée par une écriture phonétique, pour laisser entendre que l'adoption d'une orthographe phonétique se réduirait à une "suppression" de l'orthographe. Idée sous-jacente: l'écriture phonétique, c'est le néant !
- Voir aussi le tract intitulé: "Le chénie te la manibulazion: gonèzé-vous?" Il analyse un texte animé intitulé 'La langue unique", qui circule sur internet, et qui ridiculise l'idée de réforme.
Accessoirement, ce texte animé donne une première idée du calcul avec lequel on diabolise l'idée d'écriture phonétique.
- Ortograf-fr et Ortograf.net: ne pas confondre ! Un exemple particulièrement important d'écriture qui se veut phonétique, sans l'être, tout en l'étant, c'est celle du mouvement Ortograf.net du québécois Mario Périard.
Avec des lettres certes conformes à nos habitudes, le mouvement Ortograf.net arrive à faire encore pire que l'API en ce qui concerne l'inventaire des sons qu'il prend en compte. Par exemple, il confond "pomme" et "paume" derrière la même écriture "pom", alors que l'API garde tout de même deux écritures différentes..
Le code qu'il préconise est utilisé avec succès pour donner un minimum d'alphabétisation à des enfants autistes et trisomiques. Ainsi donc, le résultat réellement atteint par Mario Périard, c'est de faire croire au grand public qu'une écriture phonétique ne convient pas aux intelligences supérieures, telles que celles des Vaillants Défenseurs de l'Orthographe, ces éternels héros de toutes nos débâcles.
Pour conclure le plus largement sur cette manière immature d'aborder les lettres et les sons, on peut dire que la gestion à la godiche de la langue française se manifeste tout particulièrement au niveau des tentatives successives de réformer l'orthographe.
Voir le mini-tract intitulé: "Orthographe: la vieille voiture et les charlatans"
G - Bataille du franglais: "Aux fourches !"
Face à l'invasion du franglais, on retrouve la fameuse dualité qui caractérise la vie politique française, avec incapacité de trouver le compromis conforme à l'intérêt général.
L'invasion du franglais n'est certes pas toujours du meilleur goût. Mais la France intellectuelle profonde qui brandit ses fourches derrière Jacques Toubon et Philippe de Saint Robert ne fait surement pas mieux.
La réponse du bon sens nous est donnée par des gens qui observent les choses depuis l'extérieur de l'Hexagone.
"Je précise que mes étudiants ne comprennent vraiment pas qu'on veuille remplacer web par hypertoile..." Fernando Martinho, Université d'Aveiro (Portugal)
"Nous les allemands avons adopté le mot américain "computer". Pourquoi vos décideurs se sont-ils cru malins de faire cocorico en inventant le mot "ordinateur"?. Vous êtes les seuls à l'utiliser, et chaque français doit apprendre deux noms là où tous les autres peuples du monde n'en apprennent qu'un". Holger Heiler (Mühlacker).
Le mot "ordinateur" est maintenant entré dans les usages. Pour un mot d'usage très fréquent il est un peu long et il pourrait judicieusement être abrégé en devenant "ordi", un nom qui comporte encore quatre sons, et qui ne prête à aucune confusion.
Mais par ailleurs, avec la loi Toubon, toute une batterie de mots français a dû être inventée pour remplacer des mots anglais, et elle a ensuite été imposée dans les textes à caractère officiel tels que les brevets d'invention.
Ces textes sont peu nombreux, alors que les documents pratiqués quotidiennement par les spécialistes sont très majoritairement en anglais. Quand il leur arrive de lire quelque document officiel, ceux-ci découvrent alors toute une batterie de mots français qui n'apparaissent que là. Heureusement, pour la clarté du texte, ces mots sont accompagnés de leur traduction en anglais , mise entre parenthèses.
Ca fait penser à une émission à la télé où, au milieu d'un groupe d'enfants, le bon Philippe de Saint Robert inventait le mot "sabadomi", pour remplacer le mot week end.
On peut faire très modestement quelques suggestions:
Pour chaque mot nouveau adopté, le bon usage exigerait le protocole suivant:
- explication correcte du sens de ce mot, de son origine et de son étymologie, dans les articles qui l'utilisent
- indication de sa forme orale s'il apparait sous sa forme écrite, ou inversement de son orthographe s'il apparait sous la forme orale
- une bonne écriture phonétique du français devrait permettre d'écrire phonétiquement chaque mot nouveau adopté, en se calant soit sur sa prononciation d'origine, soit sur son orthographe d'origine.
Voir par exemple les écritures de "Gaston" et de "Dalton" dans le tract intitulé: "Utilisez l'écriture alfograf avec vos enfants"
H - Conclusion
Par les conséquences qu'il a sur la manière de penser, de raisonner, de communiquer, l'outil linguistique est d'une importance primordiale pour la vitalité d'un pays.
Ceux qui présentent le déclin de la langue française comme conséquence de la baisse du rayonnement de la France inversent tout simplement les causes et les effets.
Voir par exemple les tracts intitulés
a) " La langue française, cause de notre déclin"
b) "Un homme politique qui élude le problème de la réforme de l'orthographe ne peut être qu'un charlatan et un voyou".
Pour le problème central de l'orthographe, voir les conférences de Joseph Maire à Dijon: "L'orthographe est un cancer qui détruit notre jeunesse, notre école, notre langue, et notre avenir dans le monde"
Contrairement à un préjugé complaisamment répandu, l'indispensable réforme de l'orthographe peut être parfaitement confortable, sûre et efficace, moyennant une actualisation judicieuse de notre alphabet.
Voir le tract intitulé: "Ortograf-fr: la réforme impeccable.
Demandez l'exposé: "Orthographe: la réforme très facile"
Rappel: le présent document au format pdf sur 4 pages A4:
http://alrg.free.fr/ortograf/d665-910-4 ... -tract.pdf
Ortograf F-25500-Montlebon louis.rougnon-glasson@laposte.net tél: 03 81 67 43 64 sites: 1°) ortograf 2°) alfograf 3°) ortograf nouvelobs
doc 665 - 2009 - 10
Un discours de perroquets nous vante la clarté de la langue française. Mais certaines précautions qui étaient respectées jadis pour qu'il en soit ainsi, ne le sont plus maintenant.
Au bon temps de l'école de Jules Ferry, pour exprimer la non-totalité d'un ensemble d'éléments, on prenait soin de dire par exemple: "Les enfants ne sont pas tous dans la cour". Mais l'esprit baroque est passé par là. Une nouvelle façon de parler a été mise en vogue par le titre de livre ou de film: "Tous n'étaient pas des anges".
Un principal de collège annonce un jour: "En raison de la grève, tous les cours ne seront pas assurés la journée du tant". Patatrac! La joie des élèves paraissant excessive, dix minutes plus tard arrive le correctif trouble-fête pour indiquer ce que ce jargon prétendument génial veut dire: "Il faut entendre: "certains cours ne seront pas assurés" la journée du tant"
Imaginez un général en chef qui ordonne, en mai 1940: "Toutes nos divisions ne se porteront pas sur la frontière belge"... on connait la suite.
B - Homonymes: l'aire vicieuse des matheux est venue forniquer avec l'air vicié des chimistes
Les homonymes sont une source de confusion à l'oral, donc une faiblesse de la langue.
Si l'on multiplie les mots brefs, comportant par exemple moins de quatre sons, on augmente le risque d'homonymie, parce qu'on ne peut faire qu'un petit nombre de combinaisons différentes quand on fait intervenir un petit nombre de sons.
Un jour, la chapelle des maths modernes a éprouvé le besoin de trouver un mot particulier pour désigner le nombre qui mesure une surface, une unité de surface ayant été préalablement choisie.
Sans hésiter, nos matheux ont ressorti le mot "aire" qui avait été oublié dans des cartons poussiéreux justement parce que sa trop grande brièveté le rend inconsistant.
Aujourd'hui, pour les profs de maths et de physique-chimie des collèges, l'orthographe des deux homonymes air / aire est un véritable cauchemar. Pour un sens donné, la probabilité d'avoir une orthographe fausse ne s'écarte guère de 50%.
Voir aussi le mini-tract cinglant intitulé: "Homonymes: le coup de génie des VDO se rendant aux os, aux eaux, au zoo"
C - "Déjeuner", "diner". Des lève-tard nous ont cuisiné une langue française à la va-comme-j'te-pousse
Des francs-comtois ayant invité des amis parisiens "à diner", les attendent à midi... ils arrivent le soir.
Pour être clair sur ce registre, il vaut mieux proscrire les mots de la langue française: "déjeuner", "diner", "souper", parce que leur sens dépend du lieu où l'on se trouve. En outre, le sens qui a valeur légale, c'est celui qui n'a pas de sens.
Voici, parait-il, comment ça s'est passé. Ayant l'habitude de passer la soirée au spectacle, le Tout-Paris a pris aussi celle de se lever tard. Le repas de midi étant alors - pour eux seulement - celui qui rompait le jeûne de la journée, ils l'ont appelé "déjeuner".
Une fois que leur usage a été imposé comme norme officielle, le repas qui était antérieurement appelé "déjeuner" a dû être rebaptisé "petit déjeuner".
Dans la mesure où l'on "déjeune" à midi, n'en déplaise à Monsieur Toubon, il est alors judicieux de brëkfeuster un fois que l'on est levé.
(Remarque: ici, dans l'écriture de brëkfeuster, on a choisi la lettre ë pour le son "et", comme dans "Noël", et on a dû utiliser l'écriture "eu" pour le son dit "e muet", parce qu'ici, à cause des lettres voisines, une lettre "e" seule aboutirait à la lecture "brëkfëster !")
Cette gestion à la va-comm'e-j'te-pousse se retrouve partout. Des expressions comme "crème fouettée", "crème à la vanille", sont remplacées systématiquement par des expressions qui ne veulent rien dire: "la chantilly", "la crème anglaise". Dans certains menus de restaurants, on ne sait plus quoi inventer pour ne pas être compris.
D - Les "politiques" et le sexe des anges
Un homme politique peut être une femme. Pour la manière de la désigner, ça nous vaut déjà mille élucubrations sur le sexe des anges, façon de parler, parce que la différence est fondée sur un sexe qui n'a aucune raison d'être celui d'un ange.
Si vous pensez alors que la bonne manière de dire consiste à utiliser le seul et même mot "politicien", pour les femmes comme pour les hommes, détrompez-vous !
En raison de l'immaturité politique française, le mot "politicien" a pris, quand il est utilisé comme adjectif, un sens péjoratif passablement gênant. Pour cette raison, pour dire "un homme politique", nos apprentis virtuoses de la langue française n'utilisent plus l'expression "un politicien", mais "un politique".
De cette manière, le nom "politique" veut donc dire, quand il est masculin, "un homme politique", ce qui peut être en fait une femme politique. Mais, quand il est féminin, il peut soit avoir son sens traditionnel de "activité politique", soit désigner une femme appartenant à l'ensemble des hommes politiques.
Décidément, pour aller contredire le site belge intitulé: "français, langue idiote!", il vaut mieux ne pas s'aventurer avec cet exemple là. Avec un tel cafouillage, il faudrait s'attendre à ce que même les hommes polis tiquent.
Et, pour les perspectives que ça nous promet, n'ayons pas peur des maux ! Les Vaillants Défenseurs de l'Orthographe n'en sont pas à une débâcle près.
Dans Constantinople assiégée par les turcs, ça polémiquait très fort sur le sexe des anges. A quelques lieues du Waterloo que la francophonie est en train de se prendre en Belgique, que fait-on?
E - Et si on se faisait une votation pour adopter "septante", "nonante" ?
Un instituteur se désolait pour un élève qui n'avait jamais réussi à compter au delà de soixante-dix.
Si vous composez un numéro de téléphone à six chiffres où interviennent des "septante", et des "nonante", vous pouvez le faire de mémoire en une seule fois, sans avoir à faire une lecture intermédiaire de vérification. Si, au contraire, vous composez le même numéro en utilisant les "soixante-dix", "quatre-vingt-dix", vous êtes obligé de faire une lecture intermédiaire.
Les expressions "soixante-dix", "quatre-vingt dix" sont également sources de confusion lorsque l'on dicte des nombres pour les écrire.
Mais, naturellement, les gens géniaux ne semblent pas avoir ces problèmes-là, ils sont proches du "génie" de la langue française.
Gros avantage pour les Suisses: on ne leur demande pas d'être géniaux.
F - Gestion immature des sons et des lettres
Les constituants élémentaires d'une langue, ce sont les lettres pour sa forme écrite et les sons pour sa forme orale.
Nos Vaillants Défenseurs de l'Orthographe révèlent un niveau zéro d'observation pour ce qui concerne les sons, les lettres, et la correspondance entre les lettres et les sons.
Il en résulte, dans l'opération Ortograf, un problème pour argumenter, dû au fait qu'il faut s'entretenir avec des gens qui ne savent pas de quoi on parle.
1°) Une norme de prononciation pour ceux qui n'y croient pas
Selon nos Vaillants Défenseurs de l'Orthographe, il n'existe pas de langue française parlée normale. Une quelconque codification dans ce sens serait une atteinte sacrilège à la très chouette diversité des accents régionaux.
Ils sont immédiatement contredits par le fait que leurs propres gourous ont eux-mêmes défini une norme de prononciation.
Il est vrai que ceux-ci n'ont explicité ni la raison, ni le sens de leur démarche.
Une écriture phonétique du français était devenue indispensable à cause de la place de plus en plus grande prise par la forme écrite de la langue.
La prononciation correcte d'un mot ne nous donne pas son orthographe, l'orthographe correcte d'un mot découvert à l'occasion d'une lecture ne nous donne pas non plus sa prononciation. Il fallait donc se donner les moyens de faire savoir comment il se prononce.
2°) Les lettres les plus sordides que l'on puisse imaginer
En l'occurrence et comme par hasard, ceux qui nous imposent l'orthographe la plus bête du monde n'ont pas manqué de nous imposer également l'alphabet phonétique le plus affreux qui soit, c'est l'API ou alphabet phonétique international.
Avec l'API, sur la quarantaine de sons répertoriés comme étant les sons constitutifs normaux de notre langue, il n'y en a pas la moitié dont l'écriture soit conforme à nos habitudes.
Pour les très mauvais choix de lettres qui ont été faits, voir les documents suivants:
a) "Interdiction de l'API demandée pour nos écoles, lycées, collèges"
b) "Ecritures comparées API / AFF"
(Remarque: ce qualificatif "international" a permis à des voyous d'imposer aux touaregs ce même alphabet sordide, lorsqu'il s'est agi de mettre leur langue sous la forme écrite. Par contre, quand les chinois ont mis en place le pinyin pour faire connaitre la prononciation normale de leur langue aux occidentaux, ils ne risquaient pas d'utiliser l'API, ils ont pris tout simplement l'alphabet latin. C'est seulement quand la situation de faiblesse d'un peuple le permet qu'on en profite pour y faire de l'exploitation intellectuelle)
3°) L'écriture soi-disant phonétique ne l'est même pas
La norme de prononciation définie dans de telles conditions se devait d'être simpliste, elle l'est. L'inventaire des sons y est inexact.
En effet, le code utilisé fait la confusion et/è, et il confond également, derrière une même écriture, voyelles longues et voyelles brèves.
4°) La notion d'écriture phonétique du français a été méthodiquement diabolisée et ridiculisée: l'idée d'une correspondance "une lettre par son, un son par lettre" est un tabou.
La découverte du principe de l'écriture phonétique est certainement une des plus grandes découvertes de l'histoire de l'humanité.
C'est l'alphabet grec qui en a été la première concrétisation, une douzaine de siècles avant notre ère. Cinq siècles plus tard, les latins adoptaient le même principe en se créant leur propre alphabet, de manière à pouvoir écrire chaque son de leur propre langue en s'en tenant toujours au même principe: "une lettre par son, un son par lettre"
Pour que l'idée d'une éventuelle écriture phonétique du français devienne totalement inconcevable, on a utilisé les techniques de manipulation suivantes:
a) Un tabou bien gardé sur l'histoire de notre alphabet
Nos collégiens harcelés par le nécessaire apprentissage du Bled ou du Bescherelle pourront-ils jamais avoir la moindre information sur l'histoire de l'introduction des lettres j, u, w, x, y et z dans notre alphabet? sur celle de l'introduction de la cédille, du tréma, et des accents?
Pour que l'idée d'écriture d'une évolution de l'alphabet au cours de l'histoire ne puisse pas effleurer le public, on prend soin de dire: "les grecs ont inventé "l'alphabet"", et non pas "les grecs ont inventé "le principe de l'écriture phonétique".
b) Recours à la terreur pour diaboliser et ridiculiser toute écriture qui se rapproche peu ou prou de l'écriture phonétique
Toutes les absurdités de l'orthographe ont été soigneusement cachées au public. Parallèlement, le fameux couperet du "Cinq fautes, zéro" à la dictée du certificat d'études et l'humiliation du bonnet d'âne étaient des menaces banales pour exorciser les écritures involontairement intelligentes.
c) Organisation de dictées spectacles et autres championnats d'orthographe, pour sacraliser la norme
Voir par exemple les mini-tracts intitulés:
- "Dictée miraculeuse dans une école laïque"
- "Napoléon III a aimé l'orthographe"
- "Un concours du meilleur charlatan pourrait terminer la journée nationale de l'orthographe"
- "Tournois d'orthographe 2009: des pères Noël voyous montreurs de marionnettes".
- Voir aussi l'article de quatre pages intitulé: "Comment la dictée de Pivot a fabriqué nos voyous".
d) On a fait croire aux français qu'une écriture phonétique appauvrirait la langue
De toute évidence, l'écriture phonétique rigoureuse d'un message contient exactement autant d'information que le même message sous sa forme orale, et ne peut donc absolument pas constituer un appauvrissement de la langue.
Mais, dans la mesure où cette justification de l'écriture phonétique est un tabou, toute tentative de réforme de l'orthographe est irrémédiablement vouée à l'échec...
- Pour introduire dans l'esprit des gens une confusion entre écriture phonétique et laideur, on a vu que, pour l'écriture phonétique dont on a parlé ci-dessus, le choix des lettres a été le plus sordide possible, et que, de surcroit, l'écriture en question n'est même pas rigoureusement phonétique.
- De son côté, André Chervel, spécialiste de la question, a profité jadis de la correspondance rigoureuse entre les lettres et les sons donnée par une écriture phonétique, pour laisser entendre que l'adoption d'une orthographe phonétique se réduirait à une "suppression" de l'orthographe. Idée sous-jacente: l'écriture phonétique, c'est le néant !
- Voir aussi le tract intitulé: "Le chénie te la manibulazion: gonèzé-vous?" Il analyse un texte animé intitulé 'La langue unique", qui circule sur internet, et qui ridiculise l'idée de réforme.
Accessoirement, ce texte animé donne une première idée du calcul avec lequel on diabolise l'idée d'écriture phonétique.
- Ortograf-fr et Ortograf.net: ne pas confondre ! Un exemple particulièrement important d'écriture qui se veut phonétique, sans l'être, tout en l'étant, c'est celle du mouvement Ortograf.net du québécois Mario Périard.
Avec des lettres certes conformes à nos habitudes, le mouvement Ortograf.net arrive à faire encore pire que l'API en ce qui concerne l'inventaire des sons qu'il prend en compte. Par exemple, il confond "pomme" et "paume" derrière la même écriture "pom", alors que l'API garde tout de même deux écritures différentes..
Le code qu'il préconise est utilisé avec succès pour donner un minimum d'alphabétisation à des enfants autistes et trisomiques. Ainsi donc, le résultat réellement atteint par Mario Périard, c'est de faire croire au grand public qu'une écriture phonétique ne convient pas aux intelligences supérieures, telles que celles des Vaillants Défenseurs de l'Orthographe, ces éternels héros de toutes nos débâcles.
Pour conclure le plus largement sur cette manière immature d'aborder les lettres et les sons, on peut dire que la gestion à la godiche de la langue française se manifeste tout particulièrement au niveau des tentatives successives de réformer l'orthographe.
Voir le mini-tract intitulé: "Orthographe: la vieille voiture et les charlatans"
G - Bataille du franglais: "Aux fourches !"
Face à l'invasion du franglais, on retrouve la fameuse dualité qui caractérise la vie politique française, avec incapacité de trouver le compromis conforme à l'intérêt général.
L'invasion du franglais n'est certes pas toujours du meilleur goût. Mais la France intellectuelle profonde qui brandit ses fourches derrière Jacques Toubon et Philippe de Saint Robert ne fait surement pas mieux.
La réponse du bon sens nous est donnée par des gens qui observent les choses depuis l'extérieur de l'Hexagone.
"Je précise que mes étudiants ne comprennent vraiment pas qu'on veuille remplacer web par hypertoile..." Fernando Martinho, Université d'Aveiro (Portugal)
"Nous les allemands avons adopté le mot américain "computer". Pourquoi vos décideurs se sont-ils cru malins de faire cocorico en inventant le mot "ordinateur"?. Vous êtes les seuls à l'utiliser, et chaque français doit apprendre deux noms là où tous les autres peuples du monde n'en apprennent qu'un". Holger Heiler (Mühlacker).
Le mot "ordinateur" est maintenant entré dans les usages. Pour un mot d'usage très fréquent il est un peu long et il pourrait judicieusement être abrégé en devenant "ordi", un nom qui comporte encore quatre sons, et qui ne prête à aucune confusion.
Mais par ailleurs, avec la loi Toubon, toute une batterie de mots français a dû être inventée pour remplacer des mots anglais, et elle a ensuite été imposée dans les textes à caractère officiel tels que les brevets d'invention.
Ces textes sont peu nombreux, alors que les documents pratiqués quotidiennement par les spécialistes sont très majoritairement en anglais. Quand il leur arrive de lire quelque document officiel, ceux-ci découvrent alors toute une batterie de mots français qui n'apparaissent que là. Heureusement, pour la clarté du texte, ces mots sont accompagnés de leur traduction en anglais , mise entre parenthèses.
Ca fait penser à une émission à la télé où, au milieu d'un groupe d'enfants, le bon Philippe de Saint Robert inventait le mot "sabadomi", pour remplacer le mot week end.
On peut faire très modestement quelques suggestions:
Pour chaque mot nouveau adopté, le bon usage exigerait le protocole suivant:
- explication correcte du sens de ce mot, de son origine et de son étymologie, dans les articles qui l'utilisent
- indication de sa forme orale s'il apparait sous sa forme écrite, ou inversement de son orthographe s'il apparait sous la forme orale
- une bonne écriture phonétique du français devrait permettre d'écrire phonétiquement chaque mot nouveau adopté, en se calant soit sur sa prononciation d'origine, soit sur son orthographe d'origine.
Voir par exemple les écritures de "Gaston" et de "Dalton" dans le tract intitulé: "Utilisez l'écriture alfograf avec vos enfants"
H - Conclusion
Par les conséquences qu'il a sur la manière de penser, de raisonner, de communiquer, l'outil linguistique est d'une importance primordiale pour la vitalité d'un pays.
Ceux qui présentent le déclin de la langue française comme conséquence de la baisse du rayonnement de la France inversent tout simplement les causes et les effets.
Voir par exemple les tracts intitulés
a) " La langue française, cause de notre déclin"
b) "Un homme politique qui élude le problème de la réforme de l'orthographe ne peut être qu'un charlatan et un voyou".
Pour le problème central de l'orthographe, voir les conférences de Joseph Maire à Dijon: "L'orthographe est un cancer qui détruit notre jeunesse, notre école, notre langue, et notre avenir dans le monde"
Contrairement à un préjugé complaisamment répandu, l'indispensable réforme de l'orthographe peut être parfaitement confortable, sûre et efficace, moyennant une actualisation judicieuse de notre alphabet.
Voir le tract intitulé: "Ortograf-fr: la réforme impeccable.
Demandez l'exposé: "Orthographe: la réforme très facile"
Rappel: le présent document au format pdf sur 4 pages A4:
http://alrg.free.fr/ortograf/d665-910-4 ... -tract.pdf
Ortograf F-25500-Montlebon louis.rougnon-glasson@laposte.net tél: 03 81 67 43 64 sites: 1°) ortograf 2°) alfograf 3°) ortograf nouvelobs
doc 665 - 2009 - 10